Peinture à la caséine qu’on fabrique

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La caséine, une protéine du lait, était autrefois utilisée pour fabriquer des colles et améliorer l’adhérence des enduits et badigeons à la chaux. Naturellement, ses nombreux atouts ont fait d'elle un composant incontournable, en particulier dans la préparation de peintures. C'est bien dans le cadre de cette utilisation que nous vous proposons de la tester. Prévoyez quelques outils et ingrédients, mais surtout, une bonne dose d'huile de coude.
Gros plan sur un mur en caséine

Caséine, qu’est-ce que c’est ?

La peinture à la caséine est un revêtement bon marché et facile à préparer. Elle est connue comme étant très stable dans le temps, sans aucun produit toxique. À cette fin, elle doit être stabilisée avec un produit alcalin : soit avec de la chaux aérienne, ou soit par du borax (sel de bore). Pourquoi ? Car la chaux et le bore apportent leurs propriétés anti-bactériennes. 

Blanche et mate, la peinture à la caséine se colore avec des pigments naturels, ocres et terres colorantes. Délaissée par les professionnels, la trouvant un peu grossière, elle revient au goût du jour. En effet, l’engouement pour les peintures à l’ancienne refait surface. C’est le cas avec la peinture à l’argile ou la peinture à la colle. Pour Bruno Gouttry, qui s’est spécialisé dans les peintures naturelles, cet aspect mat, avec un léger grain, pouvant laisser transparaître les coups de pinceau, met en lumière des effets de matière intéressants. Il la conseille pour les chambres, les grandes pièces et les plafonds, en raison de son faible coût.

C’est une peinture perméable et non lavable, avec un bon pouvoir couvrant. Attention toutefois : elle ne devient opaque qu’après séchage. De ce fait, au début, ne vous alarmez pas si le support est encore visible. La transparence de la caséine est trompeuse. Faites plutôt des essais de couleurs avant de vous lancer. De cette manière, le test vous donnera un meilleur aperçu de sa teinte définitive.

Les supports éligibles

La peinture à la caséine convient à tous les supports minéraux (crépi, maçonnerie, béton), papier ingrain à peindre, plâtre et placoplâtre, ainsi qu’aux anciennes peintures non laquées. Pour cela, le support doit être sec, résistant, absorbant, dépoussiéré et dégraissé. C’est-à-dire que la caséine ne convient pas sur des surfaces humides.

Sur peintures laquées, suivez cette procédure :

  • poncez, ou utilisez une sous-couche d’accroche bio ;
  • traitez les crépis très absorbants et farineux avec une sous-couche d’imprégnation ;
  • enfin, colmatez les fissures et les trous avec un mastic de rebouchage.

Caséine et borax, la petite recette

Vous pouvez trouver chez certains distributeurs des kits prêts à l’emploi (Maison de l’écologie, Magellan), ou bien, acheter les différents ingrédients chez des fournisseurs spécialisés. Autrement, fabriquez votre propre mélange. Pour y parvenir, vous n’aurez besoin que de neuf outils et ingrédients. 

Illustration d'un seau, d'une casserole, de la craie, d'un mélangeur, caséine, ocres, spalter, borax et fouet

Dans un petit seau, ou une casserole, versez 2 litres d’eau. À cela, ajoutez 300 grammes de caséine et fouettez le tout afin de bien dissoudre les grumeaux éventuels. Puis, ajoutez en pluie, 80 grammes de poudre de borax, en agitant vigoureusement avec une spatule. Le mélange va alors s’épaissir et devenir translucide. Mettez-le de côté pour le laisser reposer au moins deux heures. Pendant ce temps, versez 2,50 litres d’eau dans un grand seau avec 6 kg de craie en poudre et mélangez. Pour plus de facilité, utilisez un mélangeur à peinture monté sur une perceuse. Lorsque le mélange deviendra très épais, ne rajoutez plus d’eau.

Lorsque les deux heures se seront écoulées, versez le contenu du petit seau dans le grand et mélangez. Aussi, ajoutez les pigments (préalablement mouillés à l’eau) et touillez une nouvelle fois pour obtenir une couleur homogène. Pour composer des couleurs plus soutenues, il suffit de réduire la dose de craie. En effet, la craie (ou blanc de Meudon) joue le rôle de charge opacifiante.

Après une demi-heure de pose, le mélange est directement prêt à l’emploi. Il ne vous reste alors qu’à appliquer une ou deux couches au spalter (pinceau large) ou au rouleau. En termes de quantités, avec 10 litres de peinture, vous couvrirez entre 80 m² et 100 m² de surface.

Ses variantes

La caséine, légèrement acide, devient dure et collante par addition d’un produit alcalin. Cette réaction se produit avec des sels de bore, mais aussi avec de la chaux aérienne, de l’alun de potasse, ou encore, avec de l’ammoniaque, et ce, pour les mêmes proportions.

La caséine est également employée comme adjuvant fixateur pour les peintures à la chaux. Grâce à cette fonction, elle assure une meilleure accroche. Elle permet également, en mélange avec de l’eau et des pigments (glacis), de fixer des couleurs assez franches sur un enduit ou une peinture à la chaux qui a déjà fait sa prise. Cependant, la proportion doit respecter la norme suivante : de 5 à 10 % du poids de la chaux.

On peut aussi remplacer la caséine par du fromage blanc totalement écrémé, pour une peinture encore plus économique. Sur ce point, il faudra alors ajouter quelques gouttes d’essence de girofle pour supprimer tout risque de moisissures.

Antoine Bosse-Platière

 

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