Vente de soupes sur le marché de Quimper, mars 2021.
| Graines de liberté
« Le savoir-faire lié à la question des semences est en train de disparaître, il est passé des champs au laboratoire, c’est très préoccupant, constate Emmanuel Antoine, secrétaire de l’association Graines de liberté – Hadoù ar Frankiz. Récolter sa semence, c’est quelque chose que nos anciens, quelques générations derrière nous, faisaient régulièrement, et ce sont des savoirs qu’on a besoin de se réattribuer. » Le domaine des semences dépend aujourd’hui en grande partie de grands établissements industriels : même des légumes bio peuvent être issus de semences hybrides Bayer ou Monsanto ! L’association Graines de liberté vise ainsi à encourager et promouvoir l’usage de semences variétés populations, tout en transmettant et diffusant les connaissances liées à celles-ci.
Des semences libres et adaptables
Les variétés populations – également appelées anciennes ou paysannes – ont, contrairement aux semences hybrides, la particularité d’être hétérogènes : « Cela signifie que dans un sachet de graines, s’il y a 40 graines, ce sont 40 individus différents », explique Cyril Grillot, membre de l’association bretonne. Avec cette diversité génétique, ces semences à pollinisation libre s’adaptent aux spécificités d’un terroir, d’un sol mais aussi des évolutions du climat.
Les légumes qui en sont issus présenteraient également d’intéressantes qualités nutritives et gustatives. À la base même de notre alimentation, la question des semences concerne tout le monde et non pas seulement les personnes les produisant. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le collectif Graines de liberté « implique tous·tes les acteurs·trices de l’alimentation, notamment les cuisinier·e·s, qui accompagnent l’évolution de nos relations à la nourriture ».
Différentes semences variétés populations.
| Graines de Liberté
Les semences se veulent être librement reproductibles, sans certificat d’obtention végétale ou brevet, « pour qu’à terme, les maraîchers et maraîchères et les pépiniéristes puissent produire leurs propres graines » selon Cyril Grillot.
Le lancement de la coopérative semencière
Une des manières de valoriser le travail des artisans et artisanes semenciers et semencières passe par la vente de leurs graines. Avec un catalogue d’environ 80 variétés populations produites par une quinzaine de producteurs et productrices de Bretagne, mais aussi des jardiniers et jardinières amateurs et amatrices, l’association devrait se constituer en société coopérative d’intérêt collectif d’ici la fin de l’année 2021. Graines de liberté a ainsi lancé son appel aux dons sur une plateforme en ligne pour financer les investissements matériels et professionnels nécessaires au bon fonctionnement de la coopérative semencière. Elle propose également à la vente des sachets de graines, mais aussi des bocaux (tartare à l’ail des ours et soupes) sur le marché de Quimper les samedis. L’association entend valoriser tout ce qui est valorisable, « tout ce qui est en rapport avec le vivant » d’après Emmanuel Antoine, et ainsi repenser la relation entre l’humain et les espèces vivantes végétales.
Si vous souhaitez participer à l’aventure et soutenir Graines de liberté, vous trouverez sa campagne de financement participatif en suivant ce lien.
Madeleine Goujon