Pailler le sol pour ne pas le laisser à nu est un fondement de la permaculture, comme ici dans le potager familial du Centre Terre vivante.
JJ. Raynal |
La permaculture n’est pas un ensemble de règles à suivre partout et de la même façon, encore moins un dogme. Les écrits des fondateurs du concept, Bill Mollison et David Holmgren, peuvent (et doivent) être contestés. C’est le cœur même de l’approche permaculturelle : s’adapter à un contexte spécifique, à un lieu, une situation et des conditions qui invitent à l’expérimentation.
Observer et agir respectueusement
La permaculture nous invite donc à observer, à apprendre et comprendre le fonctionnement des écosystèmes naturels, pour orienter nos conceptions. Pour cela, il est utile de se plonger dans des livres qui traitent de ces concepts et des différentes approches de la permaculture.
De même, notre connaissance générale des plantes et du jardin guidera nos choix de plantations. Une technique n’est pas permaculturelle en soi : elle ne le sera que si elle découle des principes et de l’éthique de la permaculture et si elle est déclinable dans un design de permaculture. Ce qui fonctionne à un endroit ne marchera pas nécessairement à un autre.
Si les environnements sont différents, les objectifs sont les mêmes :
- prendre soin de la terre (ne pas polluer les eaux, les sols) ;
- prendre soin des habitants de la terre (se nourrir, se chauffer et habiter d’une manière saine pour les hommes) ;
- recycler, retourner, réinvestir le surplus de ressources et d’énergie.
Quelle différence entre permaculture et jardinage biologique ?
On entend parfois dire que la permaculture n’est qu’un avatar du jardinage bio, sous un autre nom. La première est beaucoup plus que de la production alimentaire, c’est une approche globale. Le second est une méthode. En revanche, les deux se rejoignent et se complètent. Si vous êtes un jardinier bio expérimenté, l’éthique, les principes et les outils de la permaculture enrichiront sans doute votre expertise du jardin.
Quand sobriété rime avec efficacité
La permaculture considère l’ensemble “habitat + terrain” comme un système vivant entier. Les systèmes ouverts, par exemple le poulailler, le compost ou encore le potager, fonctionnent en échangeant énergies et matériaux avec leur environnement de façon continue.
C’est en observant la nature que nous apprenons comment les écosystèmes fonctionnent. Dans la phase de “design” (conception), nous considérons notre maison et son terrain comme un système ouvert, dans lequel nous essayons de réduire les entrées et les sorties (sobriété), tout en maximisant la valeur et la fonction des énergies et matériaux à l’intérieur de ce système (efficacité).
L’étude des écosystèmes fait également ressortir les relations bénéfiques entre plantes et animaux. Prenez la consoude : avec ses racines profondes, elle extrait les minéraux utiles du sol inférieur. Quand ses feuilles tombent et se décomposent sur la surface, ces minéraux deviennent disponibles pour les autres plantes qui, elles, ne peuvent pas aller les chercher en profondeur dans le sol.
Nous essayons d’identifier et de créer ce type de relations bénéfiques au moment de la conception de nos jardins et de nos habitations en plaçant bâtiments, plantes et animaux de sorte que la sortie de l’un devienne l’entrée d’un autre. La permaculture, c’est un peu de l’écologie et de l’analyse systémique appliquées !
S’inspirer de la nature
Mais le travail de la nature doit se compléter, bien évidemment, d’une gestion intelligente par l’homme. Prenons l’exemple de la forêt-jardin. Même si l’idée de base se veut la copie d’un écosystème naturel, il existe beaucoup de différences entre cette forêt-jardin et son modèle, un bois jeune. Il n’y a en réalité que les lisières d’un bois que nous voulons copier, c’est-à-dire les zones où toutes les plantes ont accès à la lumière du soleil. En effet, la densité de plantation dans une forêt-jardin est nettement moindre que celle d’un jeune bois naturel.
Par ailleurs, nous devons également arrêter le processus de succession au stade où il est le plus productif et le plus utile à l’homme : les arbres doivent être taillés et maintenus à une hauteur où nous pouvons récolter.
Ainsi, nous pouvons dire qu’a minima, la “permaculture” est un terme générique pour décrire une vie respectueuse de l’environnement. Au mieux, il s’agit d’un prototype prometteur qui nécessite une forte implication : apprentissage, recherche, expérimentation, travail acharné…
Des pistes de design
Chaque jardin, en fonction de son environnement, de ses ressources mais aussi des possibilités de son propriétaire, sera conçu différemment. Aussi, il n’est pas possible de donner un mode d’emploi universel. Toutefois, certains types d’aménagement sont courants dans le monde de la permaculture. En voici quelques-uns :
- la forêt-jardin ;
- le compost ;
- le compagnonnage, c’est-à-dire l’association de plantes amies ;
- les haies variées, favorables à la biodiversité ;
- le paillage, ne pas laisser un sol nu afin de limiter la pousse des adventices tout en améliorant le sol ;
- l’utilisation d’énergies renouvelables ;
- la non-utilisation d’engins nécessitant des ressources non-renouvelables et polluantes ;
- la récupération des eaux pluviales ;
- des espaces de cultures denses et étagés.
Cette liste n’est pas exhaustive mais elle donne un aperçu de plusieurs aménagements, fréquemment utilisés dans les jardins permaculturels.
Stuart et Gabrielle Anderson