Récupérer l’eau de pluie pour les toilettes et chasses d’eau permet des économies non négligeables.
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Une alternative écologique et économique
La réglementation française restreint ses usages à l’arrosage du jardin. Mais rien n’interdit de l’utiliser aussi à l’intérieur de la maison, comme dans nombre de pays d’Europe du Nord.
Les chasses d’eau de nos toilettes représentent entre 20 et 30 % de notre consommation d’eau, le lavage du linge environ 12 %. Pour les toilettes, l’option la plus écologique reste les toilettes sèches à compost. Mais avec l’eau d’arrosage du jardin, c’est près de la moitié de votre consommation d’eau potable que vous pouvez économiser en récupérant l’eau de pluie. L’eau de pluie n’étant pas calcaire, cela permet en outre une réduction de l’usage des détergents de 50 %. Le Code civil permet à chacun d’utiliser à sa guise l’eau de pluie qui tombe sur son terrain, hormis si vous recevez du public (gîte par exemple).
Évaluez vos besoins en eau
La quantité d’eau récupérable dépend de la pluviométrie de votre région et de votre surface de toiture. Les toits végétaux et les toitures contenant des goudrons sont à exclure. Le potentiel de récupération se situe entre 4 et 7 m3 par mois selon les régions pour un toit de 100 m². Pour une famille de quatre à cinq personnes avec un potager et une utilisation intérieure (WC + lave-linge), prévoyez une citerne de 10 à 15 m3.
Matériel nécessaire pour créer un système de récupération
Une cuve en béton permet de désacidifier naturellement l’eau de pluie.
A. Bosse-Platière |
Optez pour la cuve enterrée et prévoyez son installation si possible au début du chantier de construction de votre maison, lorsque les engins de terrassement sont encore là. Vous avez le choix entre la cuve béton (de 5 à 18 m3) et la cuve polyéthylène (jusqu’à 10 m3). Le béton alcalin permet de neutraliser l’acidité naturelle de l’eau de pluie, le polyéthylène, beaucoup plus léger, convient aux terrains d’accès difficile. Vous pouvez aussi construire votre cuve béton (se référer au chapitre 4 de Bâtir écologique d’Emmanuel Carcano, aux éditions Terre vivante).
Schéma explicatif sur la récupération d’eau de pluie.
D. Klecka |
- Panier inox 400 microns à vider périodiquement. Les eaux non-filtrées sont évacuées par une canalisation qui rejoint le trop-plein de la citerne.
- L’eau filtrée arrive au fond de la citerne.
- Dispositif anti-remous, favorisant un mouvement ascendant vers la surface pour éviter de remuer les boues de décantation.
- Tuyau de soutirage pour pomper l’eau vers l’habitation.
- Crépine avec clapet anti-retour pour éviter tout désamorçage.
- Flotteur maintenant la crépine 10 cm sous la surface pour éviter d’aspirer les poussières en surface.
- Flotteur pour détecter la baisse de niveau. Coupe l’alimentation avant que l’eau n’atteigne le fond de la citerne.
- Trop-plein à ouverture biseautée facilitant l’évacuation des particules flottant à la surface.
- Siphon évitant les remontées d’odeurs de l’égout.
- Grille évitant l’entrée de petits animaux.
- Couvercle à dévisser pour nettoyer la grille.
Précautions indispensables
Les systèmes de filtration préconisés ici ne permettent pas de rendre l’eau potable, ni son usage pour l’hygiène corporelle. Les deux réseaux – eau de ville, eau de pluie – doivent être totalement séparés et les robinets doivent porter un pictogramme “eau non potable”. Si l’eau de pluie vient à manquer, le groupe de pompage doit basculer sur l’eau de ville avec un dispositif de disconnexion physique aux normes pour empêcher tout retour d’eau dans le réseau d’eau potable. Pour obtenir une eau de bonne qualité, il faut prévoir :
- une crapaudine ou un bout de grillage en haut de chaque descente de gouttière ;
- un dispositif de filtration accessible en amont de la cuve avec tamis inox 10 à 0,5 mm ;
- une cuve enterrée accessible pour un nettoyage intégral ;
- un système de trop-plein avec clapet anti-retour ;
- une arrivée d’eau noyée avec dispositif anti-remous pour éviter de remuer les fins dépôts ;
- un tuyau de soutirage équipé d’une crépine filtrante et d’un flotteur pour de capter l’eau sous la surface, là où elle est la plus propre ;
- pour l’alimentation des toilettes, un système de pompage automatique et de mise sous pression (3 bars) précédé d’un filtre 100 microns (0,1 mm) ;
- pour l’alimentation du lave-linge ajouter un filtre 25 microns (bobine filetée à changer tous les six à huit mois).
Budget à prévoir : de 5 000 à 8 000 € HT pour une installation complète (pose incluse) destinée aux usages WC/lave-linge/jardin. Et de 7 à 10 000 € HT pour inclure tous les usages, y compris l’eau de boisson. La durée de l’amortissement dépend de nombreux facteurs. Calculez la vôtre en partant de votre budget eau annuel. Le fait que cette durée soit assez longue réduit l’attrait de ce type d’investissement, mais son intérêt écologique demeure.
Des aides ?
Depuis 2014, le crédit d’impôt pour un système de récupération d’eau de pluie est supprimé. Néanmoins, certaines communes subventionnent l’installation. N’hésitez pas prendre contact avec votre département et/ou votre mairie. Il est également possible de bénéficier d’un taux réduit de TVA à 10 %, à condition que ce soit pour votre résidence principale et que celle-ci soit finie de construire depuis plus de deux ans.
Antoine Bosse-Platière