Pour ce banc d’essai, le choix des variétés s’est porté sur celles les plus répandues chez les semenciers.
J. Rivoire |
S’agissant des variétés de concombre (Cucumis sativus), la diversité est au rendez-vous chez les semenciers bio. On en compte jusqu’à quinze à la Ferme de Sainte Marthe et treize chez Graines del Païs. Au total, trente-six variétés sont inscrites au catalogue officiel !
Les modalités de l’expérimentation
Les dix variétés sélectionnées pour notre essai sont les plus répandues parmi celles proposées par les vendeurs de semences bio. L’objectif était d’évaluer leur levée, leur tolérance aux maladies et leur productivité. Le semis a eu lieu sous serre chauffée le 27 avril, par plaques de 35. Mis à part les concombres à confire (‘Mélothérie’), qui ne germeront pas, nous avons observé dix jours plus tard une levée assez homogène pour l’ensemble des variétés… même si certaines se distinguaient déjà : au moment de la transplantation, le 21 mai, une partie d’entre elles avait déjà une longueur d’avance en termes de vigueur. Pour chaque variété, trois plants ont été repiqués sur une lasagne, à l’intéreur de la serre des expérimentations. Pour le palissage, les tiges ont été enroulées sur des ficelles, fixées à l’armature de la serre. Aucun étêtement – et aucune taille de manière générale –, n’a été opéré. L’amertume des concombres pouvant provenir d’un manque d’eau, nous avons automatisé l’arrosage par goutte-à-goutte à l’aide d’un programmateur. Des attaques ciblées d’acariens et de pucerons ont été observées sur certaines variétés. Quant aux rongeurs installés dans la lasagne, leur intérêt s’est porté sur les tomates poussant juste à côté !
“À la base, je n’aimais pas beaucoup les concombres, avec ce test j’ai goûté à beaucoup de saveurs différentes et j’y ai trouvé mon compte” confie Josselin Rivoire, rédacteur en charge de l’expérimentation.
J. Rivoire |
Les fruits ont fait l’objet de la traditionnelle dégustation par les salariés de Terre vivante. Les concombres ont été goûtés crus, sans accompagnement, avec et sans la peau. Le critère gustatif reste bien entendu très subjectif et ne doit pas vous détourner de vos variétés favorites.
Les résultats de l’expérimentation
‘MARKETMORE 97’ (S, LBG*, G*, LSB*, E*)
L’université américaine Cornell a développé plusieurs variétés dont le nom est suivi d’un chiffre correspondant à l’année de sa mise sur le marché. Le ‘Marketmore 97’ a donc tout juste 23 ans. Il produit des fruits vert foncé, parfois légèrement courbés et ornés de petites épines blanches. Fidèle à sa réputation, il a fait preuve d’une grande résistance aux agressions et montré une productivité remarquable et précoce, en fournissant de beaux fruits de manière régulière pendant près de deux mois. À la fois croquant et juteux, avec un goût équilibré, il a emporté l’adhésion générale malgré une peau parfois considérée comme trop épaisse.
La variété Marketmore 97 a été la plus plébiscité permis les salariés de Terre vivante qui ont participé à la dégustation.
J. Rivoire |
`‘LEMON’ (LBG, S, G, SM, GDP, K)
On n’arrête plus le ‘Lemon’ ! Volubile, il peut grimper à plus de 2 m de haut si on lui en laisse la possibilité. Les fruits de ce concombre productif, en continuelle formation, ont été récoltés jusqu’en octobre. Pas d’erreur sur la marchandise : jaunes et ronds, ils ressemblent bien à des citrons d’une taille allant jusqu’à 10 cm de diamètre. Son originalité, et peut-être sa chair douce et sans amertume, lui ont valu un franc succès lors des dégustations.
