Symptômes et dégâts du hanneton
Certains printemps, des hannetons adultes migrent en grand nombre pour s’installer dans des arbres et en dévorer les feuilles, en forêt, dans des haies ou des vergers. Des invasions spectaculaires qui, heureusement, ne durent pas plus d’une vingtaine de jours.
Mais, comme souvent chez les insectes, c’est le stade larvaire qui provoque le plus de dégâts sur les cultures. Les larves, ou vers blancs, vivent dans le sol et mettent à leur menu toutes les racines qui passent à leur portée. Résultats : des taches jaunes dans les pelouses quand ils s’en prennent aux racines de graminées, des massifs de fleurs ravagés, des légumes-racines ou des tubercules creusés de galeries (pommes de terre, betteraves, navets…). Amputées d’une partie de leurs organes nourriciers, les plantes flétrissent et les cavités creusées dans les légumes augmentent les risques de pourriture. Les jeunes arbres fruitiers peuvent également en pâtir.
Ces invasions périodiques de hannetons, généralement tous les trois ans, étaient autrefois considérées comme un véritable fléau. Les enfants des écoles étaient mobilisés pour le « hannetonnage » : battage des arbres au-dessus d’une toile pour ramasser des milliers d’adultes dans les vergers. Aujourd’hui, les effectifs de ces insectes et leurs dégâts ont considérablement décru, et on ne les retrouve que dans quelques régions herbagères voisines de forêts de feuillus. Plus que l’utilisation d’insecticides du sol, c’est sans doute la mécanisation et l’intensification du travail du sol à partir des années soixante qui explique cette régression, les vers blancs étant très fragiles.
Carte d’identité de ce nuisible
© Christian Galinet
Le hanneton commun adulte (Melontha melontha) est un coléoptère de 2 à 3 centimètres de long, au corps brun très reconnaissable. Les larves, par contre, peuvent être confondues avec celles de la plupart des membres de cette famille de scarabéidés (lucanes, bousiers…) et notamment avec celles des cétoines, très fréquentes dans les jardins. Ces gros vers blanchâtres, de 1 à 4 centimètres de long selon les stades larvaires, sont recourbés en arc, avec trois petites paires de pattes et l’extrémité de l’abdomen noirâtre. La larve de l’inoffensive cétoine dorée, qui apprécie beaucoup les tas de compost de nos jardins, paie un lourd tribu à cette phobie des vers blancs, sans doute inscrite dans notre inconscient collectif depuis les famines provoquées par les hannetons au Moyen Âge.
© Christian Galinet
La seule façon de les différencier est de les mettre sur une surface dure : toutes deux possèdent des poils sur le dos, mais seule la larve de cétoine s’en sert pour se mouvoir, alors que celle du hanneton utilise plutôt ses pattes.
Mode et cycle de vie du hanneton
Après y avoir passé tout l’hiver, les hannetons adultes sortent de terre en avril-mai. Ils n’ont alors guère plus d’un mois d’espérance de vie et vont migrer en groupe vers des arbres pour se nourrir des feuilles et se reproduire. Puis les femelles repartent en sens inverse pour pondre chacune une vingtaine d’œufs dans le sol. L’éclosion des larves intervient 6 semaines après la ponte, et c’est alors qu’elles commencent à dévorer les racines à leur portée. Leur cycle va se poursuivre pendant trois ans avec deux mues successives et deux périodes d’hivernage, durant lesquelles elles s’enfoncent dans le sol. La taille de la larve et sa voracité allant croissant, les dégâts estivaux peuvent être importants si la concentration en vers blancs dépasse le seuil de tolérance de 5 au mètre carré.
© Christian Galinet
En juillet ou en août de la troisième année, les larves se nymphosent dans le sol après s’être confectionné une logette de terre durcie. L’adulte n’en émerge qu’au printemps suivant.
Traitements et techniques de lutte biologiques
- Les larves, bien dodues, ont de nombreux ennemis naturels, à commencer par de nombreux oiseaux qui s’en régalent. Il faut y ajouter les hérissons, les taupes, les volailles et les carabes, sans oublier des bactéries, nématodes et champignons susceptibles de fournir des méthodes de lutte biologique. Veillez à rendre votre jardin accueillant à ces prédateurs.
- Un champignon spécifique a d’ailleurs été testé avec succès par l’INRA, il y a une trentaine d’années. Mais son développement a été abandonné, les dégâts des hannetons n’ayant plus d’importance économique.
- Des attaques ponctuelles sont possibles dans des jardins situés à proximité de prairies et de zones boisées. Dans ce cas, un ou plusieurs binages d’été en période pas trop sèche (sinon les larves descendent en profondeur) permettent de supprimer bon nombre de vers blancs, mal protégés contre les blessures.
- Sinon, comme pour beaucoup de larves, vous pouvez avoir recours à des nématodes. Ils vont alors pénétrer dans les larves, afin d’y loger une bactérie les rendant assimilables pour eux. Ensuite, ils vont les dévorer.
Antoine Bosse-Platière