La construction d’un mur en pierres sèches est une façon économique et écologique de bâtir un mur.
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Tout le monde peut construire un muret en pierres sèches !
En effet, c’est un ouvrage qui ne demande aucun travail de maçonnerie. De plus, vous ne risquez pas de vous salir. Enfin, et ce n’est pas négligeable, cette installation est économique : pas de ciment, ni de bétonnière. Si vous récupérez des pierres, alors ça peut même être gratuit. En revanche, il faudra compter un certain temps de pose et ce n’est pas un muret sur lequel on peut marcher.
Préparatifs
Le matériau de base sera de la pierre : de calcaire, de schiste ou de granit, avec des formes pas trop arrondies pour faciliter le travail. Veillez à réunir des formats différents et quelques grandes dalles épaisses qui serviront de base et de blocage dans l’épaisseur du muret. Pour vous fournir, vous pouvez :
- acheter directement, dans une carrière, de la pierre en vrac que vous retaillerez vous-même (ou y récupérer les “déchets” à trier sur place, qui coûtent trois fois rien) ;
- épierrer votre jardin ! C’est-à-dire fouiller dans votre jardin et y dénicher des pierres.
- profiter des travaux routiers des services départementaux pour leur demander de récupérer les pierres brutes tombées en vrac ;
- faire des échanges avec des amis possédant des murets en ruine (ne récupérez jamais « à la sauvage » en fouinant dans la campagne ! Demandez au propriétaire) ;
- acheter des pierres à bâtir d’origine locale chez un marchand de matériaux (c’est plus cher), avec le défaut d’avoir des pierres calibrées qui donnent des murets un peu trop réguliers ; il faudra donc les retailler pour avoir des formats différents…
Taillez la pierre !
Quand les formes ne s’imbriquent pas bien, ou pour « dresser » une face (la rectifier afin qu’elle soit droite), vous pouvez retailler la pierre à l’aide d’une chasse à pierre (sorte de burin) et d’une massette, ou même les casser en deux avec un marteau pointu (le têtu).
Monter le muret en pierre sèche
- Triez dans votre stock les plus grosses pierres, de forme assez plate, qui, posées en premier, formeront l’assise.
- Vérifiez à l’aide d’un niveau qu’elles sont bien horizontales.
- Étalez autour de vous le reste des pierres afin de pouvoir les choisir facilement et commencez à bâtir. En fait, un muret se monte comme on construit un puzzle, en mariant les pierres entre elles au niveau de la forme et de l’épaisseur, et en les disposant en quinconce au fil des rangées.
Dans les régions gélives, il n’y a pas de précautions particulières à prendre, car même s’il bouge en période de gel, le muret à sec reprend sa place ensuite sans risque de casse puisqu’il n’y a pas de joint.
Les bons gestes
Creuser les fondations
Dans les terrains argileux, mal drainés ou rendus instables par des travaux, il faut faire une fondation de 20 à 30 centimètres de profondeur : creusez une tranchée de la largeur du muret (environ 40 centimètres) sur toute la longueur prévue et remplissez-la de pierraille ou de cailloux. Tassez fortement et égalisez avec une dame en fonte (sorte de pilon) ou un rouleau bien lourd (rempli de sable par exemple).
Stabiliser les pierres récalcitrantes !
Pour stabiliser des pierres récalcitrantes, on peut glisser en dessous de petites pierres minces et dures (les soustilles), récupérées lors de la mise en forme des pierres. Pour
la solidité, il est important de bien croiser pour ne pas se retrouver avec des joints alignés verticalement, qui deviendraient fissures au fil des ans. Sinon, il n’y a pas vraiment de secret, chaque bâtisseur a son style !
Un muret bien stable
Pour assurer la stabilité du muret, il faut lui donner une inclinaison vers l’arrière : c’est ce qu’on appelle le fruit. Cinq centimètres par mètre de hauteur sont une moyenne et permettent de résister aux poussées de la terre. Il faut également de temps en temps (tout les 1,50 à 2 mètres), glisser une pierre assez longue (une boutisse) qui traverse l’ensemble de l’ouvrage et le renforce. Comblez l’arrière avec un matériau très drainant, par exemple les débris de pierres, trop petits pour être utilisés en construction. En vous rapprochant du talus, ces débris peuvent être de nature plus terreuse, ou mélangés avec la terre extraite de la fondation.
Les finitions
Traditionnellement, on met un peu de terre derrière le mur et au-dessus entre les pierres et on plante des iris, des sedums… qui constitueront ainsi une surface absorbante. On peut aussi faire des plantations plus conséquentes en plaçant un film géotextile au-dessus du drain et en remplissant de 20 centimètres de bonne terre (ainsi séparée, elle n’ira pas boucher le drain). Vous y ferez des plantations de couvre-sol de terres drainées (aromatiques, érigérons, népétas, achillées…).
Brigitte Lapouge-Déjean
Dessins : Dominique Klecka