‘VERT LONG MARAÎCHER’ (LBG, S, G, SM, GDP, E)
Le ‘Vert long maraîcher’ (photo p. 82) s’est illustré par sa précocité et une appréciable régularité de production. Fin juillet, les fruits, jusque-là élancés, ont pris une forme de goutte. On peut l’expliquer par un défaut de pollinisation provoqué par les fortes chaleurs. Son goût, doux et parfumé, a eu les faveurs des salariés de Terre vivante. À la conservation toutefois, sa peau délicate, ornée de petites épines, se creuse à la moindre griffure.
‘TANJA’ (LBG, S, G, SM, GDP, K, E)
Hâtif, le ‘Tanja’ a d’abord surpassé les autres variétés en termes de vigueur et de production. Ses fruits à la peau lisse et lustrée ont atteint 25 cm, mais sa frénésie a vite été endiguée par une attaque de tétranyques tisserands, hâtant son déclin. Cet acarien, qui a touché uniquement cette variété, a pu se développer avec les températures excessives et l’absence d’arrosage des feuilles. La période de production n’a duré au final que six semaines. À la dégustation, il a reçu une bonne appréciation, les commentaires évoquant notamment son croquant et sa saveur fruitée.
‘ARMÉNIEN’ (S, G, LSB, SM, GDP, K)
Parfois appelé concombre serpent pour la forme contournée que prend son fruit lorsqu’il repose au sol, le concombre ‘Arménien’ fait en réalité partie de la famille des melons (Cucumis melo). Il aura fallu attendre 80 jours après la plantation pour récolter le premier fruit d’un vert pâle, moucheté et légèrement duveteux. Son caractère tardif a été compensé par le poids de récolte, près de 500 grammes par concombre. Sa chair dense et blanche ne manque pas d’intérêt, d’autant qu’elle exprime un goût fin et légèrement sucré.
Le concombre lemon se distingue bends autres variétés par sa forme et sa couleur.
J. Rivoire |
‘ROLLISON’S TELEGRAPH’ (LBG, S, G, SM, GDP, K)
Variété déjà connue au XIXe siècle, le ‘Rollison’s Telegraph’ a encore du répondant. Il produit de gros fruits bien droits, à la peau verte luisante et presque unie. Sa productivité a été doublement affectée par son caractère tardif et sa courte période de production. Sa chair verte et ferme, dénuée d’amertume, en fait pourtant une variété intéressante.
‘MARKETMORE 76’ (SM, LBG*, G*, LSB*, K, E*)
D’une forme comparable au ‘97’, les fruits du ‘Marketmore 76’ sont restés plus petits et moins abondants. Il a montré une bonne résistance aux maladies, y compris en phase de déclin. Qualifiés de fades lors de la dégustation, ses fruits ont suscité moins d’intérêt que ceux de son descendant.
‘LE GÉNÉREUX’ (S, G, SM, GDP, BG, K, E)
Les résultats du ‘Généreux’ sont assez comparables à ceux du ‘Marketmore 76’. Comme lui, il est relativement précoce et décevant sur le plan gustatif. Il produit cependant des fruits sensiblement plus gros, verts et légèrement épineux. Cette variété rustique a subi une forte attaque de mildiou en fin de production.
‘BLANC LONG PARISIEN’ (S, SM, BG, K, E)
Le ‘Blanc long parisien’ nous a donné en réalité des fruits plutôt courts de 10 cm, d’abord épineux et verdâtres puis devenant lisses et blancs en grossissant. Cette variété au feuillage vert pâle s’est montrée très précoce et productive. Elle est la seule à avoir subi l’attaque de pucerons, rapidement après transplantation. Sans aucun soin particulier, il a résisté à l’attaque avec l’aide d’auxiliaires venus à la rescousse. Pourtant, ces bons résultats s’effondrent lorsqu’on évoque la dégustation : trop amer.
S : Semailles, LBG : La Bonne Graine, G : Germinance, SM : Ferme de Sainte Marthe, LSB : La Semence Bio, GDP : Graines del Païs, BG : Biaugerme, K : Kokopelli, E : Essem’bio. *
*Ces vendeurs ne précisent pas s’il s’agit de la variété ‘Marketmore 76’ ou ‘Marketmore 97’.
Josselin Rivoire