Tigre du poirier : traitement bio et prévention

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Leur nom et leurs effets sur les feuilles de poiriers et pommiers sont impressionnants… mais les tigres du poirier ne sont heureusement que des parasites mineurs. Découvrez les traitements et préventions bio pour lutter contre.
Dessin de l'insecte

Symptômes et dégâts des tigres du poirier

Les feuilles de vos poiriers et pommiers se sont peu à peu décolorées et ont jauni au cours de l’été, comme sous l’effet de minuscules piqûres ? Le phénomène s’est généralisé et vous devenez, à juste titre, inquiet pour la santé de vos arbres ? Un coup d’œil sous les feuilles vous révélera qu’il s’agit d’un ravageur : le responsable est là, tapi dans l’ombre… un tigre ! Ou plutôt, des milliers de tigres, minuscules petits insectes ailés qui ponctionnent la sève circulant dans les feuilles et les souillent de leurs déjections. Ces dernières, ainsi que la fumagine1 qui se développe, finissent par obstruer les stomates des feuilles. Votre arbre avait la jaunisse, voilà qu’il perd prématurément ses feuilles ! Pas de panique, il s’en remettra.

Feuilles de pommier atteintes par le tigre du poirier

Les tigres du poirier s’attaquent aussi aux pommiers : les feuilles, dont la sève est ponctionnée par les minuscules insectes, se décolorent, avant de tomber prématurément.

 

Carte d’identité du Stephanitis piri

Contrairement à ce que leur nom et leurs dégâts apparents pourraient laisser croire, les tigres du poirier (Stephanitis piri) sont considérés comme des parasites mineurs. Ce sont de minuscules punaises (moins de 4 mm) de la famille des Tingidés, dont les ailes sont couvertes de curieux reliefs qui évoquent la dentelle (on les appelle parfois “punaises dentellières”). Si les conditions leur sont favorables, l’attaque des tigres peut devenir massive et aboutir à une défoliation totale en fin d’été, qui affaiblit l’arbre, sans toutefois avoir de conséquences graves.

Dessin d'un tigre du poirier

La famille des Tingidés comprend d’autres tigres spécifiques : ceux du rhododendron, de l’amandier ou du chêne, et surtout celui du platane, arrivé d’Amérique du Nord en 1964, que l’on soupçonne d’être le vecteur de deux champignons pathogènes très dangereux pour cet arbre : le chancre coloré et l’anthracnose du platane.

 

Mode et cycle de vie du tigre du poirier

Inféodé au poirier et au pommier, Stephanitis piri peut également attaquer l’aubépine et le châtaignier. Il passe l’hiver dans des anfractuo­sités du tronc ou sous des amas de feuilles sèches. À la reprise de la végétation, ces insectes piqueurs suceurs gagnent la face inférieure des feuilles et commencent à se nourrir des liquides intracellulaires du limbe2. Leur cycle de développement compte trois générations. La première est pondue en mai, dans les tissus de la feuille, le long de la nervure principale. Les larves se nourrissent comme les adultes et atteignent la maturité en une vingtaine de jours. La seconde génération se développe en juin juillet et la troisième en août septembre, période où les dégâts atteignent leur apogée.

  1. Fumagine : champignon qui se développe sur le miellat déposé par certains insectes sur les végétaux. Il forme des dépôts noirs charbonneux sur le feuillage qui perturbent la photosynthèse.
  2. Limbe : partie plate et élargie de la feuille.

 

Techniques de lutte naturelles

  • Les hivers froids et humides réduisent la survie des tigres hivernants. Ils détestent l’humidité ! Vous pouvez doucher votre poirier mais vous risquez de développer des maladies cryptogamiques comme la travelure. Mieux vaut appliquer du purin d’ortie ou de la décoction de prêle qui vont certes, mouiller le sujet, mais aussi renforcer le poirier contre les maladies.
  • Ils sont également la proie d’autres petites punaises, en particulier d’une punaise miride (Stethoconus cyrtopeltis), la grande famille des Mirides comportant nombre d’auxiliaires polyphages, dont certains sont utilisés en lutte biologique par les professionnels contre aleurodes, pucerons et acariens.

Même si le tigre est considéré comme un parasite mineur, ne laissez pas pour autant d’importantes populations s’installer dans votre verger et affaiblir vos arbres sans réagir.

  • Le badigeonnage à base de chaux des troncs à l’automne est une bonne mesure préventive. Le chaulage permet de supprimer les champignons et les larves de nombreux nuisibles qui viennent se cacher sous l’écorce des arbres. Ce réflexe préventif évite que ces parasites se développent une fois le printemps arrivé.
  • Si vous avez constaté des dégâts importants l’an passé, traitez avec un insecticide végétal à base de pyrèthre dès les premiers symptômes, en prenant soin de bien pulvériser sous les feuilles.

 

 

Reconnaître les principales maladies du poirier

Le poirier fait partie des arbres les plus touchés par des maladies. Voici les principales maladies cryptogamiques et leurs effets :

  • rouille grillagée : taches orangées au centre des feuilles qui se multiplient. Puis, se développent des formes coniques brunes avec des filaments gris au revers ;
  • feu bactérien : cette bactérie pénètre dans l’organisme du poirier et affecte les feuilles, les fruits, les rameaux, puis le tronc et les racines. Ils se dessèchent et les jeunes rameaux s’enroulent ;
  • entomosporiose : les jeunes feuilles sont atteintes par des taches brunes-rouges et ronde, alors que les vieilles feuilles ont des taches plus foncées, avec un cœur gris ponctué de petits points noirs. Des petites croûtes noires finissent par se développer sur les pétioles, les jeunes rameaux et les fruits ;
  • travelure : des taches rondes noires crevassées sur les fruits sont caractéristiques de la travelure ;
  • pourridié : Des parties de l’arbre sèchent et meurent, le développement est très limité. In fine, c’est le sujet entier qui dépérit à cause de cette maladie qui touche les racines !

 

Antoine Bosse-Platière