Symptômes et dégâts
C’est lui qui vient à bout du feuillage de vos cucurbitacées en fin de saison. Mais gare à vos récoltes s’il arrive avant la fin de la période de production ! Parmi les cucurbitacées, le melon, le concombre et la courgette y sont particulièrement sensibles. Le « blanc » ou oïdium se manifeste d’abord par l’apparition de taches circulaires blanches et poudreuses, qui s’étendent progressivement sur les deux faces des feuilles. Celles-ci se rabougrissent, puis se dessèchent ; les fruits ne sont pas directement atteints, mais c’est l’ensemble du plant qui s’affaiblit au détriment de la récolte. Et les dégâts peuvent être graves si la maladie se manifeste tôt, à partir de fin juin.
Aspect d’une feuille gravement malade
C. Galinet |
Carte d’identité des oïdiums
Les oïdiums sont des champignons dont les filaments mycéliens s’installent à la surface de l’épiderme de leur hôte et s’y fixent avec des suçoirs qui leur permettent de se nourrir. On en trouve deux espèces sur les cucurbitacées : Erysiphe cichoraceum, surtout présent en extérieur, et Sphaerotheca fuliginea, que l’on rencontre plutôt en cultures sous abri. Ajoutons qu’il existe plusieurs souches pour chaque espèce, et que certaines souches sont apparues récemment après la diffusion de semences résistantes. Toutes les cucurbitacées peuvent être touchées : melon, concombre, courges et courgettes, potirons et potimarrons, etc.
Jeunes taches à la face supérieure du limbe
C. Galinet |
Mode de vie
Les spores du champignon sont transmises par l’air dès que les conditions sont favorables, c’est-à-dire lorsque les températures se situent entre 10 et 32 °C (optimum 27 °C), et de préférence lorsque l’atmosphère est humide (plus de 50 % d’humidité relative), mais certaines souches se développent aussi par temps sec. La transmission est facilitée par la proximité d’hôtes spontanés, particulièrement sensibles comme le laiteron. L’incubation dure de trois à sept jours, puis le champignon se multiplie s’il trouve sur son nouvel hôte des conditions favorables à son développement. Les tiges desséchées par les maladies peuvent constituer des foyers de réinfestation la saison suivante et doivent être brûlées.
Astuces préventives
Prévention d’abord !
- Ne plantez pas trop serré et aérez régulièrement sous abris.
- Les cucurbitacées ont besoin d’apports importants, mais évitez les fumures trop riches en azote, qui favorisent les maladies cryptogamiques. Apportez du compost plutôt que du fumier.
- En cultures sous abri, utilisez de préférence des variétés hybrides récentes, résistantes ou tolérantes à l’oïdium. Ces précautions peuvent suffire à éviter les attaques précoces, qui sont les seules à être vraiment dangereuses. Si elles surviennent, supprimez et brûlez les parties atteintes dès les premières attaques.
Des traitements naturels
Il reste quelques moyens capables de stopper l’évolution du champignon.
Le premier est de recourir à la petite prêle des champs (Equisetum arvense), extrêmement riche en silice organique. Elle s’utilise en décoction (1 kilo de plante fraîche ou 150 grammes de plante sèche pour 10 litres d’eau ; laissez tremper 24 heures, puis faites bouillir pendant 20 minutes).
Mais si le temps est chaud et humide, son action est insuffisante et il faut recourir au remède classique anti-oïdium qu’est le soufre. Soufre fleur ou sublimé en poudrage, ou soufre mouillable en pulvérisation, à utiliser de préférence par des températures situées entre 20 et 25 °C (à partir de 28 °C, il y a risque de brûlure de la végétation). Le melon est particulièrement sensible au soufre. Certaines formulations, qui associent le soufre à des terpènes de pin (Heliosoufre) ou à des poudres de plantes et d’algues (Bio S) permettent de réduire cette toxicité par temps chaud (voir les distributeurs dans nos bonnes adresses). On peut aussi utiliser le soufre en poudrage, en le mélangeant pour moitié avec du lithothamne.
Antoine Bosse-Platière