Quelques définitions
La molécule d’eau peut passer de l’état liquide à l’état solide (glace). Ou encore, à l’état gazeux (vapeur d’eau). Sous forme de vapeur, elle ne mesure qu’un dix millionième de millimètre et est capable de se diffuser à travers de très nombreux matériaux.
L’air contient toujours de la vapeur d’eau, nécessaire à la vie, mais dans des proportions très variables. Tout dépend de la pression atmosphérique, et surtout, de la température. Plus l’air est chaud, plus il contient de la vapeur d’eau. Au-delà d’un certain seuil, dit “de saturation”, la vapeur d’eau en surplus se condense. Ce seuil de température est appelé le point de rosée. Ce point de rosée est, par exemple, très facilement atteint en hiver contre un simple vitrage, dont la température de contact est froide. D’où la condensation sur les vitres.
L’hygrométrie, définie comme étant la quantité de vapeur d’eau présente dans l’air, se mesure couramment en pourcentage. Son échelle de mesure s’étend de 0 % (absence totale fictive) à 100 % (saturation). On parle alors d‘humidité relative. L’humidité relative de l’air intérieur peut varier de 35 à 70 %, sans inconvénient. En-dessous de 30 %, on commence à ressentir un assèchement des muqueuses. Au-dessus de 70 %, les risques de condensation à la surface des parois deviennent très importants.
Des parois étanches à l’air
Indispensable pour des bâtiments économes en énergie, l’étanchéité à l’air est un critère largement sous-estimé en France. Pourtant, mal maîtrisée, elle réduit le confort thermique et acoustique, et perturbe le fonctionnement de la ventilation. Les principaux points faibles mesurés sont les menuiseries (seuils de portes, liaisons murs-fenêtres) et les passages des équipements électriques et tuyauteries. Il faut également surveiller les trappes d’accès (aux combles, aux gaines techniques). Sans oublier les liaisons façades-planchers.
En construction massive maçonnée, ce sont les enduits intérieurs et extérieurs qui assurent l’étanchéité à l’air. C’est pourquoi ils sont appliqués avec le plus grand soin, avec tous les percements rendus étanches. Pour les maisons à ossature bois, généralement composées d’un sandwich de différents matériaux, ce rôle peut être plus ou moins bien rempli par un bardage bois, ou par un film pare-pluie situé dessous. Autrement, par les couches situées côté intérieur, présentant souvent une meilleure continuité : soit un pare-vapeur habituellement associé aux isolants conventionnels, soit de films frein-vapeur, ou de matériaux assurant une bonne étanchéité à l’air. Toutefois, ces derniers accusent une certaine porosité à la vapeur d’eau.
Dans un deuxième temps, des adhésifs spéciaux sont nécessaires pour garantir l’étanchéité des menuiseries avec le bâti. Cela passe aussi par des manchettes et boîtiers de prises électriques étanches à l’air pour les câbles électriques et les tuyauteries.
Les professionnels de l’éco-construction sont tenus de rapidement s’approprier ces produits et le savoir-faire qui s’y attache. Incontestablement, les mesures d’étanchéité à l’air des constructions sont primordiales, voire incontournables, dans l’obtention de bonnes performances énergétiques. Elles se pratiquent par la création d’un important différentiel de pression entre l’intérieur et l’extérieur, à l’aide de ventilateurs spéciaux. Nous parlons bien du test d’infiltrométrie, aussi appelé Blower door test, mesurant et visualisant des débits de fuite.
Évacuer l’humidité
La recherche d’une meilleure étanchéité à l’air doit impérativement s’accompagner d’une évacuation efficace de la vapeur d’eau. Pourquoi ? Parce que les quantités de vapeur d’eau produites par les habitants, à l’intérieur de la maison, sont considérables. Pour une famille de quatre personnes, elles sont estimées à environ 10 litres de vapeur d’eau par jour. Soit, 5 litres par la respiration, 2 litres par la cuisine, et 3 litres par la salle de bains, le séchage du linge et les plantes d’intérieur. La quantité de vapeur d’eau que l’air peut contenir, sans qu’elle ne se condense, varie en fonction de la température.
C’est bien cette condensation qu’il faut éviter à l’intérieur de la maison ou dans les parois. Elle détériore les finitions, déforme le bois, et permet l’installation de champignons, ou d’insectes xylophages. Elle réduit considérablement l’efficacité thermique des isolants et favorise le développement de moisissures malsaines. Il faut donc évacuer l’humidité excédentaire. Néanmoins, sans exercer une aération excessive, pour ne pas engendrer une perte trop importante de calories pendant la saison froide.
Dans l’habitat traditionnel, avec des murs massifs (terre crue, pierre et chaux), il n’y a pas de parois étanches à la vapeur d’eau. En effet, les matériaux sont poreux avec de grandes capacités hygroscopiques. La vapeur d’eau en excès se répartit sur l’ensemble de la surface des parois, et une bonne partie de cette humidité est éliminée à l’extérieur, grâce à la porosité des enduits. En rénovation, il faut absolument éviter de perturber cet équilibre hygrothermique. Par exemple : ne pas bloquer la porosité d’un mur en pisé avec un enduit extérieur en ciment. L’humidité en excès dans le mur, quelle qu’en soit l’origine, ne pourra plus s’évacuer suffisamment. Même chose pour le côté intérieur des parois. Les parements et finitions doivent conserver une certaine perméabilité à la vapeur d’eau. Les professionnels de l’habitat écologique appliquent généralement la règle du « 5 pour 1 ». Cette méthode préconise une résistance à la vapeur d’eau (appelée Sd) du parement intérieur 5 fois supérieure à celle du parement extérieur. Cette pratique rend parfois nécessaire l’utilisation de films frein-vapeur ou à diffusion variable côté intérieur, tandis que le parement ou l’enduit extérieur doit être très perspirant.
Quant aux matériaux constituant la paroi, notamment les isolants, ils doivent témoigner d’une bonne capillarité, sans rupture, de manière à enclencher la migration de la vapeur d’eau vers l’extérieur. Sur ce plan, les isolants biosourcés (d’origine végétale ou animale) présentent d’indéniables avantages (capillarité, hygroscopie) vis-à-vis des isolants synthétiques ou minéraux.
Antoine Bosse-Platière