Pesticides chimiques en cause
D’après l’Union des entreprises pour la protection des jardins et espaces verts (UPJ), près d’un jardinier sur deux n’utilise pas correctement les traitements : surdosages, pulvérisateurs peu efficaces (80 % du produit vaporisé est dispersé dans l’air ambiant), utilisation trop rare de masques de protection, par les jardiniers et les enfants et non-respect des délais de consommation après traitement. Ces pratiques entraînent des risques pour la santé des jardiniers et des consommateurs des légumes. Elles contribuent aussi à la pollution de l’air, de l’eau et des sols. Les pesticides perturbent l’équilibre des écosystèmes par la destruction simultanée des nuisibles et des petits animaux utiles au jardin.
Pourquoi favoriser la lutte biologique ?
En utilisant un produit chimique, vous allez, certes, éradiquer le ravageur qui vous cause problème. Mais vous allez aussi éradiquer les autres insectes auxiliaires, altérer la vie du sol et l’appauvrir. De plus, dans le cas d’un potager, vous allez consommer des fruits et légumes toxiques, dangereux pour votre santé sur le long terme. Ainsi, vous vous tirez une balle dans le pied ! Il existe des solutions biologiques pour éloigner les ravageurs sans avoir recours aux traitements chimiques.
Des réflexes préventifs à adopter
Dans un jardin bio, mieux vaut prévenir que guérir ! Voici les grands principes de prévention qui permettent d’éloigner les ravageurs et maladies :
- une grande diversité végétale : en favorisant certaines espèces végétales, vous favorisez certaines espèces animales. Elles prennent le dessus sur les autres, y compris les ravageurs. La biodiversité est le secret d’un jardin équilibré ;
- la rotation des cultures : afin d’éviter toute propagation des maladies, des nuisibles et de ne pas épuiser le sol ;
- des associations végétales : certaines plantes éloignent des nuisibles peu accommodants. N’hésitez donc pas à les placer auprès d’autres essences qui y sont sensibles ;
- des traitements préventifs : comme le purin d’ortie qui est un répulsif anti-pucerons et altises et renforce les plantes dans la foulée.
Des traitements naturels
Les nuisibles sont là, les techniques de prévention ne suffisent plus, vous devez agir ! Plusieurs possibilités s’offrent à vous.
Les insectes auxiliaires
On utilise la chaîne animale à bon escient pour éradiquer les parasites grâce à leurs prédateurs. C’est le cas des nématodes qui sont des vers qui éliminent les limaces en se multipliant à l’intérieur. Ils protègent alors vos salades, choux, courgettes et massifs fleuris ! On connaît aussi les traditionnelles coccinelles qui dévorent les pucerons et les libellules qui s’en prennent à la plupart des insectes.
Les phéromones
Faire fuir les insectes ou les attirer dans un piège, les phéromones transmettent des informations aux insectes nuisibles. Elles permettent ainsi de les éloigner ou de les supprimer sans conséquence sur l’environnement.
Les pièges
Ce sont des moyens de lutte mécaniques qui n’altèrent en rien l’environnement. La plupart du temps, le piège comprend un appât qui attire le nuisible et d’un système qui vous en débarrasse une fois pour toutes !
Les répulsifs
On ne tue pas les nuisibles mais on les éloigne ! C’est le cas du vibreur anti-taupes. Certains purins et décoctions sont efficaces en cure : ortie contre les pucerons, tanaisie ou absinthe contre les altises…
Les barrières physiques
Voiles anti-insectes contre la mouche de la carotte, la piéride ou les altises sur les choux, radis…, colliers enduits de glu sur les troncs d’arbres fruitiers contre les fourmis qui protègent les pucerons.
Dans la pratique du jardinage biologique, le recours aux traitements curatifs est rare. Quand il s’avère nécessaire (seuil de tolérance dépassé, risque de propagation fort…), le jardinier biologique utilise des produits d’origines végétales biodégradables à base de pyrèthre.
Les insecticides “bio” ne sont pas spécifiques, c’est à dire qu’ils détruisent en même temps les ravageurs visés et la faune auxiliaire. Ces produits ne peuvent donc répondre que ponctuellement à des déséquilibres constatés et ne doivent pas devenir d’usage courant. Ils seront appliqués le soir pour préserver les abeilles et prolonger l’effet du traitement. Le jardinier cherchera par ailleurs à connaître l’origine du déséquilibre afin d’éviter que les symptômes ne se renouvellent.
Antoine Bosse-Platière