Réaliser une lasagne
Suivez le conseil vidéo de Pascal Aspe, responsable des jardins du Centre Terre vivante, d’après le n°232 des 4 saisons.
La lasagne porte bien son nom ! C’est une superposition de couches sèches (apportant du carbone) et de couches vertes (pour l’azote). Elles vont se dégrader au fil du temps et nourrir les plants. Ce mille-feuille forme ainsi un milieu riche et hyper productif.
Pour installer une lasagne, nul besoin de travailler le sol en amont. On débute avec la couche la plus grossière en posant, à même le sol, des branchages issus de la taille des haies, mais des cartons d’emballages peuvent aussi faire l’affaire. On monte ensuite les différentes couches avec des matériaux de plus en plus fins : fumier, taille de vivaces, feuilles mortes, déchets de cuisine ou tontes fraîches, paille et enfin compost.
Prenez soin d’arroser chaque couche abondamment : la lasagne requiert énormément d’humidité au début. Celle-ci se restituera aux plantes petit à petit et permettra d’éviter des arrosages fastidieux par la suite. Le tout doit atteindre une bonne hauteur, au moins 30 cm, sachant qu’au fur et à mesure des mois de culture, la lasagne va sérieusement s’affaisser. Ne faites pas trop large pour faciliter l’entretien : 1,20 à 1,30 mètre environ.
L’idéal est de glaner vos matériaux pendant l’hiver et de les stocker là où vous comptez installer votre lasagne. En fonction de ce que vous avez sous la main, les matériaux peuvent comprendre du vieux foin, de la laine brute, de la litière pour les bêtes, de la terre, des herbes arrachées, des branchages verts grossièrement hachés, des résidus de la mare… Organisez votre chantier au printemps, en mars ou avril.
Culture sur compost
Au potager, les avantages de la lasagne sont nombreux. Elle permet d’abord de recycler de nombreux matériaux qui servent à la composer. De plus, on n’est pas dépendant de la qualité de sa terre, puisqu’on cultive directement sur la lasagne, qui est une sorte de compost “en évolution”, mais sans les odeurs. Quelle que soit la qualité de votre terrain (pauvre, caillouteux, ou toute autre nature propice à dissuader le jardinier), vous pourrez cultiver des légumes dont la croissance sera explosive grâce à ce substrat extrêmement riche.
La lasagne accueillera tous les légumes d’été gourmands en matière organique : tomates, courgettes, concombres, melons, aubergines, mais aussi choux, maïs, blettes, salades… Plantez les cultures les plus hautes (tomates, tournesol, maïs…) sur le sommet et les rampantes ou basses (salades, courges, basilic…) plutôt sur les flancs. Arrosez abondamment après les plantations et paillez généreusement.
Mini potager hyper productif
Grâce à sa productivité, la lasagne offre un gain de place appréciable au jardin. Autre avantage : les adventices ne sont pas légion dans la lasagne, ce qui permet d’éviter la corvée de désherbage. D’une année sur l’autre, vous pouvez recomposer la lasagne au même endroit, mais rien ne vous empêche d’en monter une nouvelle ailleurs, celle de l’année précédente pouvant être réutilisée comme compost.
Quelques inconvénients
Il existe néanmoins quelques inconvénients. Selon votre lieu de résidence, il sera plus ou moins aisé de trouver les matériaux pour monter votre lasagne, notamment le fumier, la paille ou le compost, même si le compost urbain à base de déchets verts fait très bien l’affaire. Autre problème possible, la combinaison “paillage et arrosage” risque d’attirer les limaces. Deux soucis mineurs, néanmoins, en regard des avantages de cette technique, si vous ne disposez pas d’une bonne terre.
Une lasagne en hiver
L’hiver approche à grands pas, c’est le moment idéal pour préparer une lasagne. Les avantages sont nombreux : vous recyclez les “déchets” du jardin, vous créez un support de plantation et de semis et, enfin, vous améliorez le sol qui se trouve sous votre lasagne pour les prochaines cultures. Ce “supercompost” vous permettra de fertiliser une nouvelle zone de votre potager. C’est une aussi bonne manière de régénérer le sol, souvent très sec, d’une serre et de jardiner à l’abri !
Commencez par enlever les haricots, les pieds de tomate, les salades montées à graines, les tontes fraîches ou encore les “mauvaises herbes” ; ce sont les fameux matériaux verts. Pour optimiser la ressource, attendez la chute des feuilles pour vous lancer. Profitez-en pour rassembler d’autres matériaux bruns, comme le broyat ou la paille. Choisissez le lieu de votre future lasagne et effectuez un bref passage de débroussailleuse. Ensuite, passez aux choses sérieuses en alternant les couches brunes et vertes, avec les matériaux les plus gros (vieux branchage, par exemple) en bas, et les plus fins (paille décomposée) en haut. La dernière couche comprendra un mélange d’herbes fraîches et de feuilles mortes.
Indispensable : terminez en paillant la lasagne. Vous pourrez y installer les salades d’hiver, les radis noirs ou les semis de fèves.
Chez moi, j’y ai planté des petits fruits (groseilliers, cassissiers, etc.) En effet, la lasagne est un support idéal pour un bon enracinement. La logique est la même pour une haie (cotonéaster, chèvrefeuille, etc.)
Un conseil rédigé par Alan Loquet, à retrouver dans le n°232 des 4 saisons.
Omar Mahdi