Créez un atelier à vélo | 32 actions pour la planète

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Adieu film alimentaire, bonjour le couvercle à saladier ! | 32 actions pour la planète

Ces conseils sont extraits du livre Réussir la transition écologique de Gregory Derville.

Un atelier vélo est à la fois un lieu de travail et un lieu de rencontre et de convivialité. Il nécessite « plusieurs espaces qui seront utilisés pour des fonctions différentes* » :

  • Une « aire de bricolage », dans laquelle on répare les bicyclettes ;
  • Un espace de stockage, où sont conservés les vélos et les pièces détachées ;
  • Des bureaux, l’accueil et les espaces de convivialité.

Il est tout à fait possible d’ouvrir un atelier vélo un peu « artisanal » avec très peu de moyens. Il ressemblera alors à un Repair Café qui serait spécialisé dans la réparation des vélos, et il pourra être géré et animé par une équipe de bénévoles désirant faire partager leur passion et leur savoir-faire en matière de bricolage.

Une telle structure peut être incluse dans les activités d’une recyclerie ou d’un centre social. Elle ne nécessite pas forcément un local dédié et elle peut être itinérante, notamment en milieu rural.

En revanche, si on souhaite créer une structure plus importante et recruter au moins un salarié permanent, il faut maîtriser de nombreuses compétences (gestion des ressources humaines, relations avec l’URSSAF, etc.), et le budget explose.

Certes, une bonne partie des dépenses (environ 50 % selon le réseau L’Heureux Cyclage) peut être financée par les adhésions et par les diverses activités de la structure, en particulier la vente et la location de vélos, les petites réparations, les prestations facturées à des partenaires pour la participation à des événements ou pour la gestion d’une flotte de bicyclettes.

Toutefois, cela ne suffit jamais à faire tourner un atelier vélo. Comme la plupart des structures relevant de l’économie sociale et solidaire, les ateliers participatifs sont financés en grande partie par des fonds publics (emplois aidés, mise à disposition de locaux, subventions de fonctionnement…), ce qui rend cruciale la question des partenariats.

Les collectivités locales

Les collectivités locales, notamment les communes et les intercommunalités, sont les principaux partenaires d’un atelier vélo. Les relations entre les deux partenaires sont mutuellement bénéfiques : d’un côté, la structure bénéficie du soutien de la collectivité (financement, hébergement, communication…) et, de l’autre, un atelier vélo est un élément important dans le cadre d’une politique cyclable ambitieuse et efficace.

Pour les collectivités locales, l’existence d’un atelier vélo sur leur territoire présente des avantages variés.

Le volume de déchets à collecter et à traiter est diminué, puisque beaucoup de bicyclettes sont récupérées avant d’aller en déchetterie.

L’augmentation du nombre de cyclistes contribue à l’amélioration de la qualité de l’air et de la santé publique.

Le local est un lieu de convivialité dans lequel des liens sociaux se tissent entre des gens de tous âges, de tous milieux professionnels et venant de tous les quartiers. Des individus qui auraient peu de chances de se fréquenter par ailleurs se rassemblent autour de leur passion pour la petite reine.

Pour une collectivité, il y a donc beaucoup de raisons d’aider une structure de ce type, d’autant que, rapporté au budget global, le coût est vraiment dérisoire. Un projet d’atelier vélo peut tout à fait prendre place dans le cadre de l’Agenda 21 ou d’un PCAET (Plan Climat Air Énergie Territorial). Or celui-ci est obligatoire dans toutes les intercommunalités de plus de 20 000 habitants, ce qui représente près de 650 collectivités. Il y a donc de nombreux territoires qui ont tout intérêt à soutenir l’atelier vélo, s’il en existe déjà, ou à faciliter l’implantation d’un nouveau projet.
Concrètement, les collectivités locales peuvent soutenir un atelier vélo de manières différentes et complémentaires.

Elles peuvent apporter une aide financière, d’abord au moment du montage du projet (aide à l’ingénierie de projet, formation des porteurs du projet…), puis sous la forme de subventions ou d’une délégation de service public. Un atelier vélo remplit des missions de service public et il peut, à ce titre, être rémunéré par une municipalité ou une intercommunalité.

