Symptômes et dégâts
L’odeur de punaise, cela vous rappelle-t-il quelque chose ? Comme la plupart de ses congénères proches (de la grande famille des punaises dites « des bois »), la punaise verte utilise ses glandes odoriférantes comme moyen de défense. Des sécrétions vraiment très malodorantes qui doivent souvent lui sauver la vie…
Ravageur important du soja et du riz en régions chaudes, cette punaise voit son aire d’extension remonter vers le nord avec le réchauffement climatique. Depuis les années 1990, elle pose des problèmes croissants aux maraîchers-serristes… et plus récemment aux jardiniers.
L’insecte s’intéresse surtout aux aubergines, poivrons et tomates : piqûres aux extrémités de la plante ou à la base des boutons floraux, qui provoquent leur dessèchement et peuvent réduire la récolte de façon importante. Piqûres également sur les fruits, qui menacent leur bonne conservation. Elle s’intéresse aussi aux concombres et aux haricots, sur lesquels ses ponctions provoquent des déformations.
Sur les crucifères, notamment sur les choux, les punaises ne sont pas les mêmes, mais leurs piqûres peuvent provoquer elles aussi le flétrissement des feuilles et ralentir la croissance.
Carte d’identité de la punaise verte
Nezara viridula, la punaise verte du soja, est donc assez polyphage. Son identification est compliquée par les cinq stades larvaires qu’elle traverse, avec d’importants changements de formes et de couleurs. Les adultes eux-mêmes, qui atteignent 1,2 à 1,6 centimètres de long, changent de couleur selon la saison : verts au printemps et en été, ils deviennent brun violacé en automne-hiver. On peut également rencontrer une forme présentant une bande blanche sur le thorax.
Mode et cycle de vie
Les premiers adultes peuvent être observés dans les jardins à partir d’avril/mai, venant de divers abris, voire des maisons. Après l’accouplement, la femelle pond 20 à 80 œufs de couleur blanc cassé, en forme de petits tonnelets, disposés en nid d’abeille, le plus souvent sur la face inférieure des feuilles. Le premier stade larvaire ne dure qu’un jour ou deux. Ce n’est qu’au second stade que les larves commencent à se disperser sur la plante pour s’alimenter. Insecte piqueur-suceur, la punaise verte possède un rostre qui lui permet de perforer le végétal et de prélever la sève dont il se nourrit. Plus le printemps est chaud, plus la durée des différents stades larvaires est courte et les dégâts précoces. Les adultes hivernent dans les structures des serres ou des tunnels, dans les cabanes de jardin ou dans les maisons.
Moyens de lutte naturels
Aucun produit de traitement chimique n’étant actuellement homologué pour lutter contre cet insecte, et les dégâts chez les maraîchers allant croissant, la recherche commence à s’intéresser à la punaise verte. Plusieurs parasitoïdes spécifiques ont été identifiés dans le monde. Une petite guêpe noire, naturellement présente en France, vient parfois pondre dans les œufs de punaises (les œufs parasités prennent une teinte grisâtre). Mais son efficacité s’est montrée décevante lors des premiers lâchers expérimentaux en culture sous abri.
La prévention passe par l’installation de filets à l’entrée de la serre ou du tunnel pour éviter l’entrée d’adultes. À l’échelle d’un jardin, il est possible de chercher les plaques d’œufs sous les feuilles d’aubergines et de tomates pour les écraser. Faute de l’avoir fait et une fois les larves dispersées, vous pouvez les faire tomber dans une bassine en secouant le feuillage afin de les détruire. Gare à l’odeur ! Vous pouvez essayer aussi l’aspirateur, avec une grande rallonge ou en utilisant un petit aspirateur de table.
Vous pouvez enfin les traiter… par le mépris, si elles ne sont pas trop nombreuses et si leurs ponctions ne causent pas trop de tort à vos récoltes, ce qui est encore souvent le cas dans les jardins.
Ne pas confondre !
Deux autres espèces de punaises peuvent causer des dégâts au jardin. Eurydema ornatum et Eurydema oleraceum, aux couleurs vives, s’attaquent aux crucifères. Lygus pratensis, de forme plus allongée et de couleur brun clair, est moins spécialisée et l’on retrouve ses piqûres sur divers légumes et fleurs. Ces trois exemples de ravageurs ne doivent pas “cacher la forêt” des très nombreuses espèces de punaises sans réel impact sur les cultures – par exemple le fameux gendarme (Pyrrhocoris apterus) – et des quelques espèces utiles, prédatrices de pucerons et autres ravageurs (Anthocoris, Orius, Miridiae…).
Antoine Bosse-Platière