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Début 2023, la Direction départementale de la protection des populations du Rhône a mené une campagne d’analyse sur les œufs des poulaillers domestiques dans les communes situées à proximité de la plate-forme chimique de Pierre-Bénite, au sud de Lyon. Sur 32 échantillons, 28 dépassaient la norme européenne en matière de PFAS. En élargissant aux communes voisines, 34 des 40 échantillons se sont révélés contaminés eux aussi. Les PFAS (substances poly- et perfluoroalkylées) sont des molécules de synthèse largement utilisées dans l’industrie et les produits manufacturés : textiles, poêles, cosmétiques, mousses anti-incendie, batteries, peintures, pesticides, emballages alimentaires… Les PFAS sont utilisés pour leur imperméabilité, leur résistance à la chaleur ou à la lumière, leurs propriétés anti-adhésives ou antitaches. Ces propriétés font d’elles des substances particulièrement persistantes dans l’environnement. Par suite d’une exposition répétée et à long terme, les PFAS « peuvent entraîner des problèmes de santé tels que des lésions hépatiques, des maladies thyroïdiennes, de l’obésité, des problèmes de fertilité et des cancers », selon l’agence européenne pour l’environnement (AEE).
Contraint de réagir, le gouvernement a demandé un état des lieux de la présence de PFAS dans les rejets aqueux de 5 000 sites industriels susceptibles d’utiliser ces “polluants éternels”. Jusqu’à présent, les rejets industriels ne sont quasiment pas réglementés. À l’exception de cinq usines de fabrication de PFAS situées à Pierre-Bénite (Rhône), Villers-Saint-Paul (Oise), Tavaux (Jura) et Salindres (Gard), ainsi que de l’usine Tefal de Rumilly (Haute-Savoie), les sites pollués par les PFAS sont à ce jour largement méconnus. À la suite d’une enquête collaborative internationale “Forever Pollution Project”, Le Monde a publié une carte montrant les usines de production de PFAS, certains sites où ils sont utilisés, ainsi que les sites où une contamination a été détectée et ceux où elle est présumée.
Josselin Rivoire