L’ébrancheur
A. Pontoppidan |
Cet article est extrait du livre J’apprends à tailler mes arbres d’Alain Niels Pontoppidan.
Le sécateur
Le sécateur est l’outil de base du tailleur. Classiquement, il comporte une lame mobile, tranchante, et une contre-lame fixe, non tranchante. Ce n’est pas un outil qui fonctionne par cisaillement, comme une paire de ciseaux. Il peut d’ailleurs être très frustrant de vouloir couper une feuille de papier ou un morceau de tissu avec un sécateur. La lame tranchante pénètre dans le travers du rameau. Elle est affûtée d’un seul côté, comme un ciseau à bois. Son côté plat, qui glisse le long de la contre-lame, possède un très léger biseau destiné à éviter que la lame s’ébrèche quand les deux lames se croisent. Il existe également des sécateurs à enclume, dont la contre-lame est un petit plateau où vient buter la lame tranchante. Ils fonctionnent de la même manière. On leur reproche de trop écraser les tissus, ce qui n’est pas vrai à condition qu’ils soient bien affûtés.
Utilisation
Pour couper en respectant les règles de cicatrisation, on tourne la lame tranchante du côté de la partie conservée, tandis que la lame fixe, qui écrase toujours un peu les tissus, s’appuie sur le rameau à supprimer. Avec un sécateur, on peut couper des branches de 1 à 1,50 cm de diamètre.
Quand les branches sont plus importantes, la lame se coince dans la taille. On a tendance, dans ce cas, à tournicoter le sécateur pour couper, ce qui abîme le cambium. Il est nettement préférable d’aider la lame à pénétrer dans le bois (jusqu’à 3 cm de diamètre) en écartant l’entaille. Pour cela, en même temps qu’on coupe, il faut pousser de sa main libre sur la branche à supprimer. L’entaille s’écarte et la lame entre plus facilement. Il faut un peu d’entraînement pour réussir ce geste, mais il permet de s’épargner beaucoup d’efforts et d’éviter l’écrasement des tissus.
Pour que la lame du sécateur pénètre plus facilement, on pousse avec sa main libre sur la branche à supprimer.
A. Pontoppidan |
Entretien
Réglage de l’écartement. Si l’on constate que les deux lames ont tendance à s’écarter quand on coupe, il faut les resserrer, juste assez pour qu’elles se croisent sans bloquer.
Sur un sécateur à enclume, il faut régler la hauteur de l’enclume de sorte que la lame l’effleure juste, sans la toucher.
Graissage : pensez à mettre une goutte d’huile de temps en temps pour lubrifier l’axe.
Affûtage : il faut affûter souvent pour faire des coupes nettes qui cicatriseront bien. L’affûtage d’un sécateur classique se fait avec une pierre mince, sur un seul côté. Le côté plat qui glisse sur la contre-lame n’est pas affûté, mais simplement lissé à chaque début de saison avec une pierre à huile.
Les deux biseaux de lame des sécateurs à enclume doivent être affûtés.
Lissage : la lame est parfois encrassée par des dépôts de gomme ou de résine. Nettoyez avec de l’eau savonneuse et finissez par un lissage avec un tampon de laine d’acier.
L’ébrancheur, ou sécateur à deux mains
Il existe, comme pour les sécateurs, des ébrancheurs à lame et contre-lame, et des ébrancheurs à enclume. Certains sont munis d’un système de démultiplication qui permet de couper du bois encore plus gros. Il faut savoir que plus un sécateur doit couper une grosse branche, plus les risques d’écrasement des tissus sont importants. Il est souvent préférable de couper une branche moyenne à la scie, plutôt que de forcer pour la supprimer avec l’ébrancheur.
Utilisation
L’ébrancheur se manie à deux bras, en respectant les règles d’emploi du sécateur, c’est-à-dire en tournant la contre-lame vers la partie supprimée. Un seul des deux bras du tailleur est actif, c’est celui qui actionne la lame tranchante. L’autre bras ne bouge pas et sert de point d’appui.
