Argousier (Hippophae rhamnoides)

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L’argousier est souvent utilisé pour stabiliser les sols soumis à l’érosion. Son usage est recommandé pour ses qualités de fixation de l’azote de l’air dans les racines. À la fois ornemental et pratique, il convient parfaitement pour la constitution de haies défensives ou destinées à contenir le bétail.
Argousier (Hippophae rhamnoides) 1

Les fruits de l’argousier.
R. Kran
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Cette fiche botanique est issue du livre Un jardin fruitier pour demain, de Robert Kran et Perrine Dupont. 

Nom latin : Hippophae rhamnoides.
Noms vernaculaires : Argasse, épine luisante, épine marante, griset, saule épineux, faux nerprun, bourdaine marine, olivier ou ananas de Sibérie.
Famille botanique : Éléagnacées.
Origine géographique : Zones tempérées d’Europe et d’Asie.
Zone de rusticité : Usda 3.

Variétés

Trois sous-espèces sont présentes en Europe :

  • H. rhamnoides subsp. carpatica Rousi, appelé l’argousier des Carpates. On le rencontre dans les sites forestiers et arbustifs de l’étage préalpin, en compagnie des saules. Ses rameaux poussent droit. Les baies sont de forme sphérique.
  • H. rhamnoides subsp. fluviatilis Soest, appelée faux nerprun. On le trouve principalement en zones préalpines. Ses caractéristiques : de longues branches flexibles, des feuilles ovales de 3 à 6 mm de large, des graines non aplaties, pas trop d’épines.
  • H. rhamnoides subsp. rhamnoides. C’est lui que l’on trouve sur les côtes dunaires. Ses branches courtes et rigides, très épineuses, poussent souvent de façon tordue et sont noueuses. Les fruits ont généralement une forme cylindrique.

Par ailleurs, compte tenu de l’intérêt nutritionnel des fruits, de nombreux cultivars ont été sélectionnés pour la mise en culture, aussi bien pour les pieds mâles que pour les pieds femelles.

Pour les pieds femelles

  • Une sélection française, pour sa forte teneur en vitamines C et en antioxydants : ‘Argalp 700’.
  • Des sélections russes, presque sans épines, aux fruits goûtus et sucrés : ‘Prevoshodnaya’, ‘Chuyskaya’, ‘Velikan’, ‘Rodnichok’.
  • Une sélection canadienne très épineuse mais résistante au froid et à la sécheresse, contenant beaucoup de vitamines C : ‘Indian-Summer’.

Pour les variétés mâles

  • ‘Pollmix’, ‘Romeo’, ‘Hikul’.

Description

Arbrisseau dioïque, épineux, de 1 à 6 m le plus souvent, mais pouvant atteindre 10 à 18 m selon les sous-espèces et les situations.

Feuilles caduques, alternes, simples, très étroites, à une seule nervure. Pétiole très court, limbe vert en face supérieure et gris argenté en face inférieure.

Très petites fleurs verdâtres en avril, avant les feuilles.

Fruits jaunes à orange en septembre pouvant persister jusqu’en mars, ovoïdes, charnus, de 6 à 8 mm de diamètre.

Espèce pionnière, autrement dit parmi les premières à recoloniser un milieu venant d’être perturbé (après une coupe forestière, un incendie, etc.).

Très drageonnantes, les racines fixent l’azote de l’air grâce à leurs nodosités.

Besoins culturaux

  • Pour que les pieds femelles fructifient, il est indispensable de planter aussi un pied mâle, suffisamment proche.
  • Les argousiers ont besoin de plein soleil, mais aussi d’eau, et ils sont capables de la trouver en profondeur. Ils s’adaptent à différents types de sols, avec une préférence pour le calcaire.
  • La taille et la récolte s’effectuent simultanément, car les fruits se détachant mal des branches (épineuses de surcroît), il est aussi simple de couper celles qui portent des fruits. En revanche, les fruits apparaissant sur des rameaux de deux ans, il faut soit prévoir deux pieds femelles, à récolter une année sur l’autre, soit être très vigilant lors de la récolte à ne pas couper les rameaux d’un an.
  • S’utilise dans des haies libres ou défensives, ou en sujets isolés.

