Pour certains jardiniers, le campagnol est un véritable fléau : ce gourmand peut s’attaquer aux carottes, betteraves, patates douces, mais aussi aux racines des jeunes arbres fruitiers. Le piégeage est la solution la plus efficace.
Une vraie calamité ! Non contents de dévorer nos légumes par les racines (carottes, betteraves, pommes de terre, poireaux, asperges et laitues…), le campagnol terrestre s’en prend également aux racines des arbres fruitiers ou d’ornement qu’il fait dépérir. Sans oublier celles des graminées et de la luzerne !
Symptômes et dégâts
Les campagnols sont très communs dans toute l’Europe, en particulier dans les zones herbagères des massifs montagneux (Jura, Massif central, Alpes du Nord et Pyrénées). Ils sévissent selon des pullulations cycliques qui durent entre un et quatre ans et causent d’énormes dégâts aux prairies (leur milieu de prédilection), ainsi qu’aux jardins et aux cultures proches.
Souvent peu profondes, leurs galeries peuvent se distinguer de celles de la taupe : outre le fait que les galeries de campagnols ont une fâcheuse tendance à suivre les rangées de légumes, leur section est un peu plus haute que large – c’est l’inverse pour la taupe – et les puits d’accès sont obliques et non verticaux. Quant aux monticules de terre qui les accompagnent, leur forme est moins régulière que ceux des galeries de taupes (voir schéma ci-dessous).
Alors que le terrier de la taupe est vertical, celui du campagnol est oblique.
Christian Galinet |
Le rat taupier, un petit rongeur
Le campagnol le plus redouté des jardiniers est le campagnol terrestre (ci-dessous), appelé aussi rat taupier. Il est un peu plus grand que la taupe : 12 à 22 centimètres de long sans la queue.
Arvicola terrestris
Christian Galinet |
Plus petit, le campagnol provençal (Pitymys duodecimcostatus, ci-dessous) infeste la région méditerranéenne : il mesure de 8 à 10 centimètres de long sans la queue, et commet de gros dégâts sur les cultures légumières et dans les vergers. Davantage cantonnés dans les zones herbagères, le campagnol des champs (Microtus arvalis) et le campagnol agreste (Microtus agrestis) se retrouvent aussi parfois dans les vergers.
Plus petit (8 à 10 cm sans la queue), le campagnol provençal commet de gros dégâts sur les cultures légumineuses et les vergers, en région méditerranéenne.
Christian Galinet |
Mode de vie : galeries, racines et portées
La vie du campagnol se passe essentiellement sous terre, où il se nourrit de racines. Il creuse ses galeries avec ses dents, contrairement à la taupe qui se sert surtout de ses pattes avant. La femelle peut avoir quatre à six portées par an, de quatre petits en moyenne, de février à octobre. Un peu moins prolifique, le campagnol provençal ne fait que deux à trois petits par portée, mais on comprend que, même à ce rythme, les pullulations soient possibles. Une certaine régulation intervient grâce aux nombreux ennemis naturels du campagnol : rapaces diurnes et nocturnes, renards, belettes, martres, hermines…
Moyens de lutte contre le campagnol
L’arasement des haies, la généralisation de l’’agriculture intensive, les campagnes de destruction des “nuisibles” (renards, belettes, martres…) et l’utilisation contre les rongeurs d’appâts à la bromadiolone (un anticoagulant chimique qui empoisonne aussi les prédateurs, interdit depuis le 1er janvier 2021) contribuent à ruiner les régulations naturelles.
Des solutions naturelles, nos abonnés en ont :
Pour chasser les taupes (et les campagnols), prendre un mètre de fer à béton, l’enfoncer de 30 à 40 cm dans la terre. Enfiler, tête en bas, une bouteille avec anse, en plastique léger (type bouteille de lait de 2 litres). Grâce à l’anse, le moindre petit courant d’air fait bouger la bouteille, le bruit dérange les campagnols et les taupes… qui vont plus loin. Mettre un dispositif tous les 5 m2.
A. M. – 04 Thoard
Pour que les campagnols ne grignotent pas les graines de haricots et pois, trempez celles-ci dans la paraffine juste avant de les semer.
A. R. – 84 Malaucène
Les pullulations se multiplient. Des études de plus en plus nombreuses montrent qu’il faudrait réaménager des structures paysagères, notamment des haies variées, favorables à l’installation de prédateurs naturels, et cesser de détruire ces derniers. Vous pouvez aussi installer des perchoirs proches de votre potager, afin que les rapaces viennent se poser dessus et chassent les rats taupiers. Les belettes et les hermines préféreront des tas de pierre pour venir s’y nicher. Vous pouvez alors facilement en placer quelques-uns à côté des galeries du campagnol.
Le principal moyen de lutte, associé à certaines mesures préventives, reste le piégeage. Pour protéger les vergers contre les dégâts du campagnol provençal, il est efficace de travailler du sol autour des arbres (ne pas laisser de paillage en hiver), tout en apportant de l’ail sous forme d’extrait ou même de déchets de récolte qu’on incorpore au sol. Quant au piégeage, des essais comparatifs ont montré la nette supériorité du piège suisse Topcat (1), à la fois simple, fiable et au déclenchement extrêmement sensible (l’animal est tué sur le coup).
Seule contrainte : il faut relever les pièges plusieurs fois dans la journée. Moins efficaces, mais très appréciés des jardiniers du Centre Terre vivante, les pièges Neudorff (2) permettent également de nombreuses prises. De quoi rester zen face aux prochaines pullulations !
- Topcat : 64,95 € pièce + port (9,90 €).
- En jardinerie et magasins spécialisés. Voir aussi leur présentation sur le site de Neudorff.
Antoine Bosse-Platière