Symptômes et dégâts de la mouche du semis
Les petits asticots blanchâtres qui constituent la nombreuse progéniture de cette mouche ont une alimentation très variée. Tout irait pour le mieux s’ils se contentaient de la nourriture habituelle des larves de diptères saprophages : les matières animales et végétales en décomposition. Mais ils ne dédaignent pas les « extras » bien tendres que constituent les germes, cotylédons et jeunes pousses de nombreuses plantes cultivées.
Les jeunes pousses de plantes sont un régal pour les larves de la mouche des semis.
© Christian Galinet
Voilà qui explique l’aspect piteux que peuvent prendre de nombreux semis : haricots, épinards, melons, concombres, tomates, maïs, œillets, asperges… dont les plantules sont partiellement ou totalement rongées avant leur sortie de terre. Même chose pour les bourgeons terminaux de certains bulbes comme les glaïeuls. Leurs dégâts s’ajoutent parfois à ceux d’autres ravageurs sur jeunes pousses de radis, navets, oignons, pommes de terre. Les tissus endommagés sont souvent attaqués ensuite par des bactéries qui provoquent de la pourriture. Sur les asperges, les turions déformés prennent un goût amer…
Carte d’identité de ce nuisible
Cette mouche grise de 3 à 6 mm de long passe souvent inaperçue.
© Christian Galinet
Delia platura est une petite mouche grise de 3 à 6 mm de long qui passe inaperçue, bien que son image agrandie soit assez impressionnante. Avant ce stade adulte, elle en connaît successivement trois autres : l’œuf, blanc nacré et allongé, ne dépasse pas 1 mm ; la larve vorace, blanche et effilée, peut atteindre 8 mm ; enfin la pupe, d’environ 5 mm, est protégée par une enveloppe chitineuse rouge-brun pour passer l’hiver dans le sol.
Mode et cycle de vie de la mouche du semis
Les adultes apparaissent dès la fin de l’hiver et trois à six générations peuvent se succéder selon le climat. En zone méditerranéenne, les adultes sont même présents toute l’année. Une fois fécondée, chaque femelle pond plusieurs centaines d’œufs qu’elle dépose isolément, de préférence dans les sols humides, riches et fraîchement travaillés. Une fois sorties de leurs œufs, les larves vont se nourrir des matières organiques en décomposition, mais elles sont malheureusement très attirées par les graines en germination…
La larve de la mouche des semis peut atteindre 8 mm.
© Christian Galinet
Leur développement dure environ trois semaines, au bout desquelles les tissus végétaux deviennent d’ailleurs trop coriaces pour elles. Elles se nymphosent alors, en adultes si les conditions sont favorables, ou en pupes si l’hiver approche.
Dans son enveloppe rouge-brun, la pupe passe l’hiver dans le sol.
© Christian Galinet
Lutter biologiquement contre la mouche du semis
Il n’y a guère de moyens de lutte curative sans produits chimiques.
Par contre, les mesures préventives ne manquent pas et se révèlent suffisantes pour protéger vos semis.
La présence d’oiseaux insectivores autour du jardin est bien entendu à favoriser. Pour cela, vous pouvez favoriser leur présence avec la plantation de certaines essences. Une haie variée composée d’arbustes comme le sorbier des oiseleurs leur offrira un abri. De plus, favorisez les plantes mellifères, comme la salicaire ou la digitale. Elles attirent les insectes pollinisateurs, l’une des ressources alimentaires des oiseaux. Il en va de même avec les chèvrefeuilles, dont les baies sont dévorées par les grives et les fauvettes. Les perchoirs et les mangeoires sont aussi de bonnes options !
Avant la mise en place d’une culture sensible à cette mouche, évitez d’utiliser du fumier frais ou des engrais organiques, et ne laissez pas sur place de déchets des cultures précédentes. Utilisez plutôt du compost mûr.
Évitez également de préparer le sol ou de l’arroser à l’avance. Un sol sec en surface réduit les pontes. Vous pouvez y ajouter un peu de poudres de roches ou de lithothamne. Faites la préparation et la fertilisation du sol ainsi que le semis dans la même journée et couvrez aussitôt avec un voile intissé type P17 ou P10 maintenu par de la terre sur tous les côtés.
Évitez de cultiver des haricots après des cultures qui laissent d’importants déchets organiques : salades, épinards, choux, carottes, pommes de terre…
Favorisez une levée rapide en évitant de semer par temps froid et humide, en faisant pré-tremper vos graines et en stimulant la croissance des plantules avec des purins de plantes ou des extraits d’algues. Plus vos jeunes plants se développeront rapidement, plus vite leurs tissus seront à même de résister aux morsures de ces détestables petits asticots.
Antoine Bosse-Platière