La serre adossée permet de garder des plantes hors gel tout l’hiver sans chauffage.
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La serre de jardin qui vous est présentée ici est adossée à un talus. Elle pourrait tout aussi bien être adossée à une maison ou un abri de jardin. Une serre adossée offre un avantage notable sur une serre classique : elle bénéficie de l’inertie thermique du talus (ou du bâtiment, mais à un degré moindre) contre laquelle elle est appuyée et elle est protégée des vents froids. Il est ainsi tout à fait possible de la garder hors gel tout l’hiver, sans chauffage d’appoint.
Quelle orientation ?
Si vous avez le choix de l’orientation, dans le cas de cette serre non chauffée, privilégiez le sud. En effet, en hiver, cette pièce sera chauffée naturellement par le soleil, ce qui vous permettra de faire vos semis, ou de cultiver des plantes gélives. En été, il conviendra alors de bien aérer pendant les heures les plus chaudes. Les expositions est et ouest offriront tout de même une bonne partie de la journée ensoleillée. Le nord en revanche, risque de ne pas donner assez de luminosité aux plantes. Toutefois, il faut nuancer ces indications en fonction de la région ou vous habitez ! Dans le sud de la France, mieux vaut une serre à l’est qui est vite réchauffée le matin mais à l’ombre pendant les heures les plus chaudes. Dans les régions plus fraîches, on cherche à capter un maximum le soleil. Les plantes souffriront plus par manque de soleil que d’excès de chaleur !
Modèle à suivre
La serre qui sert ici d’exemple est installée à 800 mètres d’altitude, chez Jean-Louis Goutel, à Mens (Isère), pas très loin du Centre Terre vivante. Voici ses principales caractéristiques :
- orientation : plein sud ;
- dimensions : 2 mètres de large et 6 mètres de long au sol, sur 2,50 mètres dans sa plus grande hauteur ;
- la structure : elle est réalisée en béton banché sur toute la hauteur côté talus, et sur 40 centimètres de haut sur les trois autres côtés ; l’ossature est en bois (chevrons) ; la couverture et les parois sont constituées de plaques de polycarbonate alvéolé d’un centimètre d’épaisseur ;
- l’aération : rendue possible par l’installation de deux volets latéraux en contreplaqué. On entre dans la serre par une porte frontale ;
- l’aménagement intérieur : il est constitué de quatre niveaux. Les deux premiers, comblés avec de la terre de jardin rapportée, permettent des cultures en pleine terre toute l’année. Les deux autres sont des étagères, l’une recevant les terrines de semis et les plants en godets au printemps, l’autre le petit matériel ;
- l’astuce : un point d’eau installé directement dans la serre, avec un petit bassin dans lequel il est facile de puiser avec un arrosoir : l’eau est ainsi toujours tempérée.
Un point d’eau dans la serre permet d’arroser les plantes mais sert aussi de masse thermique pendant la nuit.
C. Galinet |
Construction mode d’emploi
- L’ossature, réalisée en béton banché, peut être aussi construite en parpaings : placez-les à l’envers, alvéoles vers le haut, que vous remplirez de sable (pour l’inertie thermique).
- Les chevrons sont tenus entre eux et sur l’ossature béton par des équerres métalliques vissées. Le bois n’est pas traité.
- Les panneaux de polycarbonate sont livrés en kit, avec le système de joints adaptés. Ceux-ci se vissent sur les chevrons : la distance entre deux chevrons se mesure d’axe en axe, de la largeur d’un panneau.
- Soignez l’étanchéité en haut du toit de la serre, contre le talus ou le mur sur lequel la serre est adossée.
- Pour limiter la condensation sous le toit vitré, prévoyez une lame d’air d’environ un centimètre à la jonction entre la façade et le toit.
Des aérations sont indispensables pour éviter les surchauffes en été.
C. Galinet |
Quels usages ?
Dès février, Jean-Louis Goutel démarre les premiers semis de salades ; viennent ensuite, assez rapidement, quelques semis de courgettes, concombres, potirons… sans oublier les fleurs annuelles (cosmos, œillets d’Inde…).
Mi-avril : plantation des premières tomates (‘Montfavet’, une variété précoce), suivie fin avril d’un ou deux concombres. Viennent ensuite le gros des plantations de tomates, poivrons, aubergines, capables certaines années de produire jusqu’à Noël.
Courant octobre : transplantation de céleri branche et de persil, qui vont continuer de pousser à l’abri. Plantation de chicorées frisées, dont les plants ont été produits dans le jardin ; Jean-Louis obtient ainsi des chicorées durant tout l’hiver. Elles sont complétées par des laitues d’hiver, cultivées à l’extérieur, et une petite production d’endives, en cave : l’approvisionnement de la famille en verdure est ainsi assuré durant toute la morte-saison !
Une orientation sud permettra un réchauffement rapide de la serre en hiver.
C. Galinet |
À la même époque, transplantation de la verveine, qui s’est épanouie dans le jardin, dans des pots qui sont placés à l’abri dans la serre ; elle sera remise en pleine terre dès le retour des beaux jours et la fin des gelées printanières.
Rémy Bacher