Achillée millefeuille
V. Quéant |
Les papillons sont des êtres mobiles et libres par essence, et rien ne peut garantir leur présence au jardin, tant les facteurs climatiques et environnementaux influent de façon complexe. Avant de se lancer, il est important d’identifier les besoins de ces maîtres de la métamorphose. Les papillons adultes ont besoin, pour pondre leurs œufs, de trouver les plantes adéquates : elles serviront de nourriture aux chenilles dès l’éclosion. Après la transformation de la chenille en chrysalide apparaît le papillon adulte, l’imago, qui a besoin de se nourrir et puise le nectar des fleurs grâce à une trompe. La forme des fleurs a une grande importance : elle doit être adaptée à la forme de cette dernière. Le choix des essences à cultiver passe forcément par le filtre de ces connaissances. Les sept végétaux présentés ici ont maintes fois prouvé leur pouvoir d’attraction sur les papillons. Pour en ajouter d’autres dans son jardin, il est judicieux d’observer les plantes des jardins et des espaces sauvages alentour !
Au printemps
Monnaie‑du‑pape (Lunaria annua)
Monnaie‑du‑pape
V. Quéant |
Haute de 80 cm, cette bisannuelle fleurit abondamment d’avril à fin juin. Ses fleurs attirent de nombreux papillons, dont le gazé, l’aurore et le moro‑sphinx. À semer en place
à la fin de l’été, à mi‑ombre, dans un sol bien drainé. Maintenir le sol humide jusqu’à la germination.
Crocus printanier (Crocus vernus)
Crocus printanier
F. Lamontagne |
Le nectar des crocus, qui fleurissent dès mars, nourrit différentes espèces de papillons au réveil printanier comme le paon‑du‑jour, la petite tortue, le citron… Planter les bulbes par groupe de trois ou cinq, entre septembre et décembre, à 8 cm de profondeur. Choisir un sol frais, bien drainé et une exposition ensoleillée. Après floraison, on les laisse en place : d’année en année, les petits groupes s’étoffent.
En été
Achillée millefeuille (Achillea millefolium)
Achillée millefeuille
V. Quéant |
Cette vivace rustique et ornementale de 50 cm de haut fleurit en corymbes (blanches, jaunes ou rouge rosé) de juin à septembre. Elle se multiplie facilement par division, à l’automne ou au printemps, puis se plante en tout type de sol, au soleil. Il est possible d’y observer, entre autres, le magnifique demi‑deuil ou la thècle de l’amarel, l’argus bleu, le cuivré commun. L’achillée millefeuille fait aussi office de plante‑hôte pour certaines espèces de chenilles, comme celles de l’écaille pourprée et de l’émeraude.
Buddleia de David ‘Argus Velvet’ (Buddleja davidii)
Buddleia de David
F. Lamontagne |
Le buddleia, surnommé “arbre à papillons”, a longtemps été préconisé pour attirer les lépidoptères. Lors de sa profuse floraison violette, de juin à octobre, il reçoit la visite du machaon, du petit mars changeant, de l’apollon, du paon‑du‑jour, du sylvain azuré et de tant d’autres ! Cependant sa présence est désormais controversée, pour deux raisons : d’une part, il est invasif, car c’est une plante pionnière qui est capable de se développer sur des terres de remblai ou autres terres pauvres – dans ce type de milieu, il se répand rapidement. Dans un jardin, il est en général bien surveillé par le jardinier. Pour pallier le risque de propagation, mieux vaut choisir des variétés stériles, telle ‘Argus Velvet’, qui a aussi pour avantage de rester de petite taille (2 m de haut pour 1,50 m de large) et d’être donc adaptable aux petits jardins. D’autre part, les naturalistes pointent que le buddleia produit un nectar pauvre en sucre, avec un effet déceptif pour les papillons, qui n’auraient pas grand intérêt à le butiner. L’arbre à papillons, une fausse-bonne idée ?
Verveine de Buenos Aires (Verbena bonariensis)
Verveine de Buenos Aires
T. Alamy |
Gracieuse vivace atteignant 1,20 m de haut, elle offre sa floraison d’un violet lumineux de la fin du printemps au début de l’automne. Elle ne vit pas très longtemps mais, heureusement, se ressème facilement. Si elle apprécie tout type de sol, elle a grand besoin de soleil. Son nectar attire des papillons très différents. Parmi eux, le Robert‑le‑diable, le flambé, le machaon, la belle‑dame, le paon‑du‑jour…
En automne
Aster de Nouvelle‑Angleterre (Symphyotrichum novae‑angliae)
Aster de Nouvelle‑Angleterre
T. Alamy |
La variété ‘Andenken an Alma Pötschke’ s’épanouit en fleurs couleur framboise, à cœur jaune. Très résistante à l’humidité, c’est une vivace qui reste belle de mi‑septembre à début novembre. Trois plants par mètre carré sont installés – tôt au printemps ou à l’automne – dans un sol argileux et frais. Selon Brigitte Lapouge et Gilles Clément, auteurs de l’ouvrage Plantes envahissantes, pionnières ou simplement expansives ?, « Les hybrides d’aster novae-angliae ne présentent pas de populations à risques et ne drageonnent pas partout. Ils se ressèment un peu dans le jardin : ces nouveaux pieds sont à conserver ou à arracher selon leur intérêt. » Ses massifs de plus d’un mètre de haut régalent entre autres le paon‑du‑jour, le citron, l’écaille chinée ou encore l’argus bleu.
En hiver
Mahonia du Japon (Mahonia japonica)
Mahonia du Japon
T. Alamy |
Rustique jusqu’à -15 °C, ce petit arbuste persistant offre une floraison hivernale parfumée, d’un jaune lumineux, parfois dès décembre et jusqu’en mars. Planté hors période de gel ou de canicule, à l’ombre d’un feuillu par exemple, dans un sol humifère et frais, légèrement acide, il s’y développera parfaitement – lentement, certes, mais pour longtemps. Les tircis comme les vulcains égarés s’y restaurent lors de douces et ensoleillées journées d’hiver.
Perrine Dupont
Réussir ses floraisons
Si rien n’est joué d’avance, des éléments clés sont à retenir pour attirer le maximum de papillons : assurer des floraisons en continu de mars à octobre ; privilégier des fleurs simples, proches des variétés sauvages, aux couleurs vives et dont le nectar est accessible par les trompes des papillons ; cultiver à l’abri du vent pour favoriser un microclimat et faciliter l’accès au nectar ; créer des lieux pour l’hibernation des adultes (laisser le lierre sur les arbres, par exemple) ; réserver une surface pour les plantes sauvages qui serviront de plantes-hôtes aux chenilles ; ne pas oublier l’ortie, où pondent le vulcain, la petite tortue, le Robert‑le‑diable, le paon‑du‑jour, la belle‑dame ; éviter les floraisons de courte durée et simultanées ; couper les fleurs fanées régulièrement, pour faire durer les floraisons.