Les plantes font des choses incroyables, expliquait l’auteur naturaliste Marc Giraud lors du colloque “Quels droits pour les plantes ?”, organisé par les Journalistes pour la nature et l’écologie le 11 mars dernier, et dont Les 4 Saisons étaient partenaires. Ce sont les seuls êtres vivants qui sont capables, grâce à l’extraordinaire mécanisme de la photosynthèse, de capter l’énergie du soleil pour la transformer en éléments nutritifs. Les plantes arrivent donc à fabriquer du vivant avec du non vivant. Ensuite, elles peuvent distinguer les couleurs, sont sensibles au toucher, aux sons, aux odeurs… Pas moins de 700 capteurs sensoriels ont ainsi été recensés chez les végétaux !
DEUX GROUPES D’ÊTRES VIVANTS
L’altérité des plantes les rend difficiles à appréhender pour l’humain. Elles sont fixes, nous sommes mobiles. Leur nourriture est inerte, la nôtre est vivante. L’essence de notre survie est le mouvement. Elles font face à leur environnement sans bouger. Cette différence essentielle nous a longtemps empêchés de comprendre leur fonctionnement. Le Grec Aristote voit ces êtres immobiles comme forcément insensibles. Descartes voit l’animal comme une machine et réduit les plantes à de la matière. Il faudra attendre le XVIIIe siècle et la découverte de la sensitive – cette plante qui réagit quand on la touche – pour se rendre compte que les plantes sont sensibles. Au XIXe siècle, la physiologie expérimentale explore cette sensibilité, notamment à la lumière et à l’alternance jour-nuit : la plante s’adapte aux changements, “apprend” à anticiper et conserve un rythme pendant un certain temps, ce qui évoque une forme de “mémoire”. Certes, elle n’a ni cerveau ni nerfs mais elle réagit, se souvient, s’adapte.
Et elle communique. C’est la révolution actuelle : nous découvrons l’importance des mycorhizes et des réseaux que les plantes – et notamment les arbres – entretiennent. Nous réalisons leur capacité à communiquer avec leurs congénères et les êtres vivants qui les entourent. Au vu des connaissances qui s’accumulent, nous ne pouvons continuer à voir les plantes uniquement sous l’angle de leur utilisation pour assouvir nos besoins. À chaque fois que nous parlons des plantes, nous pensons appropriation, exploitation. À quoi Georges Feterman, président de l’association Arbres, répond : « On n’est pas propriétaire d’un arbre. C’est comme pour le rouge-gorge qui y niche : ça ne viendrait à l’idée de personne de s’en déclarer propriétaire. On a la responsabilité de cet arbre, on n’en est pas propriétaire. » À méditer.
Marie Arnould
Crédit photo : J.-J. Raynal