| Esat Arist
C’est justement pour que les personnes handicapées soient en contact avec la société dans son ensemble que l’Arist, une association créée en 1980 en Isère, travaille différemment. L’Esat (établissement et service d’aide par le travail) qu’elle gère depuis 2007 propose ainsi des emplois en restauration, en entretien des espaces verts et, plus récemment, en maraîchage, sur une ferme urbaine créée en 2021 à Eybens, dans la périphérie de Grenoble. L’Esat a même une troupe de théâtre professionnelle qui propose des spectacles, les comédiens répétant leurs scènes deux jours par semaine, et occupant d’autres postes les trois autres jours.
La ferme urbaine d’Eybens s’étend sur 8 000 m2, au sein d’un parc de 8 hectares qui a été complètement remodelé ces dernières années, avec la création d’un potager partagé, d’une mare, d’un verger et d’un rucher aux côtés de jardins familiaux qui existaient déjà. Pascal Aspe, responsable des jardins du Centre Terre vivante, a d’ailleurs dessiné le réaménagement de cette zone naturelle, qui a aussi pour fonction de retenir l’eau en cas de crue majeure. La municipalité d’Eybens avait lancé un appel à projet pour une ferme urbaine fin 2018 et c’est l’association Arist qui a été retenue, le volet insertion de personnes handicapées ayant séduit la mairie.
| Esat Arist
La ferme cultive tous les légumes classiques, qui sont vendus en direct à la ferme. Pour les personnes handicapées, « le travail de la terre est un métier valorisant, parce qu’il est en lien avec le vivant et qu’il permet de voir le fruit de son travail, depuis le semis jusqu’à la vente au consommateur. Trop souvent, ces personnes sont assignées à des tâches répétitives dans des ateliers, » se réjouit Thomas Provent, chef de service à l’Esat.
La production alimente également l’auberge Napoléon, que l’Arist a racheté à Grenoble. Dans ce restaurant, les personnes handicapées travaillent en cuisine et font le service en salle, ce qui est rarissime. Une façon de leur redonner toute leur place, dans une société où elles sont souvent invisibilisées.
Marie Arnould