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Ces explications sont issues du livre Le nouveau régime méditerranéen : Protéger sa santé et la planète du Dr Michel De Lorgeril.
Les habitudes alimentaires des populations méditerranéennes sont intéressantes pour deux raisons principales : d’une part, la zone méditerranéenne est à la fois le berceau de la civilisation occidentale avec en particulier le développement des religions monothéistes, au croisement des influences asiatiques et européennes du nord et de l’ouest… D’autre part, l’espérance de vie dans la zone méditerranéenne est une des meilleures au monde. Ce qui signifie, pour des scientifiques travaillant sur la santé, que leur manière de se nourrir constitue une sorte de modèle à suivre. Cette longue espérance de vie associée à la conservation d’une excellente qualité de vie – car il ne suffit pas de vivre vieux, il faut aussi rester autonome et avoir une vie agréable, riche socialement et pleine de sens – s’explique en grande partie par une faible fréquence de maladies qui ailleurs peuvent décimer les populations ou les handicaper sévèrement : les maladies cardiovasculaires, les cancers, le diabète et l’obésité, les maladies inflammatoires chroniques (des os, des articulations, des systèmes digestif et neurologique) et les maladies neurologiques dégénératives du vieillissement comme la maladie d’Alzheimer. En ce sens, les Méditerranéens et les Asiatiques (notamment les Japonais, et encore plus ceux d’Okinawa) sont très proches.
Nul ne conteste que les populations méditerranéennes, pourvu qu’elles conservent leurs habitudes alimentaires traditionnelles, sont relativement protégées contre ces maladies. À contrario, – malheureusement, c’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui dans certaines parties du bassin méditerranéen – quand ces populations se mettent à oublier ou à négliger leurs habitudes alimentaires traditionnelles, elles développent très rapidement ces maladies, avec parfois une sévérité qui dépasse celle observée dans d’autres zones. Un bon exemple très contemporain est celui de l’obésité et du diabète de l’enfant et de l’adolescent, qui se développent de façon très inquiétante dans certaines régions méditerranéennes, notamment en Grèce et dans le sud de l’Italie. Un autre exemple est celui des maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral) dont la fréquence augmente rapidement dans les pays d’Afrique du Nord, malgré un usage toujours croissant (et tragique) de médicaments anticholestérol.
Une leçon primordiale de ces faits épidémiologiques et sociétaux, c’est que ces populations méditerranéennes n’étaient pas protégées par leur génome – ou quelque facteur héréditaire – mais par leur mode de vie.
Faire le chemin inverse, c’est-à-dire retrouver (ou trouver enfin pour les non-Méditerranéens) un mode de vie protecteur est selon nous la bonne solution ; ce doit être la pierre angulaire de toute médecine préventive moderne et adaptée à son temps.
Une alimentation diversifiée et variée de type méditerranéen traditionnel est la garantie d’une bonne santé. On peut (ou parfois, on doit) adapter ce modèle aux conditions modernes d’existence. C’est un modèle riche en plantes : légumes, légumineuses, céréales, fruits frais et fruits à coque. Les aliments de base doivent être simples, de qualité et non dénaturés, le moins possible transformés par des procédés industriels et le plus possible bio !
C’est une cuisine simple, hautement gastronomique, riche en herbes aromatiques, toute de plaisir et de sociabilité. Que l’on mange ou que l’on boive, on se nourrit pleinement et sainement ! Il faut cuisiner soi-même avec des modes de cuisson qui préservent les aliments, en évitant les fritures à haute température.
On sélectionne les huiles d’olive et de colza (dans sa version modernisée) pour l’assaisonnement, la préparation et la cuisson des mets de tous les jours.
Les plats traiteurs du commerce, les conserves et surgelés cuisinés qui ne renferment pas les ingrédients méditerranéens de base doivent être évités, tout comme les aliments trop gras, trop sucrés et trop salés, aussi bien les viennoiseries, barres de céréales chocolatées, sodas, biscuits salés, chips et crackers. Ces derniers sont riches en calories, mais vides des com- posés bioactifs qui protègent notre santé et maintiennent notre vitalité : ce sont trop souvent des calories vides !
Manger et boire doivent redevenir des façons de se nourrir avec plaisir et en protégeant à la fois notre santé, celle de notre famille et celle de la planète.
Dr Michel De Lorgeril