Pollinisation

Par les insectes et le vent : veiller à planter l’argousier mâle de telle sorte que le vent dominant soit un atout lors de la floraison et transporte le pollen vers les argousiers femelles.

Modes de multiplication

  • Le semis est possible, sachant que le genre des plants est visible dès le stade de plantule, bien que malaisé à constater : les bourgeons latéraux du pied mâle sont plus développés que ceux des pieds femelles.
  • Les graines ont besoin d’une stratification d’au moins 3 mois à 5 °C. Elles ne se conservent que quelques mois.
  • À condition de faire dès le début des opérations un étiquetage rigoureux et durable, le bouturage permet de s’assurer du genre des plants. Herbacées ou semi-aoûtées, les boutures peuvent se faire dans l’eau jusqu’à ce que des racines apparaissent, puis (ou) dans un substrat drainant.
  • Le drageonnage (séparation des drageons naturels) est à effectuer idéalement en automne, en prenant soin d’identifier le genre des pieds recueillis.

Âge de fructification

Les arbustes portent généralement des fruits après 3 ans et donnent des rendements maximaux à partir de 7 ou 8 ans.

La petite histoire

Là où l’argousier est endémique, les humains le côtoient depuis des temps immémoriaux. On en trouve une trace écrite datant de l’Antiquité à travers Pline, qui le site comme un fortifiant pour les chevaux et indique que les feuilles et les jeunes rameaux étaient ajoutés à leur fourrage pour favoriser une prise de poids rapide et un pelage luisant. Les argouses étaient aussi connues pour leurs usages médicinaux. Au XIIIe siècle, Gengis Khan, le premier empereur mongol, et ses guerriers croyaient en leur pouvoir pour fortifier le corps et appelaient l’huile d’argousier « sang du cœur de l’empereur ».

L’argousier est aujourd’hui cultivé par des professionnels pour ses vertus. En France, on le trouve en particulier dans les Alpes du Sud. Attention à ne pas le confondre avec l’arbousier.

Usages

Alimentaire

La sélection de fruits sucrés pourrait certes changer la donne, mais de façon générale, les argouses sont trop acides et trop astringentes pour être consommées crues, si ce n’est en jus concentré et dilué à l’eau. De ce fait, elles sont généralement cuites et utilisées dans la réalisation de confitures, desserts, sauces sucrées-salées…

Avec leur caractère astringent, les argouses ont une saveur agréable mais particulière, qui ne plaît pas à tout le monde.

L’argousier est aussi une plante fourragère qui profite aux volailles, ses baies augmentant leur masse graisseuse et relevant la pigmentation de leurs œufs.

Médicinal

Du fait de leur très forte teneur en vitamines C et antioxydants, les argouses sont particulièrement intéressantes en cure, par exemple à l’entrée de l’hiver, en prévention contre la fatigue et les pathologies saisonnières. Comprise entre 500 et 900 mg pour 100 g de fruits, cette teneur en vitamines C reste importante même après une pasteurisation rapide. Pour mémoire, les oranges contiennent environ 50 mg de vitamines C pour 100 g de fruits… et ne poussent pas dans les Alpes !

L’huile extraite des graines d’argousier est utilisée, quant à elle, pour ses vertus cicatrisantes et son action sur les troubles circulatoires.

Écologique

L’argousier est souvent utilisé pour stabiliser les sols soumis à l’érosion. Son usage est recommandé pour ses qualités de fixation de l’azote de l’air dans les racines.

À la fois ornemental et pratique, il convient parfaitement pour la constitution de haies défensives ou destinées à contenir le bétail.

Ses ramifications permettent par ailleurs la nidification de nombreuses espèces auxquelles il apporte une nourriture appréciée.

 

Robert Kran et Perrine Dupont

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L’expérience de Robert 

En Corse, je n’en avais jamais vu. J’ai essayé plusieurs variétés en faisant attention de planter le pied mâle dans le sens du vent dominant. Mes plants ont maintenant à peu près 12 ans.

Ils ont bien produit les quatre ou cinq premières années, mais ces dernières années, en grandissant, ils ont tendance à se dessécher.

Probablement à cause du vent.

Au départ, les oiseaux, méfiants, n’y touchaient pas : ils ne connaissaient pas. Ils savent à présent que c’est bon pour eux et mangent désormais les fruits au fur et à mesure qu’ils mûrissent.

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