Les collectivités locales peuvent aussi mettre à disposition, à titre gratuit ou moyennant un loyer modeste, un local adapté, c’est-à-dire assez grand, fonctionnel, accessible à tout le monde, et si possible situé dans un endroit fréquenté (l’idéal étant le centre-ville, par exemple tout près de la gare ou de la principale station de transports en commun). Un ancien commerce ou un ancien garage automobile peuvent aussi convenir.

Les collectivités peuvent enfin soutenir les ateliers vélo en mettant en place un système de récupération des vélos abandonnés ou jetés. De plus en plus d’ateliers vélo signent avec elles des conventions grâce auxquelles ils peuvent collecter les vélos déposés en déchetterie. De tels partenariats peuvent aussi être noués avec le bailleurs sociaux ou privés (pour débarrasser les caves ou les parties communes), voire avec les services de police ou de gendarmerie qui repèrent des vélos traînant sur la voie publique. Selon le réseau L’Heureux Cyclage, 37 % des ateliers vélo ont passé au moins une convention pour la récupération de vélos.

 

 

Les structures disposant d’un « plan de mobilité »

Les ateliers vélo peuvent aussi bénéficier d’un soutien de la part de structures (administrations, entreprises, établissements scolaires…) qui ont mis en place un « plan de mobilité », c’est-à-dire un ensemble de mesures visant à optimiser les déplacements des salariés ou des usagers, et donc à diminuer l’utilisation de la voiture individuelle et à stimuler le recours à des moyens de transports alternatifs.

Les ateliers vélo ayant précisément cet objectif, ils peuvent nouer des partenariats avec ces structures, sous différentes formes :

  • Un travail de sensibilisation à la pratique du vélo comme mode de déplacement quotidien ;
  • Des ateliers d’autoréparation participatifs dans les administrations, les entreprises ou les établissements scolaires concernés ;
  • La gestion d’une flotte de vélos mis à disposition des salariés ou des usagers (ou la formation des personnes chargées de l’entretien de ces vélos).

Là encore, le nombre potentiel de partenaires est très élevé puisque, depuis le 1er janvier 2018, les plans de mobilité sont obligatoires dans toutes les entreprises de plus de 100 salariés qui sont installées dans le périmètre d’un PDU (plan de déplacement urbain) !

*L’Heureux Cyclage, Panorama 2015 des ateliers vélo participatifs et solidaires.

Les « vélocistes »

Comme pour les Repair Cafés, on pose souvent la question de la concurrence que les ateliers vélo participatifs pourraient représenter pour les « vélocistes » (c’est-à-dire les professionnels de la vente et de la réparation de cycles). La réponse est très claire : les activités des ateliers vélo et des vélocistes sont tout à fait complémentaires ; l’existence des premiers a même tendance à dynamiser l’activité des seconds.

D’abord parce que, comme on l’a vu, les ateliers vélo contribuent à accroître le nombre de cyclistes et le nombre de kilomètres parcourus, donc le nombre de personnes qui, un jour ou l’autre, ont besoin d’acheter un vélo, des pièces détachées ou de faire réviser ou réparer leur monture.

Qui plus est, les usagers qui ont appris à entretenir leur bicyclette deviennent plus exigeants, mieux capables de détecter l’usure des pièces, plus prompts à faire réparer ce qui doit l’être. Souvent même, ils sont enclins à payer un peu plus cher, si cela leur permet de continuer à rouler au quotidien dans de bonnes conditions de confort et de sécurité.

Parmi toutes les réparations à réaliser, il y en a que les ateliers vélo participatifs préfèrent laisser aux vélocistes, parce qu’elles sont plus pointues ou exigent des pièces ou des compétences qu’ils ne possèdent pas.

C’est notamment le cas, bien souvent, pour l’entretien des VAE (vélos à assistance électrique). Les ateliers vélo renvoient donc souvent les usagers vers les vélocistes avec lesquels ils ont établi le lien de coopération. Mieux encore, ceux-ci participent souvent aux ateliers d’autoréparation !

 

Gregory Derville

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