Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à l’écologie en général et aux thématiques que vous traitez en particulier ?
J’ai croisé mon premier doryphore en 1989, dans le jardin où j’ai fait mes premiers pas, dans un petit village du Gers. J’étais déjà acquis aux principes du jardinage bio, par conviction. Conviction née dans les années 70 : alors adolescent, en cette période où les luttes écologiques battaient leur plein (notamment contre le nucléaire), je voulais apporter ma pierre à l’édifice en montrant que des solutions alternatives existaient et qu’elles étaient pertinentes. D’où d’abord des études d’ingénieur à Paris, puis une thèse sur le biogaz à Toulouse. C’est là que le virus m’a pris, avec le désir de toucher la terre et de mettre en pratique ces fameuses solutions. Ont suivi quelques années de périples, de vie communautaire (l’Arche de Lanza del Vasto), une formation agricole… et ce premier jardin.
Je suis arrivé dans le Trièves, avec ma famille, en 1994. Ma femme et moi avons créé notre ferme (1 ha dédié aux légumes et aux fleurs, quelques poules aussi). J’ai rejoint dans le même temps l’équipe de Terre vivante, au sein de la revue des Quatre saisons. J’y ai vécu une expérience professionnelle passionnante ! Fin 2009, j’ai fait le choix de me consacrer à 100% à notre ferme maraîchère ; nous avons diversifié nos activités, tout particulièrement en transformant une partie de nos productions (choucroute, pâtés végétaux, …).
Mais la passion de l’écriture est restée chevillée au corps, et se réalise principalement par l’écriture de livres dédiés au jardinage.
Comment s’articule votre vie d’écrivain avec votre vie tout court ? Pour chacun des livres écrits à Terre vivante, quelle a été votre motivation pour le sujet ?
Curieux de tempérament, j’aime aller à la rencontre des gens. Depuis 15 ans, j’ai rencontré de nombreux jardiniers, travaillant dans le respect de la nature : tous ont des savoir-faire à partager. De par ma formation scientifique, je m’intéresse aussi tout naturellement au monde de la recherche appliquée : de plus en plus de chercheurs travaillent dans le domaine de l’écologie, et il y a matière à approfondir nos connaissances et nos pratiques, y compris dans le domaine du jardinage. C’est ce que j’essaie de faire, par le biais de l’écriture.
- « Jardiner bio c’est facile » et « Jardins écologiques d’aujourd’hui » furent des expériences collectives très riches.
- « L’ABC du rucher bio » m’a permis d’aller à la rencontre des apiculteurs et du monde fascinant des abeilles : le jardinage bio n’est pas très loin, puisque sans abeilles, pas de pollinisation, dont dépendent tant de plantes. Il faut donc veiller à les protéger et à les accueillir par des pratiques appropriées. Ce sont le message et les conseils que je transmets dans ce livre.
- Avec « Une bonne terre pour un beau jardin », écrit avec Blaise Leclerc, nous nous sommes intéressés à un autre des fondamentaux du jardinage (et de l’agriculture) : le jardinier ne peut rien sans un sol fertile, un sol vivant… Comme les autres livres auxquels j’ai participé, celui-ci est le fruit de l’expérience et du savoir-faire de nombreux jardiniers, et nous donnons la parole à certains d’entre eux.
- « Le guide du potager bio en montagne », coécrit avec Yves Perrin est une suite logique, étant donnée notre situation en altitude, à près de 800 mètres. Comme les autres livres auxquels j’ai participé, celui-ci est le fruit de l’expérience et du savoir-faire de nombreux jardiniers, et nous donnons la parole à certains d’entre eux.
- Avec « Plantez votre haie naturelle », Yves et moi avons poursuivi notre collaboration. Personnellement, j’ai toujours planté des arbres là où je me suis posé, même pour peu de temps. Planter une haie joint l’agréable à l’utile, quelle que soit la taille d’un jardin !
Que ce soit dans les gestes quotidiens de votre vie professionnelle ou de votre vie personnelle, pouvez-vous nous donner quelques exemples de ce que vous faites en matière d’écologie ?
Nous commercialisons nos produits au plus proche, sur le Trièves, de façon individuelle, sur le marché de Mens, et de manière collective, avec le Biau Panier, qui regroupe aujourd’hui une vingtaine de producteurs de la région.
Notre ferme, de conception bioclimatique, est construite en bois et en chanvre (le poulailler est en paille) ; elle est équipée d’un chauffe-eau solaire, et nous sommes très attentifs à maîtriser la consommation d’électricité (consommation domestique de moins de 4 kwh par jour, tout en étant bien équipé). La consommation de bois, pour le chauffage, est minime (4 à 5 stères par an) : le soleil est un atout précieux même en hiver !
Ah oui, depuis un an, nous avons troqué la chasse d’eau pour des toilettes sèches !