Le BaP (benzo[a]pyrène) atmosphérique, associé à une augmentation du risque de cancer du sein, peut être issu d’une combustion mal maîtrisée du bois ou de gaz d’échappement automobiles par exemple.
K. Laowisit | Pexel
« Chaque année près de 40 000 décès seraient attribuables à une exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux particules fines (PM 2,5), estime Santé publique France. Ainsi, l’exposition à la pollution de l’air ambiant représente en moyenne pour les personnes âgées de 30 ans et plus une perte d’espérance de vie de près de 8 mois pour les PM 2,5. » Perturbateurs endocriniens, pesticides, métaux lourds, hydrocarbures et autres agents physiques, chimiques et biologiques d’origine anthropique ou naturelle sont aujourd’hui « omniprésents dans notre environnement et notre alimentation », rappelle le ministère des Solidarités et de la Santé, et affectent tant la nature que la santé humaine, la biodiversité et le climat. Contaminant les sols, l’eau ou l’air, les polluants peuvent conduire à des effets bénins sur la santé comme de simples maux de tête ou de ventre, mais aussi à des effets graves comme des maladies chroniques. Récemment, une nouvelle étude menée par le centre Léon-Bérard à Lyon, au sein du département Prévention cancer environnement, a montré « l’impact de l’exposition à long terme au BaP (benzo[a]pyrène) atmosphérique sur le cancer du sein » – le BaP étant un perturbateur endocrinien « formé lors de la combustion incomplète de matières organiques (combustion mal maîtrisée du bois, brûlage de végétaux à l’air libre, gaz d’échappement automobiles ou fumée de cigarette par exemple) ». L’exposition cumulée au BaP « a été associée de manière significative à une augmentation du risque de cancer du sein », est-il indiqué. Alors que la littérature scientifique en la matière est encore contradictoire – « le Centre international de lutte contre le cancer (Circ) considère que seul le cancer du poumon peut être directement lié à la pollution de l’air, avec également des suspicions pour le cancer de la vessie », rappelle Amina Amadou, première autrice de l’article –, cette étude renforce, selon elle, les « preuves indiquant que la pollution de l’air peut être un facteur de risque pour le cancer du sein ». Ces résultats consolident ainsi « les arguments pour limiter les émissions de polluants atmosphériques, notamment les polluants ayant des effets de perturbateurs endocriniens ». En tant que « première étude épidémiologique sur le sujet », les résultats devront néanmoins être confirmés par d’autres études d’ampleur.
Si le sujet vous intéresse, le centre Léon-Bérard propose un webinaire sur le thème des “Expositions environnementales et risques de cancer”, lundi 14 juin à 17 heures. Des cancérologues, épidémiologistes et autres scientifiques aborderont notamment l’historique de la pollution de l’air, les effets sur la santé, les liens connus avec les risques de cancer, et plus spécifiquement la pollution de l’air et le cancer du sein.
Madeleine Goujon