Une trentaine de fruits et légumes ne pourront plus être vendus dans un emballage en plastique.
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Avec pour objectifs de « sortir du plastique jetable, mieux informer les consommateurs », ou encore « lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire », la loi Agec relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire de 2020 entend « accélérer le changement de modèle de production et de consommation afin de limiter les déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat ». Et pour cette rentrée 2022, les déchets sont particulièrement visés par les nouvelles mesures.
Lutter (un peu plus) contre le plastique à usage unique
L’objectif annoncé : « fin de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040 ». Après une année 2021 sans couverts jetables, pailles, touillettes ou bâtonnets mélangeurs en plastique, l’année 2022 condamne maintenant les (sur)emballages en plastique autour d’une trentaine de fruits et légumes frais non transformés, les sachets de thé en plastique et les jouets en plastique offerts dans les menus pour enfants des fast food. Cette mesure permettrait d’éviter « plus d’un milliard d’emballages en plastique inutiles chaque année », d’après le ministère de la Transition écologique. Les journaux, magazines et autres publicités ne peuvent plus être livrés en emballages en plastique. Le magazine les 4 saisons avait d’ailleurs pris de l’avance sur cette mesure, en l’appliquant dès janvier 2021. Les établissements recevant du public doivent désormais obligatoirement offrir un accès « libre et sans frais à un ou plusieurs points d’eau potable », limitant ainsi le recours aux bouteilles d’eau en plastique.
Faciliter (un peu) le tri
La présence du logo Triman sur les produits (leurs emballages ou documents fournis avec les produits) devient obligatoire en 2022. Ce pictogramme représentant une personne entourée des trois flèches symboliques du tri, et de la flèche circulaire du recyclage, indique que le produit peut être trié – halte à la poubelle d’ordure ménagère ! Attention cependant, « sa présence ne signifie pas forcément que le déchet doit être jeté dans une poubelle de recyclage, mais que le déchet est soumis à une règle de tri », précise le ministère de la Transition écologique. Des modalités de tri viennent ainsi compléter le logo : les équipements électriques et électroniques doivent par exemple être repris en magasin, les piles en bornes spécifiques, et les emballages dans la poubelle des déchets recyclables – la poubelle jaune dans de nombreuses communes. Les couleurs des poubelles devraient d’ailleurs être harmonisées sur l’ensemble du territoire d’ici la fin de l’année.
Le logo Triman se trouve à droite, à côté des consignes de tri spécifiques au produit. Depuis 2021, certaines communes permettent le recyclage de tous les emballages en plastique, dont les films et sachets.
M. Goujon | Terre vivante
Les meubles usagés, produits dangereux tels que des peintures, des colles et produits de nettoyage avec substances à risques ou encore cartouches de gaz combustibles peuvent dorénavant être repris en magasin. Cette obligation reste soumise à des conditions, selon la surface de vente ou le chiffre d’affaires du magasin : la reprise pourra ainsi être effectuée sans frais, soit contre achat d’un produit équivalent neuf, soit sans obligation d’achat, précise l’organisation Eco-mobilier, spécialisée depuis 2013 dans le recyclage et la valorisation des meubles usagés.
Limiter le gaspillage lié à la destruction des stocks
L’élimination en décharge ou par incinération des invendus non alimentaires est également (enfin) interdite. Plus question de gaspiller ces quelque 300 millions d’euros de produits invendus éliminés chaque année en France selon l’Ademe : vêtements, chaussures, meubles, produits électroniques, produits d’hygiène, de loisirs ou livres devront être recyclés ou donnés par les entreprises qui n’ont pas pu les vendre. Pour l’instant, cette interdiction ne vise que les produits couverts par un régime de responsabilité élargie du producteur – lorsque les producteurs « peuvent être tenus de financer ou organiser la gestion des déchets issus de [leurs] produits en fin de vie », selon le ministère de la Transition écologique. La mesure visera néanmoins l’intégralité des produits en décembre 2023. « À moyen terme, c’est l’ensemble du secteur industriel qui devra repenser la gestion de ses stocks afin de réduire la surproduction », indique le ministère.
Madeleine Goujon