Une vingtaine de mares ont trouvé leur place dans le Centre Terre vivante. Des zones humides bénéfiques pour la faune et la flore.
C. Corbet | Terre vivante
Avant l’arrivée de Terre vivante en 1992, il n’existait comme zone humide sur le Domaine de Raud que le ruisseau, une petite source et une mare naturelle.
Des mares…
Au sein de ses 50 hectares, le Centre Terre vivante possède désormais plus d’une vingtaine de mares, ainsi que de nombreux autres points d’eau (bassins, phytoépuration, …). Une seule des mares est d’origine naturelle, tandis que les autres ont été mises en place par Terre vivante au fil des années.
Crapaud sonneur à ventre jaune se prélassant.
C. Laffay | Terre vivante
Un rapport de la LPO réalisé en 2017 fait état de de l’impact positif de la création de ces zones humides sur les populations de libellules (6 espèces observées en 1992 contre 12 en 2017). La petite population de crapauds sonneurs à ventre jaune, également présente en 1992, a connu une expansion depuis l’arrivée de Terre vivante, à tel point que la population rencontrée sur le site est considérée comme le principal bastion du Sud Isère.
À la Mare’quarium…
La mare’quarium… Sous ce néologisme se cache l’idée de l’équipe du Centre : réaliser une mare pédagogique qui permet d’observer la vie aquatique de ce milieu passionnant. Crapauds, tritons, larves de libellule et autres grenouilles habitent cet espace riche de vie !
Pourquoi ?
Profitant du trou laissé par une ancienne cuve à gaz, l’équipe a choisi de partager cet amour des mares et de leur faune avec les visiteurs du Centre, en créant ce qu’ils ont baptisé une “mare’quarium“. Cette mare vitrée permet d’observer la faune et la flore directement dans leur milieu, c’est-à-dire sous l’eau ! Située tout près de la maison des visiteurs, dans le coin café, elle répond à une visée esthétique, mais aussi pédagogique.
La mare’quarium, le lieu d’observation privilégié de la vie aquatique.
O. Blanche | Terre vivante
Comment ?
A l’intérieur, la mare présente des pentes réalisées en pierre et comblées de terre et de pouzzolane. Double intérêt : d’une part, les différentes profondeurs proposent différents milieux de vie qu’il sera facile d’observer à travers les vitres ; d’autre part la pouzzolane agit comme masse filtrante. En effet, notre mare’quarium rencontre les deux problèmes inhérents aux mares et aux aquariums c’est-à-dire un risque de prolifération d’algues et des vitres rapidement encrassées. Contrairement aux aquariums classiques, il n’est pas question d’introduire des escargots d’eau douce qui auraient vite faite de proliférer et coloniser les mares voisines, mettant à mal des écosystèmes naturels qui ne sont pas en mesure de les accueillir. La question de la filtration des nitrates à l’aide de bactéries est donc primordiale et la pouzzolane, doublée d’un système de pompe solaire, remplit cette fonction.
Le trop-plein de la mare’quarium se déverse dans la grande mare des pompiers qui se situe en contrebas.
Au final, le chantier, commencé à l’automne 2016 puis repris à l’été 2017 (afin de bénéficier d’un durcissement optimal et ainsi résister à la pression qu’exerce le contenu de la mare), a duré en tout 20 jours.
Faune et flore
La mare’quarium est agrémentée d’au moins 3 m3 de végétaux aquatiques locaux. Les variétés sélectionnées sont plantées entre 0 et 1,25 m de profondeur et résistent aux gels de nos régions montagneuses : myriophylle, callitriche, renoncule aquatique, nénuphars… Ces végétaux débordent sur les faces non vitrées (sud et est) afin de favoriser la circulation de la faune.
Elle accueille la même faune que celle observée dans les mares déjà présentes dans les jardins : crapauds sonneurs, dytiques, notonectes, puces d’eau, larves d’insectes, libellules, etc. À moins de trouver une espèce non invasive, la mare’quarium n’hébergera ni poisson ni gros prédateur.
Le potager aquaponique
Depuis le printemps 2019, une nouvelle zone de culture est en test dans les jardins de Terre vivante. L’idée : élever des truites en association avec des plantes potagères. Les poissons nourrissent les plantes avec leurs déjections, les plantes filtrent l’eau et la remettent en circuit. Un véritable système vertueux !
Système vertueux en circuit fermé, le potager aquaponique a trouvé une place de choix dans le Centre Terre vivante
J-J. Raynal |
Deux bassins de 8 m3 environ ont été mis en place afin d’accueillir des poissons. L’eau issue de ces bassins passe par gravité dans une zone de culture où poussent des végétaux sur des supports inertes (billes d’argile ou pouzzolane). Une fois filtrée par les végétaux, l’eau remonte par un système de pompage vers les poissons.
Le véritable enjeu est de réussir à produire assez de nourriture pour ces animaux aquatiques (larves, lombrics…) à partir de la décomposition des matières organiques présentes sur le site (reste de nourriture, composts, fumiers, …).
Au départ, le potager aquaponique comptait 80 truites. L’eau n’étant pas assez chargée en nutriments pour nourrir les végétaux, 40 truites ont été ajoutées en 2002.
Après la pause hivernale, le système redevient opérationnel pour les végétaux début avril.