Comment lutter contre les tipules ?

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Plus connues sous le nom de cousins, les tipules engendrent des larves qui peuvent commettre des dégâts importants dans votre gazon ou sur les légumes. Découvrez comment lutter naturellement contre les tipules.
Tipule sur de l'herbe

Les symptômes

Votre gazon ou votre prairie fleurie a comme de l’eczéma, avec des plantes qui meurent et se dessèchent par plaques ? Les racines des graminées ainsi que les parties aériennes proches du collet sont dévorées ? Au potager, les problèmes sont plus rares mais les racines et le collet de jeunes plants de légumes peuvent aussi être attaqués ainsi que les tubercules de pommes de terre forés de galeries. Peu après l’apparition des symptômes, grattez le sol superficiellement : les coupables, les larves de tipules, ne devraient pas être très loin !

Dessin d'un tipule

Différencier les larves terricoles

Dans l’herbe, des dégâts comparables peuvent être commis par le “ver fil de fer” fin et de couleur orange (larve du taupin), ou de gros vers blancs (larves de hanneton). S’y ajoutent au potager, les larves des noctuelles, gros vers gris qui s’enroulent sur eux-mêmes lorsqu’ils sont dérangés, et celles de l’hépiale, fine chenille blanchâtre à tête brune très remuante.

Dessin d'une larve grise de tipule

Les larves de tipules, quant à elles, sont gris terreux, boudinées et mesurent 3 à 4 cm de long. Elles n’ont pas de pattes et leur corps s’allonge ou se rétracte dans de fortes proportions. La tête, déjà peu visible, est souvent rentrée lorsqu’on la dérange. L’extrémité abdominale est plus caractéristique avec de petites protubérances en forme d’étoile. La larve se développe sous terre à faible profondeur, car elle résiste très bien au froid, mais elle s’aventure souvent la nuit à la surface.

La famille des cousins

Les tipules se rattachent à l’ordre des diptères (mouches, moustiques, syrphes…) et la famille des Tipulidae compte près de 200 espèces. Leur taille et celle de leurs pattes sont impressionnantes mais, heureusement, elles ne possèdent pas les organes buccaux et la trompe des moustiques femelles qui leur permettent de nous piquer.

Dessin de deux larves différentes
À gauche, la larve du taupin,à droite celle de la noctuelle.

Dessin de deux larves différentes (hanneton et hépiale)
À gauche, la larve du hanneton ; à droite, celle de l’hépiale

Tipula paludosa est l’espèce la plus répandue dans le nord de l’Europe et la plus nuisible : les adultes volent de juillet à septembre, les larves sont actives de janvier à mai, avant de se nymphoser. Chaque femelle pond environ 300 œufs dans le sol mais elle les expulse parfois en plein vol. Leur éclosion nécessite beaucoup d’humidité.

Les jeunes larves se nourrissent d’humus et de débris végétaux et hivernent près de la surface du sol avant de devenir nuisibles au printemps. Tipula oleracea, espèce plus méridionale, compte deux générations par an : les vols se situent en avril et en octobre et les larves sont présentes tout l’hiver jusqu’en mars.

 

 

Moyens de lutte naturels contre les tipules

  • Les larves de tipules comptent de nombreux ennemis naturels : taupes, musaraignes, chauves-souris, oiseaux et batraciens s’en régalent volontiers. Il faut donc rendre votre jardin accueillant à ces prédateurs naturels. Pour cela, vous pouvez installer une haie variée au sein de laquelle les oiseaux viennent manger, boire, s’abriter et nicher. Misez sur des cornouillers, du sureau noir, de la viorne obier, des Cotoneaster, des Nandina domestica, des symphorines à boules blanches ou rose, des groseilliers… Un point d’eau, comme une mare sera le lieu de vie privilégié des batraciens. Pour la petite faune comme la musaraigne, entassez un tas de bois pour qu’elle puisse se reproduire. Les herbes hautes lui permettent de se déplacer en toute discrétion et elle viendra également se nourrir et s’abriter dans la haie.
  • Une sécheresse prolongée pendant la période des vols permet de réduire considérablement les populations puisque le développement embryonnaire des œufs dure 15 jours et nécessite beaucoup d’humidité. Une raison supplémentaire pour gérer son gazon comme une prairie et réduire voire supprimer les arrosages. Au potager, drainage et travail du sol peuvent avoir le même effet.
  • Si la présence des tipules est avérée, vous pouvez les piéger en installant le soir une bâche d’environ 1 m² sur le sol humidifié. Attirées par l’humidité, elles viendront s’amasser en dessous et vous pourrez les détruire le lendemain.
  • Une autre recette d’appât, efficace en cas de forte attaque : faites une pâte en mélangeant 200 grammes de son, 20 grammes de sucre, 2 cl de pyrèthre et 4 décilitres d’eau (ces doses sont calculées pour une surface de 100 m²). Posez-la au sol. Les larves de tipules, alléchées, viendront y goûter et s’empoisonneront !
  • Traitez biologiquement avec les nématodes Steinernema carpocapsae. C’est sous forme de traitements naturels racinaires qu’ils sont utilisés. Ils vont pénétrer à l’intérieur des larves et libèrent une bactérie une fois à l’intérieur. Au bout de quelques jours, la larve meurt. Toujours à l’intérieur, les nématodes se multiplient et partent en quête d’une nouvelle proie.

Antoine Bosse-Platière