Un parcours atypique :
En 1959, Claude Aubert sort de l’Institut National Agronomique (INA) de Paris avec le diplôme d’ingénieur agronome. Chargé d’études à la SEDES (Société d’Études pour le développement Économique et Social), il participe à des études de développement agricole en Afrique de l’Ouest et en Tunisie et acquiert rapidement la conviction qu’il doit se tourner vers l’agriculture biologique. Il devient secrétaire général de Nature et Progrès et rédacteur en chef de la revue que publie cette association… tout en cultivant un demi hectare en maraîchage bio, et en livrant 2 fois par semaine, avec un vieux fourgon bringuebalant, les quelques particuliers et magasins diététiques intéressés par des légumes bio !
En 1972, il publie son premier livre « L’agriculture biologique, comment et pourquoi la pratiquer », suivi d’un livre de jardinage, « Le jardin potager biologique », vendu depuis à près de 100 000 exemplaires.
Parallèlement, il développe une activité de conseiller en agriculture biologique et de conférencier international. Il devient membre du conseil d’administration de l’IFOAM (Fédération Internationale des Mouvements d’Agriculture Biologique) et participe à la rédaction du premier cahier des charges de cette organisation, qui servira de base à la réglementation européenne.
Il s’intéresse également beaucoup à l’alimentation et a écrit plusieurs livres sur ce sujet.
En 1979, il fonde avec quelques amis Terre vivante, et lance la revue Les Quatre Saisons du jardinage, dont il assure la direction jusqu’en 2004. Cette revue compte aujourd’hui 27 000 abonnés. Claude Aubert réduit progressivement ses activités pour se consacrer pleinement à Terre vivante qui, en 1982, ajoute une activité d’édition à la publication de sa revue. Il continue à écrire des livres, publiés désormais par Terre vivante.
En 1990, Karin Mundt, co-fondatrice et directrice de Terre vivante, et Claude Aubert décident de créer un Centre écologique destiné à sensibiliser les particuliers à un comportement plus respectueux de l’environnement – et de sa santé – dans la maison et le jardin. Après une longue recherche, c’est à Mens (à 50km de Grenoble) que le Centre ouvre ses portes en 1994. Claude Aubert en assure la direction de 1997 à 2004. Aujourd’hui, il se consacre entièrement à ses activités de conférencier, d’auteur et de consultant.
Après tant de livres à votre actif, quelle a été votre motivation pour écrire « Manger sain pour trois fois rien » ?
Ma motivation a toujours été la même : montrer pourquoi il fallait changer notre mode de vie, et en particulier notre alimentation, et donner au lecteur les outils pratiques pour y parvenir. Me nourrissant en bio depuis plus de 40 ans, et à certaines périodes avec des moyens financiers très limités, j’ai voulu dans ce livre, avec l’aide de ma femme Emmanuelle, faire partager cette expérience aux lecteurs.
Vous nous confiiez il y a quelques temps, votre souhait de reprendre et refondre complètement votre livre « Dis-moi comment tu cuisines, je te dirai comment tu te portes », écrit et publié par Terre Vivante il y a 20 ans… « L’art de cuisiner sain » est paru en janvier 2011, les techniques ont-elles beaucoup changé en 20 ans ?
Ce qui a surtout changé, ce sont les matériels de cuisson et nos connaissances à la fois sur les matériels, sur l’impact de la cuisson sur la valeur nutritive, sur le rôle protecteur des épices et des aromates, sur certaines associations, etc. Exemples : les plaques à induction, les moules en silicone et les revêtements anti-adhérents en céramique n’existaient pas il y a 20 ans. On connaît mieux également la toxicité du téflon. En matière de techniques culinaires, on sait aujourd’hui que la cuisson augmente parfois la teneur de certains légumes en constituants utiles, par exemple en lycopène des tomates. On a également découvert les vertus protectrices contre le cancer de plusieurs épices, comme le curcuma, ou encore l’intérêt de certaines associations, comme celle des aliments riches en carotène et de l’huile d’olive, cette dernière améliorant l’assimilation des caroténoïdes.
Un livre pratique sur les aliments fermenté était très attendu de nos lecteurs : Des aliments aux mille vertus, coécrit avec Jean-James Garreau vient de paraître ; les aliments fermentés n’ont-ils pas, la plupart du temps, la place qu’ils méritent dans notre alimentation quotidienne ?
Légumes lacto-fermentés, choucroute et autres, mais aussi les produits laitiers, les produits fermentés à base de céréales et de légumineuses, et bien d’autres aliments – comme le saucisson sec – : on ignore souvent qu’il doivent leurs qualités à la fermentation !
L’ouvrage “Amande, sésame, avocat” vient de paraître : pourquoi avez-vous choisi ce sujet ?
J’ai trouvé intéressant d’écrire, avec ma femme Emmanuelle, un livre sur une famille d’aliments méconnue et très intéressante, celle des graines et des fruits oléagineux. Ils sont très peu consommés et pourtant ce sont de véritables trésors pour notre santé. Riches en protéines et en antioxydants, ils nous protègent de nombreuses maladies chroniques. Ils se prêtent également à d’innombrables préparations culinaires, dont nous donnons 150 exemples dans ce livre. Incontournables pour les végétariens et les crudivores, ils enrichissent notre cuisine de nouvelles saveurs. Nous n’imaginons pas une journée sans consommer l’un ou l’autre – et souvent plusieurs – de ces précieux aliments !
Le livre J’associe mes cultures…et ça marche vient de sortir, que pouvez vous nous dire dessus ?
Écoutez l’interview radio de Claude Aubert sur le livre J’associe mes cultures…et ça marche
Être édité par Terre vivante, cela a pour vous un sens particulier ?
En tant que cofondateur et ancien directeur de Terre vivante, il allait de soi que je n’allais pas chercher un autre éditeur ! D’autant que, en toute objectivité, Terre Vivante reste l’éditeur de référence en matière d’écologie pratique.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples de ce que vous faites en matière d’écologie ?
Au delà des geste classiques (tri, alimentation bio et à dominante locale…), nous faisons une large place aux protéines végétales, comme les légumes secs ou d’autres produits trop peu connus comme le tofu et le tempeh. J’utilise toujours les transports en commun pour me déplacer.
Peut-on dire que votre ouvrage “Manger bio c’est mieux“, coécrit avec Denis Lairon et André Lefèbvre, s’apparente à un manifeste qui répond à toutes les questions que l’on se pose sur l’alimentation bio ?
On peut en effet dire ça. L’agriculture biologique a été très critiquée ces derniers temps et beaucoup continuent à la considérer comme une alternative possible, mais pas vraiment nécessaire et non généralisable. Ce livre démontre le contraire. Avec au moins deux atouts importants. D’une part la notoriété et la compétence de ses trois auteurs, trois des meilleurs spécialistes de l’agriculture biologique en France. D’autre part le parti pris de donner toujours la source – presque toujours des publications scientifiques ou des rapports officiels – de ce que nous affirmons. Ces sources étant très nombreuses, les plus importantes sont données dans le livre, mais nous allons aussi ouvrir un site internet dédié, sur lesquelles nous mettrons les références ne figurant pas dans le livre et aussi, au fur et à mesure de leur publication, les informations nouvelles sur les sujets traités dans le livre, et principalement sur les avantages du bio, tant pour la santé que pour l’environnement.