Tableau périodique des éléments.
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Depuis 1987, le radon est reconnu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme cancérigène pulmonaire certain pour l’homme. Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), on peut évaluer le risque en France à environ 2 000 décès par an.
Zones à risque
Depuis 1992, les pouvoirs publics ont engagé une campagne de mesures sur l’ensemble du territoire français. À ce jour, plus de 12 000 mesures ont été effectuées, ce qui a permis d’établir une carte des concentrations moyennes par département.
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Les régions cristallines montrent les plus fortes concentrations, ainsi que les zones proches des sites d’extraction de l’uranium (en France, environ 200 mines ont été exploitées sur 25 départements). Pour Julien Syren, responsable du service radon à la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité), « les moyennes départementales peuvent toutefois masquer des situations locales particulières. Nous avons mesuré de nombreuses anomalies dans les régions à géologie hétérogène, sédimentaires et notamment calcaires, où le radon peut traverser des failles profondes ou être véhiculé par les réseaux d’eau souterraine ».
Niveaux d’exposition et réglementation
Une recommandation européenne de 1990 limite la concentration de radon dans l’air intérieur à 200 Bq/m3 (Becquerels par mètre cube, unité de mesure de radioactivité) pour les bâtiments neufs et à 400 Bq/m3 pour les bâtiments existants.
En France, un décret de 2002 oblige les propriétaires de lieux recevant du public, dans les départements considérés comme à risque, à effectuer des mesures de radon ; si la concentration en radon dépasse 400 Bq/m3, il y a obligation d’effectuer des travaux. Pour les maisons individuelles, l’OMS a défini un niveau de référence de 200 Bq/m3 au-delà duquel il est recommandé d’agir.
Cependant, il n’y a pas encore d’obligation pour les particuliers, bien que l’intégration de la mesure du radon dans le dossier sanitaire de l’habitat – exigé lors des transactions immobilières – soit actuellement à l’étude dans le cadre du Plan national Santé Environnement.
Comment mesurer le radon ?
Pour effectuer une mesure de radon, les institutionnels renvoient généralement soit sur l’IRSN, soit sur les fabricants de dosimètres habitués à ne travailler que pour les propriétaires de lieux recevant du public.
Le particulier s’adressera plutôt à la CRIIRAD, qui effectue ces mesures depuis plus de 15 ans, dispose de tous les agréments officiels et propose un conseil adapté. Ce faisant, vous soutiendrez l’activité du seul laboratoire spécialisé d’importance nationale réellement indépendant.
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La mesure se fait très simplement, en disposant le dosimètre pendant deux mois dans la pièce a priori la plus exposée, à hauteur de respiration, et en le renvoyant ensuite au laboratoire avec le questionnaire qui l’accompagne.
« Avec un seul dosimètre, la mesure peut cependant être difficile à interpréter » plaide Julien Syren. « Il est généralement préférable d’effectuer trois mesures (coût pour 3 mesures : 89 € TTC, ndlr) : au sous-sol (pour évaluer le potentiel), dans la pièce la plus occupée du rez-de-chaussée et dans une chambre à l’étage (pièce où l’on passe beaucoup de temps). »
D’où vient le radon ?
- Infiltration à travers les jointures du plancher.
- Progression du radon entre les blocs de béton et le parement extérieur en briques, puis infiltration à l’interface mur/dalle.
- Infiltration par les murs de parpaings.
- Infiltration par les fissures de la dalle.
- Diffusion à partir du sol de terre battue.
- Infiltration par le passage des canalisations d’eau, conduites de gaz, câbles électriques, etc.
- Émanation à partir des matériaux de construction.
- Vaporisation du radon présent dans l’eau.
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Faire baisser les concentrations
Selon les résultats des analyses, plusieurs solutions vous seront proposées.
La première consiste à assurer une bonne étanchéité à l’air entre le bâtiment et son sous-sol, en obturant les fissures des dalles, des joints entre murs et sols, des passages de canalisations…
La seconde consiste à diluer le radon en augmentant le renouvellement d’air, par une meilleure gestion de l’aération naturelle. En cas de fortes concentrations, on installera une ventilation mécanique contrôlée par insufflation, capable de mettre vos pièces en légère surpression, évitant ainsi l’entrée du radon.
Enfin, il peut être plus efficace de prévoir une aération naturelle ou mécanique du sous-sol ou du vide sanitaire, mesures simples à la portée d’un bricoleur.
S’il n’y a pas de sous-sol, on peut aussi faire réaliser un drainage sous dalle, chantier plus complexe, pour extraire le radon.
Antoine Bosse-Platière