Pourquoi cloisonner en chanvre ?
Fibre végétale de plus en plus utilisée dans la construction, le chanvre est apprécié pour ses qualités isolantes et écologiques. Il fut anciennement utilisé en remplissage de murs à ossature bois, avec la technique du béton de chanvre banché (un mélange chanvre-chaux humide, versé entre des banches).
Les briques de chanvre pour cloisons (30 x 60 x 10 ou 15 cm) sont légères, perméables à la vapeur d’eau, et elles absorbent bien les bruits aériens. Leur fabrication nécessite relativement peu d’énergie (hormis la cuisson de la chaux), et elle incorpore une grande proportion de matière végétale recyclable. Elles sont distribuées chez certains revendeurs spécialisés en écoconstruction. Leur prix est de 30 € le m² TTC, fournitures et port en sus.
La mise au point de briques de chanvre fut réalisée par Olivier Duport, ex-président du groupe de réflexion Construire en chanvre et véritable pionnier en la matière. Les briques en chanvre ont un usage polyvalent, pouvant être employées pour des murs, des doublages isolants ou des cloisons, selon leur épaisseur. L’avantage majeur ? Une mise en œuvre plus simple que le banchage, sans ossature, et un séchage très rapide. D’ailleurs, seulement 7 étapes sont nécessaires.
La méthode en pratique
1 – Tracez votre cloison
Pour une cloison en briques de 10 cm d’épaisseur (suffisant en intérieur), tracez l’emplacement de la cloison au sol, sur les murs et au plafond. Puis, ajoutez à l’épaisseur 5 à 10 mm pour les enduits de chaque côté. Enfin, utilisez un fil à plomb ou un niveau pour contrôler la bonne verticalité.
2 – Fixez le bloc porte et son cadre
Le cadre est constitué de trois planches de section (4 x 15 cm), les deux verticales étant solidement fixées au sol par des équerres. Le bloc porte (bâti + ouvrant) est vissé dessus. Si la cloison dépasse les trois mètres de long, ou si sa hauteur dépasse celle d’un plafond habituel, il est prudent de prévoir un renfort. Envisagez par exemple un chevron (section 10 x 10 cm) fixé au sol et au plafond, à-peu-près au milieu du mur.
3 – Semelle
Sur un plancher, vissez une semelle bois (de section 4 ou 6 x 10 cm) pour rigidifier l’assise de la cloison. Pour améliorer les performances acoustiques, agrafez préalablement sous la semelle, et tout autour de la cloison, une bande résiliente en liège ou en fibre de coco. Sur un sol en maçonnerie irrégulier, faites une semelle parfaitement de niveau au mortier et attendez qu’elle soit sèche. Si le sol est régulier, posez votre lit de mortier directement sur le tracé.
4 – Mortier
Préparez votre mortier avec trois volumes de sable fin (0 à 1 mm) pour un volume de chaux partiellement hydraulique. Un sac de 22 kg permet de monter 30 à 40 m² de cloison. La truelle crantée permet d’étaler une couche de mortier bien régulière (et crantée), dont la largeur correspond à l’épaisseur des briques.
5 – Montage de la cloison
Étalez une fine couche de mortier sur une des épaisseurs verticales de chaque brique (placez-vous au dessus de l’auge à mortier), avant de la mettre en place sur le lit de mortier préparé. Montez un premier rang en vérifiant le niveau pour chaque brique. Aidez-vous du niveau et d’un maillet bois ou caoutchouc, d’un cordeau et d’un fil à plomb pour les rangs suivants. Refaites un lit de mortier pour chaque rangée. Les briques se découpent aisément à la scie égoïne ou à la tronçonneuse électrique. Décalez les joints à chaque rangée.
6 – Ancrages
Les jonctions avec les murs et avec le cadre de la porte doivent être renforcées à chaque rangée de briques, par une équerre fixée dans la brique par des pointes de 70 et par une fixation appropriée selon le type de mur. Il faut également prévoir de fixer de la même façon chaque brique de la dernière rangée au plafond. Enfin, prévoir un espace d’environ 2 cm entre cette rangée et le plafond qui sera rempli au mortier.
7 – Finitions
Une fois le mortier bien sec, il ne reste plus qu’à réaliser les enduits. À la chaux, cela va de soi !
Antoine Bosse-Platière