Causes et symptômes
Voici venu le moment de planter les fraisiers, notamment les plants en godets vendus en jardinerie. Choisissez-les exempts de taches foliaires et autres signes de dégénérescence. L’un des plus courants se présente sous la forme de taches rougeâtres assez spectaculaires, à contour irrégulier et dont le centre est gris-brun. C’est la maladie des taches pourpres. Au début, elle épargne les feuilles les plus jeunes, mais les taches peuvent ensuite s’agrandir jusqu’à recouvrir toute la surface des feuilles. Le bord des feuilles se dessèche et semble grillé. Le pétiole des feuilles et le calice des fruits peuvent aussi être atteints. La maladie se développe surtout à l’automne. Les plants atteints résistent mal aux rigueurs de l’hiver et la production de l’année suivante peut en souffrir.
V. Jeannerot |
Le champignon responsable est un cousin de celui qui est la cause des taches noires sur le feuillage des rosiers. Comme ce dernier, Marssonina fragariae est lui aussi favorisé par l’humidité. Il peut se conserver pendant l’hiver sous des formes qui résistent au froid et réapparaître au printemps. Mais il se développe généralement plus tard, favorisé par des températures variant entre 20 et 25 °C et par les éclaboussures (de pluie et/ou d’arrosage) qui dispersent les spores.
Une plantation à renouveler avant épuisement
Le fraisier est une culture épuisante pour le sol et il est difficile de la laisser en place plus de trois ans. Les taches foliaires, de différentes sortes, et la baisse de production sont un bon indice qu’il est temps de renouveler votre plantation. Pratiquez une rotation d’au moins quatre ans avant de remettre des fraisiers au même endroit.
Pour repartir sur des bases saines, le plus sûr est d’acheter en juillet-août des plants certifiés, pas contaminés par des virus ou les principales maladies : plants à racines nues ou en godets vendus en jardinerie. Vous pouvez aussi replanter le premier stolon bien enraciné de chaque filet issu de plants vigoureux et sans signes de dégénérescence. Pour les variétés qui ne donnent pas de stolons, vous pouvez pratiquer la division des plus belles touffes fin septembre-début octobre. Ne conservez que les pieds munis d’un bourgeon et ayant de nouvelles radicelles.
Au début de leur développement, les taches s’accompagnent parfois d’un duvet blanchâtre qui peut gagner les fleurs.
V. Jeannerot |
Pour les fraisiers, il existe deux niveaux de certification : les plants certifiés SOC – PV (Service officiel de contrôle des semences – Protection des végétaux) qui subissent de nombreux contrôles sanitaires et les plants certifiés CAC (Conformité agricole communautaire) garantissant une qualité sanitaire minimale.
Moyens de lutte préventifs
La prévention se décline en plusieurs conseils :
- plantations suffisamment espacées, soit au minimum 30 cm sur la ligne et 50 cm entre deux lignes. Cela permet d’éviter de créer un environnement favorable au champignon qui se plait en milieu humide ;
- évitez les apports excessifs d’engrais organiques riches en azote, utilisez de préférence du compost ;
- n’arrosez pas le feuillage, utilisez le goutte à goutte ou des tuyaux microporeux ;
- faites une rotation des cultures sur 4 ans pour éviter que le champignon continue d’attaquer les plants une année sur l’autre. Cette action est nécessaire même sans maladie puisque les fraisiers épuisent les ressources du sol.
Traitements naturels
- Si le champignon est bien installé, la lutte commence par la suppression des feuilles les plus atteintes. Vous pouvez d’ailleurs couper tout le feuillage après la récolte. Il convient de brûler les parties atteintes pour ne pas qu’elles contaminent les parties saines. Il ne faut pas les mettre sur le sol ni dans le compost.
- Dès les premiers symptômes, pulvérisez régulièrement une décoction de prêle : faites tremper pendant 24 heures 200 grammes de prêle des champs séchée dans 10 litres d’eau, puis faites bouillir 20 minutes et laissez refroidir. Filtrez et diluez au 1/5ème.
- Enfin, en cas d’attaques importantes, le traitement de référence reste toujours le cuivre, à utiliser avec parcimonie. Privilégiez un traitement au printemps avec un ratio de 12 grammes de bouillie bordelaise ou 5 grammes d’oxychlorure par litre pour 10 m2.
Les autres maladies des fraisiers
Les fraisiers sont sujets à de nombreuses attaques provenant de maladies ou de ravageurs. Voici les principales maladies cryptogamiques qui menacent les récoltes de fraises :
- la pourriture grise qui recouvre les fruits d’un lainage gris engendrant leur pourriture ;
- le mildiou du fraisier qui cause l’assèchement des feuilles et le pourrissement des racines ;
- l’oïdium du fraisier qui crée un duvet blanc sur l’ensemble du plant ;
- l’anthracnose, un champignon provoquant des lésions creuses de couleur orangée sur les fruits.
Antoine Bosse-Platière