La réponse des 4 saisons
J’entendais il y a quelques temps Francis Hallé, grand spécialiste des arbres, dire aux élus et responsables des espaces verts lors d’une conférence à Metz (août 2019, accessible ici) : « Si vous voulez rendre un arbre dangereux, taillez-le ! »
En effet, il expliquait qu’à chaque branche correspond une racine et qu’en en ôtant une on tuait la racine associée. Il en résulte un affaiblissement, des maladies (champignons, bactéries, virus), des infestations de parasites et/ou de prédateurs divers… et le risque que des branches, ainsi fragilisées, cassent et tombent. Cela pour dire qu’il y a bien moins de risques avec vos robiniers non taillés que si vous les tailliez (ou faisiez tailler).
Si jamais leur taille devenez indispensable, par exemple pour cause de proximité d’un bâtiment ou pour question de voisinage* (branches dépassant chez le voisin ou la voisine…), il convient de tailler les branches concernées lorsque les feuilles auront fini de pousser (autour d’août, hors période de sécheresse) : l’arbre aura achevé sa croissance de l’année et pourra se consacrer à la synthèse de substances de défense (phénols, terpènes…) et de réserve. En hiver, il n’y a pas de feuilles et la sève ne circulant pas, elle ne peut pas transporter ces molécules permettant de refermer rapidement la plaie de coupe et de la rendre imputrescible et immangeable.
Par ailleurs, il faudra veiller à respecter la ride et le col de la branche pour permettre cette « cicatrisation ». Je vous recommande le formidable livre d’Éric Petiot Les soins naturels aux arbres (éd. de Terran), pour comprendre ces dernières informations.
NB, pour que nous employions la même langue (de bois ?) : par « taille », j’entends « couper une ou des branches », autrement dit élagage. S’il est question dans votre demande de couper le tronc, je parlerais alors d’abattage.
* Arbre et voisinage : d’une manière générale, et sauf règlements locaux, municipaux ou intercommunaux, chaque propriétaire a l’obligation de se conformer à la réglementation concernant les arbres en limite séparative de propriété :
- si la hauteur de plantation est inférieure ou égale à 2 m, la distance minimale à respecter est de 0,5 m ;
- si la hauteur de la plantation est supérieure à 2 m, la distance minimum à respecter en limite de propriété est de 2 m ;
- si la croissance escomptée de l’arbre est de 3 m, il devra être planté à une distance de 3 m de la limite séparative, pour un arbre de 4 m, planter à 4 m de la limite séparative etc.
En complément de cette réglementation, d’autres arrêtés municipaux ou préfectoraux ainsi que certains usages locaux (cas particuliers des terres agricoles, arbres classés, etc.) peuvent exister, il convient alors de se renseigner en mairie de son lieu d’habitation. https://elagage.ooreka.fr/astuce/voir/354304/hauteur-d-un-arbre
Enfin, pour ce qui est du drageonnage des robiniers, voyez ce que Gilles Clément et Brigitte Lapouge-Déjean préconisent dans leur livre Plantes envahissantes pionnières ou simplement expansives ? (Terre vivante).
Extrait :