En France, on dénombre environ 11 équipements par personne, avec en tête ordinateurs, écrans, smartphones et autres téléphones mobiles.
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Vous pensez régulièrement à vider votre boîte mail car vous avez entendu dire que les emails polluaient ? C’est bien, mais ce n’est malheureusement qu’une part infime du problème. « Le numérique émet aujourd’hui 4 % des gaz à effet de serre du monde, soit davantage que le transport aérien civil. Cette part pourrait doubler d’ici 2025 pour atteindre 8 % du total – soit la part actuelle des émissions des voitures », alertait l’association The Shift Project en 2019. Une des causes principales : la vidéo. Celle-ci représentait en 2018 près de 80 % des flux de données mondiaux, générant plus de 300 millions de tonnes de CO2 par an. Un film en streaming en très haute définition pèse en effet autour de 10 giga-octets, « soit 300 000 fois plus qu’un email sans pièce jointe (30 ko) », rappelle Greenpeace. « En supprimant ses vieux mails, on agit sur 0,0005 % de notre pollution numérique », affirme Fréderic Bordage, fondateur de Green IT, à 20 Minutes. Cependant, même si les effets semblent minimes, l’Ademe recommande tout de même d’alléger ses mails : cibler les destinataires, supprimer les pièces jointes lorsqu’elles ne sont pas fondamentales ou utiliser des sites de dépôt temporaire pour les envoyer, nettoyer sa boîte et se désinscrire aux listes de diffusion qui ne vous intéresseraient plus. Les mails échangés dans le monde, hors spam, se comptent tout de même à près de 10 milliards par heure ! Quant aux vidéos, adapter leur résolution à votre écran et limiter la très haute définition réduiront déjà votre empreinte.
Du numérique dématérialisé… qui n’a rien d’immatériel
L’impact environnemental ne provient pas que de l’utilisation des matériels informatiques : il est aussi dû à la fabrication de ceux-ci. En effet, la pollution numérique prend en compte toute la vie d’un produit numérique : sa conception, avec extraction des matières premières et épuisement des ressources naturelles, son transport, sa consommation d’énergie, ses émissions de gaz à effet de serre, son impact sur la biodiversité et in fine la production de déchets plus ou moins recyclables et valorisables. À côté des data centers et des infrastructures réseaux, 47 % des émissions de gaz à effet de serre générées par le numérique sont d’ailleurs dues aux équipements – ordinateurs, smartphones, tablettes, objets connectés, GPS –, d’après l’Ademe. Pour fabriquer un ordinateur de 2 kilos, environ 800 kilos de matières premières sont nécessaires : « En moyenne, il faut mobiliser de 50 à 350 fois leur poids en matières pour produire des appareils électriques à forte composante électronique », indique l’Agence de l’environnement. Ainsi, pour Greenpeace, « lutter contre la pollution numérique c’est d’abord utiliser moins d’objets informatiques, et les faire durer plus longtemps ». Rien qu’en France, 58 millions de personnes utilisent 631 millions d’équipements, soit environ 11 équipements par personne. Éviter de changer à tout va son matériel qui fonctionne, bien l’entretenir et le protéger, privilégier la réparation en cas de panne, ou, si le remplacement est nécessaire, passer par la vente d’occasion ou par du matériel reconditionné, et finalement s’équiper en appareils selon ses besoins sont quelques pistes pour limiter son impact numérique.
Si vous souhaitez en apprendre davantage, vous sensibiliser et mettre en place de nouveaux gestes dans votre quotidien pour limiter votre impact, un guide de l’Ademe sur la face cachée du numérique vous donnera quelques clés pour agir, de même que le Mooc “Impacts environnementaux du numérique ”, coproduit par l’association Class’Code et l’Inria. Le magazine Les 4 saisons avait également dédié un article en 2020 à “la sobriété jusqu’au bout du clavier”, pour tendre vers un usage plus responsable du numérique.
Madeleine Goujon