La réponse de la rédaction
Le fait d’avoir évacué les pierres et de laisser cette plaie à l’air est primordial.
Tant que votre chêne ne donne pas de signe de faiblesse et conserve un feuillage sain, vous n’avez pas à vous inquiéter. Les chênes perdent régulièrement des branches et savent parfaitement combattre les intrusions avec le tanin qu’ils produisent.
Quand un arbre est attaqué par des insectes xylophages ou des champignons, il a des mécanismes très efficaces de compartimentation : il met en place tout autour de la zone attaquée des barrières de protection infranchissables, qui empêchent le ravageur ou le champignon de se propager. Donc l’arbre semble avoir une grosse blessure, mais il est possible qu’il ait très bien contenu l’attaque pour la limiter à cette zone seulement. La progression du ravageur à l’intérieur n’est pas du tout inéluctable, d’autant que le bois du cœur du chêne est extrêmement dur et difficile à attaquer.
M. Tharan |
Si des insectes xylophages se sont introduits dans son bois, il y a peu de chance qu’ils menacent directement la vie de l’arbre. C’est dans la partie périphérique de l’arbre, derrière l’écorce, que la sève circule ; donc si la “plaie” n’est que de 20 sur 25 cm, elle n’est pas très importante.
Cependant, ces insectes peuvent propager des maladies plus graves comme la maladie de l’encre, liée à un champignon redoutable. Il vaut mieux vous débarrasser des larves en les détruisant mécaniquement. Restez vigilants aux signes caractéristiques tels que le brunissement du bois du cœur et les suintements noirâtres sur l’écorce. Il n’existe pas de traitements curatifs mais, en aidant le chêne, il peut résister à la maladie.
Éric Petiot, dans son livre Les soins naturels aux arbres (éd. de Terran, 2015, 184 p., 18 €), propose des traitements à base de plantes pour tuer ou éloigner les larves, comme l’infusion de menthe poivrée, de tanaisie ou de sauge officinale ; on peut également mélanger les trois à raison de 12,5 g de plante sèche pour 1 l d’eau de pluie pour l’infusion, à diluer dans 5 l d’eau et injecter directement dans les trous des ravageurs.
Le mieux que vous puissiez faire est d’abord de curer le bois pourri, puis d’injecter l’infusion insecticide.
Éric Petiot préconise aussi d’aider l’arbre en amendant le sol, mais ceci uniquement à l’automne, hors des périodes de sécheresse, avec un apport de compost très décomposé (1 à 3 kg par m² en surface, sous le houppier de l’arbre). Pour plus d’efficacité et pour booster un arbre en difficulté, il préconise même de forer le sol avec une tarière sur 20 cm maximum et 4 cm de diamètre, pour apporter directement du lombricompost au niveau des racines, à raison de dix trous par mètre carré, sur la zone correspondant à un mètre de part et d’autre de la couronne de l’arbre.
Vous pourrez ensuite installer un paillage de broyat de bois pour protéger l’arbre des stress hydriques à venir (5 cm d’épaisseur minimum).
Dans un premier temps, je vous propose de vous débarrasser des insectes et d’observer. Les arbres sont assez résilients. Il sera temps de l’aider si vous constatez le développement de champignons. Nous avons aussi un vénérable chêne au moins centenaire au Centre Terre vivante, dont diverses branches mortes sont visitées et occupées par nombre d’insectes et d’oiseaux. Ce vieil arbre est un véritable écosystème à lui seul.
Justine Herman