À terme, la cloque peut affaiblir le pêcher. Pour le renforcer, pensez aux apports de compost à l’automne et de purin d’ortie, ainsi qu’à couvrir le sol.
Les dégâts de la cloque sont bien connus, en particulier les déformations et boursouflures qui apparaissent sur les feuilles. En cas d’attaque précoce sur les jeunes rameaux, les feuilles se crispent, se décolorent puis se recroquevillent et se dessèchent. La croissance des rameaux s’arrête et la production de fruits peut être très réduite. Après plusieurs années consécutives marquées par des attaques sévères, l’arbre peut même en mourir. Si la maladie survient tardivement, les feuilles plus développées peuvent n’être atteintes que partiellement. Les parties cloquées sont très volumineuses et elles se colorent de rouge, ce qui distingue ces déformations de celles provoquées par le puceron vert du pêcher.
La responsabilité de cette maladie incombe à un champignon microscopique, Taphrina deformans, qui s’attaque essentiellement aux pêchers et nectariniers mais que l’on trouve également sur l’amandier et le brugnonier.
Feuilles décolorées, recroquevillées, et qui finissent par se dessécher… la cloque du pêcher fait des ravages.
Christian Galinet |
Mode et de vie et développement de la cloque du pêcher
Les conditions initiales de la contamination ne sont pas encore tout à fait élucidées. On sait qu’elles sont liées au climat : les hivers doux et pluvieux favorisent la conservation des organes infectieux. La germination des spores se produit généralement en fin d’hiver, au débourrement, à partir de 7 °C. Leur développement est favorisé par un printemps frais et humide. Si les conditions ne leur sont pas favorables, les spores sont capables de rester à l’état latent d’une année à l’autre dans les anfractuosités des rameaux ou les écailles des bourgeons.
La fusion des spores va donner naissance à des filaments de mycélium capables de pénétrer dans les tissus des feuilles, où ils provoquent une profonde désorganisation. D’où l’apparition des fameuses cloques et d’enroulements en spirale suivis d’un dessèchement progressif. Le mycélium produit alors un grand nombre d’asques, des sortes de petits sacs à spores qui libèrent ces dernières à la surface des feuilles sous forme d’une poudre blanchâtre parfois teintée de rose. Entraînées par le vent et la pluie, ces spores peuvent contaminer d’autres arbres.
Les filaments de mycélium pénètrent dans les tissus, puis les cloques apparaissent.
Christian Galinet |
L’offensive de la cloque se termine généralement en mai avec les premières périodes de temps chaud et sec qui stoppent le développement du champignon. L’arbre peut alors en profiter pour faire de nouvelles feuilles, s’il n’a pas été trop affaibli. Les spores ne semblent pas capables de survivre dans le sol ni dans le compost.
Moyens de lutte préventifs et traitements
Le développement de la cloque étant à la fois précoce et très rapide, les mesures préventives sont impératives car, lorsque les premiers signes apparaissent, il est trop tard.
La première consiste à planter des variétés résistantes : on choisira de préférence les anciennes comme ‘Amsden’, ‘Angevine de Marmande’, ‘Madame Girerd’, ‘Reine des vergers’, etc., ou les pêchers issus de semis (en particulier les pêchers de vigne).
Seconde précaution : entretenir la vigueur de l’arbre et prévenir les carences. Les carences en zinc et en bore rendent le pêcher plus vulnérable à la cloque. Des apports de compost à l’automne, une couverture du sol, du purin d’ortie et des engrais foliaires type Protéal, Nutrimag d’Euphytor (chez Magellan), lui permettront de mettre en réserve tout ce dont il aura besoin au printemps pour se défendre et éventuellement pour refaire des feuilles après une attaque de cloque.
La plantation d’ail au pied des arbres serait également efficace grâce à la diffusion d’allicine antiseptique jusque dans la sève du pêcher (il faudrait tester aussi la pulvérisation d’extraits d’ail).
La protection la plus efficace à ce jour est apportée par les traitements au cuivre. En cas d’attaques fortes et régulières, on commencera par un traitement à la chute des feuilles à la bouillie bordelaise (15 grammes/litre) ou à l’oxychlorure (7 grammes/litre) puis un second en février au début du gonflement des bourgeons et enfin un troisième quinze jours plus tard, au stade pointes vertes.
À essayer : le cuivrol (chez Magellan et Nutrisol) qui apporte en plus du cuivre des oligo-éléments dont justement le zinc et le bore. Pour limiter les apports de cuivre, on essayera la décoction de prêle (1 kilo pour 10 litres d’eau, diluée cinq fois) et surtout le Preicobakt (chez Hector) à base d’argile et de silice broyée.
Enfin, si vous arrivez après la bataille et que les dégâts sont déjà apparents, il vous reste la ressource de couper et brûler les premières feuilles atteintes pour réduire la progression du champignon. Si des rameaux sont déjà attaqués, coupez-les pour stimuler les repousses.
Antoine Bosse-Platière