Les tiques, porteuses de la maladie de Lyme
Le risque d’infection par la maladie de Lyme est de plus en plus élevé en France. Colportée par les tiques, qui sont actives du printemps à l’automne, surtout par temps chaud, elle sévit désormais dans de nombreuses régions de France. La maladie est arrivée par le nord-est, et l’Alsace est fortement touchée depuis plusieurs années ; on signale des cas de maladie contractée dans les parcs de Paris et d’Île-de-France. Par contre, le pourtour méditerranéen est peu concerné et les tiques sont rares à partir de 1200 mètres d’altitude car elles ne survivent pas au-delà de 1500 mètres. Par contre, avec des automnes doux comme cela a été le cas ces dernières années, elles hibernent tard et il peut arriver de se faire encore piquer en décembre en forêt.
Un dangereux parasite
Les tiques sont une famille d’acariens (800 espèces connues dans le monde) qui parasitent essentiellement les animaux sauvages pour se gorger de leur sang. Du printemps à l’automne, elles se postent dans les herbes ou les broussailles jusqu’à une hauteur maximale d’1,20 à 1,50 mètre pour s’agripper au premier animal à sang chaud qui passe. Elles peuvent donc aussi s’attaquer à l’homme et lui transmettre différentes maladies infectieuses. Ixodes ricinus est l’espèce de tique la plus courante en France. Elle est le principal agent vecteur des bactéries de type Borrelia, responsables de la maladie de Lyme (ou borreliose).
Véritable petit vampire
La tique Ixodes ricinus vit de deux à six ans et connaît trois stades de développement : larve, nymphe et adulte. Pour passer d’un stade au suivant, elle a besoin d’un unique repas sanguin. La larve, minuscule, choisit en général un petit rongeur ou un oiseau. Elle se laisse ensuite tomber au sol et mue.
Au stade suivant, elle peut s’en prendre à une plus grande variété de petits mammifères ou d’oiseaux.
Enfin, la tique femelle adulte doit prendre un dernier repas avant de pondre et elle choisit de préférence de grands mammifères sauvages (cervidés…) ou domestiques (chiens, bétail…) et parfois sur l’homme. Elle possède un rostre qui lui permet de pénétrer profondément dans la peau et de s’y fixer très solidement tout en sécrétant une substance anesthésiante qui rend sa présence inaperçue. Elle se gave de sang jusqu’à augmenter considérablement de volume, puis se laisse tomber au sol pour pondre et meurt peu après. Seules 20 à 30 % des tiques seraient porteuses des bactéries Borrelia et celles-ci seraient assez bien tolérées par les animaux.
Attention aux symptômes
Pour savoir si les piqûres de tiques sont bénignes ou si elles vous ont transmis la maladie de Lyme, il faut être très attentifs aux symptômes qui peuvent survenir les jours suivants.
La première phase de la maladie se traduit par une rougeur centrée sur la piqûre de tique, qui apparaît entre 3 et 30 jours après. Elle est souvent décrite comme un cercle rouge autour du point de piqûre, entouré d’une ou plusieurs concentriques. Mais elle n’est pas toujours reconnaissable et peut également se traduire par une inflammation étendue autour de la zone piquée, voire des plaques rouges sur d’autres endroits du corps. Cette première phase peut s’accompagner de douleurs articulaires, de fièvre ou de fatigue légères.
Ces premiers symptômes, qui peuvent passer inaperçus, disparaissent quelques temps pour revenir, une semaine à 6 mois après. Il s’agit alors d’une phase secondaire, avec des douleurs articulaires fréquentes, des troubles cardiaques (palpitations, syncopes…), des maux de tête et des inflammations douloureuses des racines des nerfs proches de la zone de piqûre.
En l’absence de traitement, la maladie évolue vers une phase tertiaire, des mois ou des années après, avec des poussées d’arthrite chronique, ainsi que divers problèmes neurologiques et cutanés qui peuvent devenir très invalidants.
Comment éviter la maladie de Lyme ?
Il est recommandé de porter des vêtements couvrants lors de promenades en forêt, en lisière de bois, dans les hautes herbes, les zones ombragées et humides, parfois jusque dans les jardins. La période de risque maximum se situe en avril et mai et secondairement en septembre-octobre. Mais lorsque l’automne est doux, il peut arriver de se faire encore piquer en décembre. Au retour de promenade, soyez très vigilants pour vous et vos enfants : assurez-vous qu’il n’y a pas de morsure ou de tiques sur les vêtements. Inspectez aussi vos animaux domestiques. En cas de piqûre, la meilleure prévention consiste à retirer rapidement la tique, mais il faut éviter d’appuyer sur son abdomen, ou d’utiliser de l’éther (toute régurgitation augmente le risque d’infection). Il faut utiliser un tire-tique vendu en pharmacie, qui permet de la retirer facilement en la faisant tourner. Désinfectez après l’extraction, avec quelques gouttes d’huile essentielle de tea tree ou une solution désinfectante à base d’alcool à 70° ou de chlorhexidine. Inspectez ensuite régulièrement la zone piquée, au moins pendant un mois, afin de noter une éventuelle rougeur locale.
Si vous soupçonnez que la tique est restée plusieurs jours ou si vous constatez une rougeur autour de la piqûre, consultez un médecin sans tarder. Ceux-ci prescrivent de plus en plus souvent une cure d’antibiotiques d’une semaine à 10 jours en prévention, qui permet de venir à bout des bactéries. Faute d’un traitement rapide, l’infection va se répandre et le traitement sera plus long et difficile.
Lorsque la maladie est installée, le traitement est complexe et se solde souvent par des échecs – d’où l’importance d’une détection rapide ! Le traitement classique est à base de cures d’antibiotiques sur plusieurs semaines. Les soins naturels complémentaires ou alternatifs ne sont pas reconnus. Ainsi, le remède Tic-Tox, mis au point il y a plus de quinze ans par le pharmacien Bernard Christophe, s’est vu interdit de fabrication par l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé (AFSSAPS) en raison de sa concentration potentiellement toxique en huile essentielle de sauge médicinale. Toxicité que conteste le pharmacien. Selon certains, ce Tic-Tox aurait de bons résultats.
Antoine Bosse-Platière et Sylvie Hampikian