La bigarade ‘Bouquetier de Nice’ peut prendre des formes surprenantes !
F. Kurk | Cultiver des agrumes bio
Ces explications sont issues du livre Cultiver des agrumes bio de Jean-Noël Falcou.
S’il n’y a qu’une chose à retenir du choix crucial de l’espèce et de la variété, c’est de vous fournir auprès d’un pépiniériste spécialisé en agrumes, producteur de ses propres plants. On les compte sur les doigts d’une main en France, principalement en Corse. Ils présentent les meilleures garanties sanitaires. Il en existe également en Italie et en Espagne. Tous ont l’habitude d’expédier.
Même pour un arbre unique, nous vous conseillons de vous fournir auprès de ces professionnels.
Mieux vaut acheter un plant de grande qualité un peu plus cher à cause des frais de transport que miser sur un plant louche en jardinerie, la plupart du temps sans les informations élémentaires du nom du porte-greffe, de la variété (oranger ou citronnier, en soi, ne suffit pas : quel oranger ? quel citronnier ?), du lieu et de la date de production (depuis combien de temps cet arbre est dans ce pot, en jardinerie ?).
À noter qu’à ce jour, un seul pépiniériste en agrume travaille en agriculture biologique.
Motte prête à planter.
F. Kurk | Cultiver des agrumes bio
Les agrumiculteurs professionnels obtiennent des dérogations auprès de leur organisme certificateur pour planter des arbres non certifiés sur lesquels ils ne récoltent pas pendant plusieurs années, ou font le choix de débuter les premières années de culture en conventionnel pour booster leur développement, puis de les convertir à l’agriculture biologique quelques années avant les premières récoltes.
Les informations à connaître
Choisir un arbre, c’est choisir un porte-greffe, une espèce (par exemple, un oranger) et une variété (par exemple, oranger ‘Thomson navel’). Si l’un des critères vous est inconnu, fuyez !
Le choix de l’espèce est le plus intuitif. Tout le monde a envie de bonnes oranges ou clémentines, et les espèces les plus courantes sur les étals des magasins sont aussi les plus plantées dans les vergers et jardins.
Pourtant, quel plaisir que de posséder une espèce méconnue ou une variété surprenante, que l’on peut observer, partager, faire découvrir autour de soi. Laissez parler votre curiosité !
Le citron meyer, la limette de Marrakech, par exemple, valent le détour. Pour les amoureux des plantes ornementales, le tortueux poncirus ‘Flying Dragon’, qui perd ses feuilles et conserve ses petits fruits duveteux orange, ou un bigaradier bouquetier de Nice ou strié demeurent des sources inépuisables d’étonnement.
La règle d’or
Plus l’arbre est petit, meilleur sera le résultat. Évitez les gros sujets, en pots depuis des lustres, qui ne vont pas produire pendant des années une fois en terre, le temps qu’ils développent un système racinaire adapté. Leur survie est souvent aléatoire. Un jeune plant poussera plus vite, rattrapera le vieux sujet, se mettra à produire plus tôt et sera bien mieux implanté, bien plus vigoureux. Toutefois, pour un arbre destiné à rester en pot, vous pouvez faire le choix de gros sujets, nés et élevés en pot, régulièrement rempotés.
Les milliers de variétés d’agrumes constituent un réservoir immense de surprises et de possibilités. Outre le plaisir des sens, il ne faut pas négliger certains paramètres plus prosaïques pour faire le ou les bons choix :
- Le climat exclut parfois certaines espèces ou variétés de la palette à votre disposition (voir Où planter des agrumes ?, dans le livre). . Ne vous obstinez pas, privilégiez une espèce adaptée à votre coin.
- La période de fructification : si vous plantez plusieurs agrumes, veillez à ce qu’ils ne donnent pas tous en janvier uniquement (grâce au Calendrier des récoltes par espèce dans le livre). Pensez à composer entre les espèces et variétés précoces et tardives.
- Le temps de conservation sur les arbres est un facteur important. Si les citrons et les pomelos peuvent rester matures plusieurs mois sur l’arbre sans perdre en qualité, une mandarine, une clémentine, devra être cueillie dans les dix jours, sous peine de sécher ou se décrocher. Si vous plantez quatre mandariniers, vous avez intérêt à être réactif pour la cueillette !
- La pression des ravageurs, notamment de la mouche méditerranéenne des fruits dans les zones les plus chaudes, peut conduire ceux qui évitent les traitements systématiques à écarter les espèces ou variétés les plus exposées, telles que les clémentines précoces, les kumquats ou les pomelos roses.
- Les temps de cueillette ont un impact modéré pour les particuliers, alors que ce facteur est de première importance pour les professionnels. Il n’empêche que si vous assouvissez votre passion pour le kumquat et que vous en plantez plusieurs arbres, il ne faudra rien prévoir d’autre pour vos week-ends que de les cueillir un à un au sécateur lorsqu’ils seront mûrs. Ce genre de problème ne concerne pas les heureux propriétaires de pomelos ou d’oranges…
- L’effet terroir est très marqué chez les agrumes. Une même espèce, qu’elle soit plantée ici ou ailleurs, donnera des résultats très variables, du médiocre au succulent. Si une variété a fait ses preuves chez vous ou vos voisins, n’hésitez pas à la favoriser. Par exemple, dans le sud-est de la France, les orangers ‘salustiana’, ‘navelina’, ‘moro’ restent des valeurs sûres, satisfaisant les amateurs d’oranges blondes, navels, ou sanguines.
À savoir, si vous voulez manger des clémentines sans pépins, vous devrez éviter d’avoir dans le même jardin un agrume contenant des pépins et susceptible de polliniser votre clémentinier (mandarinier, citronnier, oranger blond, etc.). En effet, les clémentiniers sont autostériles, incapables de pratiquer l’autofécondation, mais tout à fait aptes à s’hybrider avec d’autres espèces, donc à contenir des pépins. À noter que les orangers navels, sans pépins, sont stériles : ils ne provoqueront pas de pépins dans les clémentiniers. À vous de voir si les pépins dans de délicieux fruits du jardin vous paraissent inacceptables ou pas.
Jean-Noël Falcou