Si indispensables
Bien que présents en très faible quantité dans les plantes, les oligo-éléments y jouent un rôle très important, à la fois pour la santé de la plante et pour ceux qui les consomment. Ils participent à de nombreuses fonctions physiologiques de la plante, notamment dans les réactions d’oxydo-réduction de leur système enzymatique : photosynthèse, fixation de l’azote, réduction des nitrates…
Au-delà des trois principaux éléments (azote, potassium et phosphore) essentiel au développement des plantes, ces dernières puisent en très petites quantité dans les oligo-éléments. Sur les 20 ou 25 oligo-éléments présents dans les plantes, on ne prend généralement en compte que 6 ou 7 d’entre eux dont les carences provoquent des troubles physiologiques bien visibles sur les plantes : fer, manganèse, bore, cuivre, molybdène, soufre et zinc. Dans le cas des autres éléments, les carences peuvent passer inaperçues, mais entraînent néanmoins des conséquences importantes pour la santé humaine.
Le rôle des principaux oligo-éléments
- Fer : il permet de fixer l’azote présent dans l’air.
- Manganèse : Il est lié à la synthèse des protéines et de la chlorophylle.
- Bore : Il joue un rôle dans la production d’un pollen fertile, il est important dans le développement des légumes racines.
- Cuivre : Il est lié à la synthèse de protéines et de la chlorophylle.
- Molybdène : il est associé au métabolisme du fer et du phosphore et fixe l’azote présent dans l’air.
- Soufre : Le souffre est associé à la création des protéines et de la chlorophylle.
- Zinc : utile dans la synthèse des protéines, il est associé au métabolisme de l’auxine et protège la plante des stress liés à l’excès de lumière ou à la sécheresse.
Un équilibre précaire
L’équilibre entre oligo-éléments est extrêmement complexe, il y a de nombreuses interactions, des synergies et des antagonismes. La fertilisation conventionnelle à base d’éléments minéraux (NPK) et l’utilisation de certains pesticides perturbent cet équilibre dans les plantes, comme l’ont montré les travaux de Francis Chaboussou (directeur de recherches à l’Inra et auteur de Santé des cultures, édition La Maison rustique, 1985). Ainsi fragilisées, les plantes sont plus sensibles aux maladies et parasites, tandis qu’une fertilisation organique et une bonne activité biologique du sol permettent de rétablir l’équilibre.
Les carences en oligo-éléments sont rares lorsqu’on dispose d’une bonne terre de jardin, régulièrement amendée avec du compost. Mais, avec des sols plus ingrats, il est important de pouvoir les reconnaître.
Carence en zinc sur une feuille d’agrume.
© Vincent Jeannerot
Facteurs des carences et symptômes
Élément | Facteurs favorisants | Symptômes |
Bore |
Manque de matière organique, forte humidité ou lessivage |
Décoloration des feuilles et noircissement des racines sur l’épinard. Fissurations latérales sur la betterave au niveau du sol. Craquelures sur le melon, racine creuse sur céleri-rave. |
Cuivre | Sol compact, trop calcaire ou tourbeux | Taches foliaires, blocage de croissance. |
Molybdène | Sol acide | Mauvaise floraison, nécroses au bord des feuilles. |
Soufre | Manque de matière organique, forte humidité ou lessivage | Décoloration des feuilles sur la laitue, jaunissement sur choux et oignons. |
Zinc | Manque de matière organique, forte humidité ou lessivage |
Entre-nœuds courts sur les arbres fruitiers, fruits petits et déformés, jeunes Sur agrumes, jaunissement des feuilles. |
Moyens de lutte
Une fois la carence identifiée, suffit-il d’apporter l’élément manquant ? Ce n’est pas si simple. D’abord, parce qu’on ignore souvent quelles sont les quantités optimales à apporter ; ensuite, parce que beaucoup d’oligo-éléments deviennent toxiques pour les plantes si ces quantités sont dépassées.
La solution est donc plutôt à rechercher dans la prévention :
- respect des rotations, entretien d’une bonne structure du sol, stimulation de l’activité biologique… ;
- la fertilisation, à base de compost, avec un éventuel complément d’engrais organiques du commerce, permet d’apporter l’ensemble des oligo-éléments sous une forme peu soluble, sans risque de surdosage. C’est l’activité biologique du sol qui facilitera leur assimilation par les plantes ;
- de même, il faudra en priorité drainer les sols à humidité persistante, enrichir les sols sableux qui favorisent le lessivage et éviter les excès de calcaire, autant de situations qui favorisent les carences ;
- des purins d’ortie et de consoude, en arrosage ou en pulvérisation (dilution 1/10èmeou 1/20ème) ou des fertilisants organiques enrichis en oligo-éléments pourront apporter des compléments fort utiles.
Antoine Bosse-Platière