Le choix des légumes pour s’adapter à la canicule et au réchauffement climatique

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Aujourd’hui, nous devons essayer de passer sans encombre une période marquée par une modification brutale du climat, dans laquelle le choix des légumes est un critère non négligeable pour continuer de jardiner sereinement. Les leviers sont nombreux : choisir des variétés et des espèces adaptées à la chaleur, privilégier les légumes sobres en eau, tester des espèces exotiques, favoriser les plantes pérennes et miser sur la diversité.
Le choix des légumes pour s'adapter à la canicule et au réchauffement climatique 1

Pour adapter votre potager au réchauffement, optez pour les plantes exotiques comme l’amarante, une plante annuelle dont on consomme les feuilles et les graines.
J.-J. Raynal | Légumes et canicule

 

Ces explications sont issues du livre Légumes et canicule de Blaise Leclerc.

Des variétés et des espèces adaptées à la chaleur

Pour beaucoup de légumes, l’offre variétale est importante et les semenciers proposent certaines variétés plus adaptées à la chaleur que d’autres. Ces variétés ont certainement de beaux jours devant elles. Cependant, les différences variétales ont leurs limites et il faudra parfois se rabattre sur une autre espèce proche, de la même famille botanique ou non.

Des variétés adaptées à la chaleur

Avant de refaire votre stock de graines, renseignez-vous s’il existe, pour certaines espèces, des variétés bien adaptées à la chaleur. C’est intéressant par exemple pour les  plantes qui peuvent monter rapidement en graines quand il fait chaud, comme le céleri-branche, l’épinard, le fenouil ou la laitue. Ainsi, l’épinard ‘Viroflay’ est résistant aux chaleurs de l’été. Parmi les laitues plus résistantes à la chaleur, citons les batavias ‘Carmen’, ‘Dorée de printemps’, ‘Grenobloise’ ou ‘Magenta’, ou la laitue beurre pommée blonde ‘Kagraner sommer 2’. Si vous souhaitez faire vos semences à partir de ces variétés, vérifiez bien qu’il ne s’agit pas de F1. Quand vous le pouvez, cultivez deux ou trois variétés la même année pour comparer leurs résistances à la chaleur.

Des espèces adaptées à la chaleur

La résistance à la chaleur d’une variété a ses limites. Par exemple, si vous n’arrivez plus à faire d’épinard en plein été chez vous, quelle que soit la variété, rabattez-vous sur une autre espèce qui se consomme de la même manière, comme l’arroche ou la tétragone. Parmi les courges de conservation, celles appartenant à l’espèce Cucurbita moschata (par exemple la ‘Butternut’ ou la ‘Longue de Nice’) aiment plus la chaleur que celles appartenant à l’espèce Cucurbita maxima (comme le potimarron). Vous pouvez aussi essayer de cultiver des espèces exotiques en provenance de pays chauds. Beaucoup de nos légumes sont déjà d’origine exotique, comme les tomates, poivrons, piments, aubergines, maïs doux et bien d’autres, mais vous pouvez également tester d’autres espèces exotiques comme l’amarante, le pois chiche, la patate douce ou la tétragone, assez faciles à produire, dont les semences ou les plants sont disponibles chez les semenciers bio.

Privilégier les légumes sobres en eau

Les légumes cultivés en automne-hiver et au printemps demandent moins d’arrosage car ces saisons sont encore relativement bien arrosées. Certains légumes possèdent un système racinaire qui descend puiser l’eau en profondeur : ils résistent ainsi plus facilement que d’autres à des périodes de sécheresse.

Légumes d’automne-hiver et de printemps

La fréquence des périodes de sécheresse et de canicule augmentant, faire son potager en été risque de devenir de plus en plus difficile. La ratatouille pourrait devenir un plat rare si les principaux légumes qui la composent – aubergine, poivron, courgette, tomate – sont plus difficiles à produire. Heureusement, beaucoup d’autres légumes se cultivent en automne-hiver et au printemps. Ils bénéficient alors des précipitations qui restent encore suffisamment abondantes au cours de ces saisons pour pouvoir se développer correctement. On peut considérer que ces légumes (ail, asperge, betterave, blette, chicorée d’hiver, échalote, épinard, fève, mâche, oignon, pois, roquette, topinambour) sont plus sobres en eau car ils nécessitent beaucoup moins d’arrosages que les légumes d’été (voire aucun). Il est aussi prudent de privilégier les variétés primeurs ou précoces afin de bénéficier des pluies printanières et de récolter certains légumes avant les fortes chaleurs.

Légumes à enracinement profond

Parmi les légumes sobres en eau, il y a aussi ceux qui savent aller chercher l’eau en profondeur. Citons le panais, le salsifis et la scorsonère. Leurs très longues racines pivotantes descendent au moins à 40 cm de profondeur, ce qui permet d’atteindre de l’eau qui n’est plus accessible à la plupart des autres légumes du potager. Ces espèces ont aussi le mérite de nous offrir des saveurs souvent mal connues (le goût du salsifis cultivé au potager n’a rien à voir avec celui que l’on trouve en conserve…). Le panais est de plus très résistant au gel et peut donc rester en terre tout l’hiver.

Miser sur la diversité

L’avenir, toujours incertain par essence, mais encore plus en raison du changement climatique en cours, nous incite à appliquer le dicton bien connu « Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier », ce qui dans le potager peut signifier « Cultiver la plus grande diversité possible de légumes ».

Augmenter le nombre d’espèces cultivées

Si au total nous cultivons une cinquantaine de légumes différents chaque année, nous avons plus de chance d’en récolter en cas de phénomènes météorologiques néfastes que si nous n’en cultivons qu’une vingtaine. Parmi ces légumes, choisissez-en quelques-uns qui sont plus résistants à la chaleur (l’arroche ou la tétragone en plus des traditionnels épinards par exemple). Tester des espèces exotiques pour voir si elles s’adaptent bien ou non dans votre potager.

 

 

Profiter de l’offre variétale

Essayez d’autres variétés que celles que vous avez l’habitude de cultiver. Prenez le réflexe de ne jamais cultiver une seule variété d’un légume mais deux ou trois : il y en aura toujours une qui « tirera son épingle du jeu » en cas de problème. Dans le vaste choix des variétés de tomates – les semenciers bio en proposent souvent près d’une centaine chaque année –, prévoyez des précoces, des semi-tardives, des tardives, des petites (type cerise), des moyennes et des grosses. Vous multipliez ainsi les chances d’en récolter quelle que soit la météo de l’été. 

Profitez de l’offre variétale, par exemple pour les tomates.
J.-J. Raynal | Légumes et canicule

 

Blaise Leclerc

 

Si vous souhaitez en apprendre davantage, pour savoir comment gérer l’eau, faire face aux épisodes extrêmes, mieux accompagner vos cultures ou quelles plantes exotiques et plantes pérennes tester dans votre potager, vous trouverez de nombreux conseils dans le livre Légumes et canicule de Blaise Leclerc.