Une rocaille est un aménagement qui reproduit de manière architecturale les jardins naturels de montagne.
C. Corbet |
Le plus difficile pour réussir une rocaille, c’est de parvenir à lui donner un air naturel.
Il faut pour cela commencer par s’imprégner d’images de rocailles naturelles. Paysages de causses ou de montagne, le mouvement est toujours le même : la nature, en érodant les pentes, dégage des strates de pierres horizontales, alternant avec des couches plus terreuses où viennent se nicher des plantes adaptées.
C’est cet esprit-là qu’il faut retrouver au jardin. Pour cela, vous rechercherez des pierres locales, afin qu’elles s’intègrent parfaitement au paysage. Vous éviterez ainsi le transport absurde de matériaux sur des centaines de kilomètres. Les carrières fournissent à bas prix des pierres brutes ou dites de remblai qui peuvent parfaitement faire l’affaire.
L’emplacement
Commencez par délimiter l’emplacement de la future rocaille au sol, à l’aide d’un tuyau d’arrosage.
Ne compliquez pas trop : privilégiez une forme simple avec une base plus large que le haut. Si le terrain est enherbé, il faut dans un premier temps tout décaper à la houe et brouetter les déchets sur le tas de compost. Inspirées des paysages de montagne, les rocailles sont particulièrement adaptées aux sols en pente. Elles sont idéales pour habiller un talus et accompagner les abords d’un escalier. La plupart des plantes de rocailles poussent dans un sol sec et pauvre, vous pouvez les installer au soleil, mais aussi sur une zone partiellement ombragée.
La préparation du terrain
Travaillez ensuite le sol à la fourche bêche ou à la grelinette, par bandes transversales afin de ne pas faire descendre la terre. Éliminez soigneusement les racines des mauvaises herbes. Si votre sol est caillouteux, ne vous fatiguez pas à extraire les pierres, ce sont de toute façon des plantes de terrain drainé que vous allez accueillir.
Matérialisez les différentes rangées de pierres à poser, comme des gradins, en tendant des ficelles sur de petits piquets enfoncés au bout de chaque rangée. Pour que la rocaille soit facile à entretenir, vous devez pouvoir vous déplacer en marchant d’une rangée à l’autre.
Première terrasse
Dégagez, à la pelle de chantier, une assise plate pour les pierres du bas, en rejetant l’excès de terre vers le haut du talus. Commencez par poser vos pierres les plus grosses pour bien bloquer la terre.
Prenez le temps de vérifier qu’elles sont bien stables et damez au besoin. Intercalez ici et là de plus petites pierres et laissez juste quelques espaces pour planter des arbustes couvre-sols (genêt d’Espagne, cistes, phlomis).
Oh la belle rocaille !
Comblez derrière ces pierres en tirant de la terre du talus à la griffe, puis au râteau pour affiner. En suivant votre piquetage, disposez la deuxième rangée de la même façon. Ainsi de suite jusqu’en haut du talus. Pour casser la monotonie, éviter l’effet “marches” et faciliter encore l’entretien, placez des pierres intermédiaires entre les lignes. Reculez-vous régulièrement pour juger du mouvement de l’ensemble. Plantez ensuite entre les mini-terrasses, en mélangeant vivaces et arbustes et en ayant soin d’alterner des hauteurs différentes, des enracinements superficiels et profonds (voir encadré), comme dans la nature !
Quelles plantes pour remplir la rocaille ?
Méfiez-vous de l’appellation “plante de rocaille”, une généralité qui désigne souvent des plantes alpines (gentiane, edelweiss, saxifrages) ne supportant ni sécheresse continue ni canicule. Préférez des valeurs sûres comme les campanules, hélianthèmes, asters nains, népéta, calaments, géraniums vivaces, ancolies… Un paradis pour les lézards, carabes et autres auxiliaires du jardinier !
Plantes à enracinement superficiel | Plantes à enracinement profond | |
Arbustes | Coronille, berbéris, Hyperium androsaneum, spirées | Ciste, rosiers botaniques et paysagers, lavande, phlomis, conifères nains (genévriers, pins, épicéas), Cotoneaster |
Vivaces ou bisannuelles | Campanules, érigerons, asters, hélianthème, iris, nepeta, plumbago, sedum | Ancolie, épimédium, fenouil, gaura, hémérocalles, vipérine, sauges |
Une fois tout ce petit monde en terre, c’est le moment d’étaler un paillage minéral. S’il y a bien un aménagement adapté au paillage minéral, c’est la rocaille ! Misez sur la pouzzolane, une roche volcanique alvéolée qui conserve les racines au chaud. Légère et drainante, elle limite les arrosages et la pousse des adventices. Évitez les paillages organiques trop enrichissants pour cette palette végétale de sol pauvre.
Brigitte Lapouge-Déjean – Dessins: Dominique Klecka