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En manque de ressources
En hiver, à la “mauvaise” saison, beaucoup de propriétaires de maisons ont l’habitude de faire un grand nettoyage du jardin. Il faut faire place nette ! C’est pourtant dommage de tout couper, car de nombreuses plantes, en particulier d’ornement, conservent des graines qui feront le bonheur des oiseaux en hiver : onagre, fenouil, centaurées, chardons d’ornement, helianthus, rudbeckias, tournesols, cardères… Mais comme de nombreux jardins n’offrent plus ces ressources naturelles aux oiseaux, il est bon également d’apporter une nourriture d’appoint aux oiseaux en hiver.
L’hiver, une saison rude pour les oiseaux
Nos amis à plumes ont du mal à passer l’hiver à cause du manque d’eau et de nourriture. Les vers sont nichés profond sous le sol, qui est dur à piquer, car souvent gelé. Les insectes ont disparu. Et les graines, comme on l’a vu, sont rares dans les jardins trop propres. Ils dépensent donc beaucoup d’énergie pour trouver de maigres repas.
Combien de temps les nourrir ?
Ne rendez pas dépendants les oiseaux en les nourrissant toute l’année. Vous pouvez commencer à les approvisionner en novembre, mais seulement s’il fait vraiment froid. La LPO (Ligue de protection des oiseaux) préconise d’ailleurs un nourrissage seulement en période de froid prolongé. Le nourrissage peut être prolongé jusqu’à fin mars : au printemps, de nombreuses espèces d’oiseaux passent à un régime insectivore, et il faut que les jeunes de l’année apprennent à se nourrir par eux-mêmes.
Que mettre dans la mangeoire ?
La LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) propose sur son site des conseils basés sur la connaissance des oiseaux et de leurs besoins. Nicolas Macaire, qui s’occupe des refuges LPO, conseille de continuer à leur fournir de la nourriture lorsque l’on a commencé, tant qu’il fait froid, de façon régulière.
Ne donnez jamais d’aliments salés, de pain, de lait ou d’aliments cuits. Selon la LPO, le pain contient trop de sel, provoque des gonflements dans l’estomac, et le gluten provoque des maladies du foie. Les aliments les plus appréciés sont les graines de tournesol, les boules de graisse végétale et les mélanges de graines. Pour les boules de graisse végétale, il faut impérativement exclure celles dotées de filet : on a vu des oiseaux s’y entortiller les pattes et rester piégés. Il faut nettoyer régulièrement les mangeoires à plateau que les oiseaux salissent avec leurs déjections et qui peuvent transmettre des maladies.
Pensez à leur mettre de l’eau ! Pour cela, privilégiez des contenants peu profonds, dans lesquels ils ne risquent pas de se noyer. Une petite coupelle fera très bien l’affaire.
Mais quid de la qualité des aliments vendus en animalerie ou dans les rayons spécialisés des grandes surfaces ? Résidus de pesticides dans les graines, huile de palme hydrogénée provenant de plantations issues de la déforestation de forêts tropicales, OGM… : en croyant bien faire, ne risque-t-on pas de fragiliser un peu plus les oiseaux ? La question préoccupe certains spécialistes, comme le vétérinaire Alain Moussu.
Il faudrait leur donner des graines de tournesol de culture bio. La LPO et certains magasins bio commencent d’ailleurs à en diffuser. Les graisses animales (beurre, saindoux…) sont à éviter, sauf pour les oiseaux omnivores (grives ou merles), pour les mêmes raisons que pour nous : elles sont à l’origine de problèmes cardiovasculaires.
Il faut donc lire attentivement les étiquettes précisant la composition des boules de graisse du commerce. Malheureusement, le plus souvent, ces étiquettes sont laconiques et n’indiquent pas si les graisses sont animales ou végétales. En conséquence, privilégiez les pains de graisse végétale simple, telle que la margarine. Quant aux OGM, le principal risque concerne pour le moment le maïs concassé, pour lequel il faudrait disposer de garanties d’absence d’OGM, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Nettoyez les nichoirs à oiseaux
Pensez également à nettoyer les nichoirs installés en bordure du potager pour les mésanges ou les rouges-gorges qui consomment quantité de chenilles, de pucerons ou de larves d’insectes du sol. Au bout d’une saison de nidification, les nids sont souillés par des fientes, des poux, des larves d’insectes, parfois des oisillons morts, et les oiseaux éviteront de s’y réinstaller l’année suivante. L’idéal est de le faire à l’automne, pour les remettre en place dès le mois de janvier, et même plus tôt en guise d’abri contre le froid rigoureux.
Enlevez tout le contenu du nichoir. Grattez et nettoyez l’intérieur avec une spatule, laissez éventuellement quelques cocons d’araignées, sans danger pour les oiseaux. Portez tous ces débris sur le tas de compost. Profitez de l’occasion pour consolider le nid, changer les vis rouillées, revoir l’étanchéité du toit… Si le nichoir est trop abîmé pour servir à nouveau, laissez-le tel quel avec tous ses hôtes minuscules et raccrochez-le à un arbre.
Denis Pépin, Brigitte Lapouge-Déjean et Antoine Bosse-Platière