Banc d’essai : Du balai !

«Les feuilles mortes se ramassent à la pelle…», dit la chanson. En ce qui nous concerne, on se servira d’un râteau. Ou bien d’un balai… Car c’est le terme qu’emploient les fabricants, dans leur grande majorité. Les membres du groupe Facebook des 4 saisons, quant à eux, ont tranché pour le néologisme “ratifeuille”, tant pour désigner l’outil que pour l’action de rassembler les feuilles à la fin de l’automne. Pour ratifeuiller à la pelle, nous utilisons donc un balai… Allez savoir! Nous avons constaté qu’il existe une vraie diversité de formes et de matières pour cet outil classique de l’entretien du jardin.

Les modalités du banc d’essai

Nous avons demandé aux fabricants de nous envoyer leur “meilleur balai à feuilles”. “Meilleur” laissant entendre l’outil qui recouvre le plus de qualités : maniabilité, efficacité, robustesse. Certains fabricants disposent d’une gamme large, comptant jusqu’à une dizaine de balais, destinés à différents usages et revêtements.On peut les répartir en deux grandes catégories, en fonction de la forme de leur tête:

• les balais à monture en V arrondie, dont les dents en éventail partent de la base du manche. La tête est généralement haute et permet de déplacer de grands volumes en un seul geste;
• les balais à tête droite dont les dents, portées par un axe perpendiculaire au manche, sont parallèles entre elles. La monture, généralement plus basse, facilite le passage sous les haies.

Bien choisir son rateau à feuilles est important, la qualité et le confort est à privilégier pour un balayage automnal optimal.
J. Rivoire |

Manche en aluminium: léger mais froid

Le bois du manche est parfois remplacé par l’aluminium. Plus légers et souvent plus fins, les manches en aluminium demandent moins d’effort aux petites mains. En contrepartie, le toucher est plus froid, malgré les efforts de revêtement et de garage plastique. Deux fabricants font le choix d’un manche amovible, ce qui renchérit le prix de l’outils ’il est seul de sa famille. Les systèmes “Multi-Star”de Wolf et “Combisystem” de Gardena permettent ainsi de limiter l’encombrement de leurs outils. Ces systèmes “à l’allemande” sont bien conçus et ne présentent pas de faiblesse apparente. L’inconvénient est de se retrouver par la suite “affilié” à une marque.

Les fabricants ont travaillé sur le poids, la forme et la souplesse de leurs outils, délaissant parfois les balais traditionnels en métal pour des balais en plastique polymère, acrylonitrile butadiène styrène (ABS) ou polypropylène (PP). Léger, souple, résistant à l’abrasion, le polypropylène, bien que d’origine pétrolière, présente des qualités physiques notables. C’est le choix qu’ont fait la plupart des fabricants pour ce banc d’essai. Les balais Leborgne XL, Gouvy Ramax et Revex “ergonomique” en tirent, selon nous, le meilleur parti. Il s’agit de balais très proches dans leur conception, avec une largeur de travail de 65 cm. Ils sont d’une grande efficacité à chaque geste, tant sur gazon que sur graviers. Ces balais sont appropriés pour de grandes surfaces et risquent même d’être encombrants dans un petit jardin. La hauteur de leur tête permet d’emprisonner les feuilles et de déplacer rapidement de grands tas. Ces balais ont l’inconvénient d’être encombrants lors du rangement. Pour éviter tout risque de déformation des dents lors du stockage, on prendra soin de les suspendre par la tête ou le trou d’accrochage (ce qui est vrai aussi pour les autres balais).

Les rateaux à fils ronds, plus souples, ont tendance à transpercer les feuilles et les retiennent.
J. Rivoire |

Les résultats du banc d’essai

Dans le genre “grand format”, le balai 2 en 1 XXL de Gardena a une largeur impressionnante de 77 cm, inadéquate pour les petits jardins. Il présente en revanche une particularité : sa tête, séparable du manche, peut être divisée en deux parties pour le ramassage. La marque allemande propose également un balai réglable, permettant d’ajuster l’espacement entre les dents et la largeur de travail, qui va de 35 à 52cm. Les dents, écartées, sont plus flexibles et donnent une sensation de rebond. Le balai à fil plat de Mermier est sans doute le plus“classique” de notre banc d’essai. Sa monture en acier dispose d’un revêtement époxy. Assez rigide, il a tendance à scarifier la pelouse et à emporter les turricules. De ce point de vue, il est très comparable aux autres balais à tête métallique Wolf UFM, par exemple ou Leborgne Xfil e tRevex Bi-matière à fils ronds, qui sont pourtant plus souples. Tous les quatre présentent un effet secondaire assez désagréable : leurs dents fines transpercent et retiennent les feuilles. On préfèrera sans doute leur utilisation pour la collecte des tontes de pelouse.

Les rateaux à tête droite sont à privilégier pour les espaces plus restreins, avec des bordures ou des haies, ils sont moins appropriés aux grands espaces.
J. Rivoire |

Dans le contexte de notre banc d’essai – le grand jardin du Centre Terre vivante, en Isère –, les balais à tête droite Fiskars XXL Xact et LightTM, ainsi que Wolf UIM, n’étaient pas les plus appropriés. La quantité de feuilles nécessitait de petits gestes répétés et fatigants pour les rassembler efficacement. À l’évidence, la faible hauteur de la monture (de 20 à 30 cm) laisse s’échapper les feuilles par-dessus bord. Mieux vaut donc avoir une idée bien précise de l’endroit où se tiendra le tas final pour ne pas avoir à le déplacer par petits gestes. En revanche, ils ont en commun être particulièrement légers et maniables, ce qui leur confèrent un vrai intérêt dans les petits jardins. Avant de faire votre choix, identifiez vos propres contraintes: superficie du jardin, espace de rangement, quantité de feuilles à ramasser ou présence de haies. 

Détail des résultats

Ne pas gâcher!

Selon France nature environnement (FNE), un million de tonnes de feuilles, branches et autres tontes sont brûlées à l’air libre chaque année en France. L’association indique que « brûler 50 kg de déchets verts dégage autant de particules fines qu’une voiture récente roulant sur 13 000 km ». Une pollution de l’air insupportable, mais aussi un gâchis monumental de matière organique utilisable au potager.

Les feuilles constituent de la matière organique en quantité, très utile pour pailler le potager.
JJ. Raynal |

Bonnes feuilles ? 

Au cours de l’automne, les végétaux récupèrent leur “mise”, stockant dans leurs tissus l’énergie jusque-là contenue dans leurs feuilles. Cette énergie se présente sous forme de sucres, qui alimentent le débourrage au printemps. Les feuilles, elles, accumulent des tanins, changent de couleur puis tombent. Tanins et protéines restantes forment un complexe qui, sous l’effet des organismes du sol, libère des nutriments au printemps. Les feuilles des noyers contiennent un tanin particulier, la juglone, qui peut être toxique pour certains végétaux. Asperge, choux, aubergine, pomme de terre, tomate, rhubarbe, myrtillier y sont sensibles. Évitez donc d’utiliser des feuilles de noyer comme paillage sur ces cultures. L’inverse, betterave, maïs, oignon, panais, cerisiers et framboisiers y sont peu sensibles. Limitez les risques en ne ramassant pas immédiatement les feuilles de noyer tombées au sol ou bien en les compostant au préalable.

Josselin Rivoire