Entretien
L’ébrancheur s’entretient comme un sécateur. Nettoyages, graissages et affûtages réguliers, sans oublier le nettoyage de la lame quand elle s’encrasse.
L’échenilloir
L’échenilloir n’est pas un outil de taille. Il sert, comme son nom l’indique, à supprimer les chenilles… C’est un sécateur monté au bout d’une longue perche, actionné depuis le sol, que l’on utilise pour faire tomber les nids de chenilles processionnaires dans les pins. On peut aussi éventuellement
L’utiliser pour tailler des branches inaccessibles sur de grands arbres, mais c’est un pis-aller. Il est quasi impossible de placer la lame de coupe selon le bon angle et les cicatrisations sont très compromises.
Utilisation
La contre-lame recourbée s’appuie sur le rameau à sectionner. On actionne ensuite la lame mobile depuis le sol à l’aide d’une cordelette.
Entretien
Même entretien que pour un sécateur. Ajoutez de temps en temps une goutte d’huile sur la petite poulie de rappel.
La scie d’élagage
C’est une scie de forme particulière, avec une lame étroite et recourbée, dont la denture est inclinée vers l’arrière, de façon à travailler non pas en poussant, comme avec une scie ordinaire, mais en tirant. Les meilleurs et plus récents modèles ont une denture non avoyée, dite « denture japonaise », qui réalise une coupe particulièrement nette favorisant le recouvrement des plaies.
Utilisation
La coupe d’une branche se fait en trois temps :
- faites d’abord une entaille au-dessous de la branche, légèrement à distance ;
- finissez de couper sur le dessus, légèrement en retrait de l’entaille ; il va rester un petit chicot ;
- pour finir, supprimez le chicot en le coupant avec précision au niveau du col de la branche.
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A. Pontoppidan |
Entretien
Lissage : enlevez avec de l’eau additionnée de liquide vaisselle les traces de gomme qui adhèrent à la lame. Si nécessaire frottez les points de rouille avec une toile émeris fine.
Affûtage : tenez la lame dans un étau pour un travail précis. Selon la forme de la denture, utilisez une lime à picots (en forme de losange aplati) ou une lime tiers-point, en respectant rigoureusement l’inclinaison donnée par le fabricant.
Avoyage : l’avoyage est destiné à donner de la voix – on dit aussi donner du passage – à la lame de la scie. On utilise pour cela une pince à avoyer, avec laquelle on incline alternativement les dents de part et d’autre de l’axe de la lame, pour lui éviter de se coincer dans le trait de scie. Ce type de scie à tendance à déchirer les bords de la plaie.
Les scies à denture japonaise n’ont pas à être avoyées. Plus étroites dans leur partie dorsale que du côté des dents, elles pénètrent aisément dans le bois vert. Leur affûtage est très délicat. Elles ont la plupart du temps des lames en acier durci qui ont une longue durée de vie.
La cisaille
La cisaille est l’outil traditionnel pour tailler les haies. Elle doit être solide, avec des lames épaisses et rigides. Certains modèles possèdent une contre-lame crantée qui évite aux branches un peu épaisses de glisser au moment de la coupe.
Utilisation
Contrairement au sécateur, la cisaille fonctionne comme une paire de ciseaux. Elle ne peut donc couper que des branches de petit diamètre. Elle s’utilise à deux mains, en gardant les lames parallèles à la face de la haie à couper.
Entretien
L’affûtage se fait avec une lime douce, en respectant l’angle prévu par le fabriquant. Resserrez de temps en temps l’écrou papillon de l’axe pour y déposer une petite goutte d’huile. Il faut aussi lisser les lames régulièrement, comme pour les scies d’élagage, car elles ont tendance à s’encrasser de gomme.
Précaution sanitaire
Si vous travaillez sur des arbres en mauvais état sanitaire, pensez à désinfecter (avec de l’alcool à brûler) vos outils de taille. Rappelez-vous que le chancre coloré, cette terrible maladie qui a ravagé les platanes dans le Midi de la France, a été largement propagée par les outils de taille.
Alain Niels Pontoppidan