J. Tacussel | Terre vivante
Depuis le n°246 (janvier-février 2021), nous expérimentions l’envoi à découvert des 4 saisons, qui permettait de se passer complètement d’emballage en imprimant l’adresse sur la 4e de couverture du magazine. Nous étions séduits par l’idée du 0 déchet : aucun emballage, c’est toujours mieux qu’un emballage, même le plus écologique possible. Le meilleur déchet, c’est toujours celui qu’on n’a pas eu à fabriquer !
Mais… nous n’avons pas été convaincus. Même si la grande majorité des abonnés le recevaient en bon état, il y avait trop de cas de lecteurs le recevant abîmé. Les boîtes aux lettres sont parfois exposées aux intempéries, les numéros étaient parfois déchirés durant le transport postal… Même ceux qui le recevaient en général en bon état constataient une détérioration sur certains numéros. L’aléa devenait trop persistant, et les plaintes récurrentes, ce qui occasionnait une surcharge de travail pour notre service commercial.
Nous avons donc choisi d’emballer le magazine dans un papier thermoscellant, à base de fibres de cellulose certifiées FSC (la certification la plus exigeante en matière d’exploitation de la forêt). Pour qu’il puisse être soudé à chaud pour fermer l’emballage, il est enduit sur une de ses faces d’une très fine couche de colle acrylique, qui contient des particules de plastique. Il faut savoir que tous les produits qui contiennent de la colle sont handicapants pour le recyclage, mais ce papier thermoscellant (appelé aussi “glassine”) a passé tous les tests de recyclabilité mis en place par le Centre technique du papier (CTP). Cet emballage a donc été jugé “pulpable” et recyclable à 100 %, et il est conforme à la réglementation puisqu’il a été validé par Citeo, l’agence d’État chargée de mettre en œuvre les solutions de réduction, de tri et de recyclage des emballages.
Ce papier est également léger (25 g/m2), ce qui permet une utilisation la plus économe possible de pâte à papier, tout en présentant des garanties de solidité.
Pourquoi ne pas voir choisi cette solution dès le début, comme d’autres éditeurs ?
Les premières “glassines” ou papiers thermoscellants proposés en 2021, lorsque la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire a prévu l’arrêt des emballages plastiques, ne nous avaient pas convaincus : certains comportaient jusqu’à 27% de polyéthylène (plastique). Nous étions dubitatifs quant à leur recyclabilité réelle. Et puis, en supprimant tout emballage, nous passions en “0 déchet”, ce qui est toujours la meilleure solution écologique.
Avec ou sans emballage… quelle est la solution la moins onéreuse ?
Bizarrement, l’envoi à découvert des 4 saisons était un peu plus cher lorsque nous avons pris la décision de l’adopter (+ 8% par rapport au film compostable que nous utilisions à l’époque). L’économie de l’emballage était annulée par l’impression d’une couverture spéciale pour les abonnés et autres coûts annexes. Selon les devis actuels, le coût de l’envoi des 4 saisons avec l’emballage thermoscellant est légèrement inférieur à l’envoi à découvert.
Le passage à cet emballage thermoscellant est-il définitif ?
Nous restons attentifs aux évolutions. L’idéal serait que la colle utilisée pour la thermosoudure soit moins impactante. Des pistes techniques sont à l’étude comme la résine de bois ou bien encore le fait d’enduire uniquement la petite surface où il y a la soudure de fermeture de l’emballage papier. Notre service fabrication reste vigilant sur ces questions, afin d’adopter les meilleures solutions écologiques dès qu’elles sont disponibles.
Pourquoi ne pas repasser à une enveloppe en papier kraft ?
Une ACV (analyse de cycle de vie) qu’avait faite l’ingénieure Sandrine Cabrit-Leclerc en 2011 avec financement de l’Ademe, et confirmée par une étude du WWF Allemagne pour l’envoi de son magazine à ses adhérents, avait montré que l’enveloppe papier avait un impact plus important sur l’environnement qu’un film plastique. Principalement à cause de son poids : l’enveloppe en papier kraft était 4 à 5 fois plus lourde que l’enveloppe PEHD. Or le poids, c’est plus de matériau à extraire, à transformer, à transporter, donc un écobilan plus important. Une enveloppe kraft serait beaucoup plus lourde qu’une glassine.