Comment lutter contre le liseron ?

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Quelle plaie, ce liseron qui donne l’impression de repousser sitôt arraché ! À défaut d’en venir à bout, vous pouvez lui compliquer la tâche. Mais prenez garde à ne pas tronçonner ses racines : chaque bout coupé donne une nouvelle pousse !
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Carte d’identité du liseron

Dans la grande famille des Convolvulacées, il y a les filles sages et belles : liseron de Mauritanie (Convolvulus mauritanicus), vivace à port étalé et aux délicates fleurs bleu pourpré, Belle de jour (C. tricolor), annuelle buissonnante aux floraisons étonnantes associant trois couleurs vives, ou la célèbre ipomée, appelée aussi liseron bleu, vigoureuse grimpante aux fleurs très appréciées (près de 500 variétés).

Mais il y a aussi la “mauvaise graine”, envahissante et funeste, malgré ses jolies fleurs blanches ou roses en trompette qui attirent les abeilles : le liseron des champs (Convolvulus arvensis) et celui des haies (Calystegia sepium). Dotées d’un système racinaire impressionnant, ces sauvageonnes rampantes et grimpantes s’enroulent sur tout ce qui pousse à leur proximité et colonisent l’espace. Elles étranglent les plantes chétives et concurrencent les autres pour l’eau, la lumière et les éléments nutritifs. De vraies pestes, parmi les plus redoutées des jardiniers !

Milieu de prédilection du Convolvulus arvensis et du Calystegia sepium

Le liseron des champs (fleurs blanches striées de rose ou entièrement roses, tiges mesurant jusqu’à 1 mètre) est fréquent partout en France dans les vallées alluviales, et notamment dans les jardins.

Dessin d'un liseron à fleurs blanches striées de rose

Il apprécie les sols argileux et lourds, mais sa présence indique un sol trop riche en azote, un excès de fertilisation. C’est également le cas pour le liseron des haies (fleurs blanches, feuilles plus grandes, tiges mesurant jusqu’à 6 mètres) qui préfère les bordures de haies, les vergers ou les maïs, qui lui fournissent des supports adaptés à sa grande taille.

Biologie du liseron

Protégées par une membrane très dure et imperméable, les graines de liseron sont disséminées par les oiseaux.

Le liseron des champs se propage ensuite par ses racines et ses rhizomes de couleur blanche, fins et ramifiés. Après une saison de croissance, les racines d’un seul plant peuvent couvrir une zone de 3 mètres de diamètre (jusqu’à 6 mètres pour des plants plus âgés) et produire 25 nouveaux plants. Ces racines comportent des bourgeons internes, plus actifs au printemps, qui donnent soit de nouvelles racines, soit de nouvelles pousses, soit restent dormants. Grâce à ces bourgeons et aux réserves de nourriture accumulées, chaque morceau de racine oublié en terre peut donner un nouveau plant.

Dessin d'un liseron à fleur blanche

Le liseron des haies, lui, produit d’abord une racine pivotante, puis plusieurs sortes de tiges, des volubiles florifères qui peuvent monter à près de 3 mètres, des rampantes assez courtes qui produisent des rhizomes, et d’autres encore, très longues (jusqu’à 10 mètres) et ramifiées, mais sans fleurs, qui occupent un large espace. À l’automne, l’extrémité de ces dernières se recourbe et s’enfonce dans le sol, devenant un rhizome, avant de donner de nouvelles pousses au printemps.

Moyens de lutte bio

Avant l’arrivée des herbicides, la lutte contre le liseron nécessitait par exemple, en culture céréalière, deux années de jachère avec de très nombreux sarclages, tous les 10 à 15 jours de mai à septembre, sans forcément réussir à l’éliminer.

Du côté de la recherche en bio, quelques expérimentations semblent prometteuses :

  • la lutte biologique, avec un acarien qui s’attaque aux feuilles de liseron, ou avec des souches de rouille spécifiques ;
  • l’utilisation d’un désherbeur thermique tracté, précédé d’une lame qui soulève partiellement les racines avant de les brûler. Mais les applications pour les jardiniers ne sont pas pour demain.

 

 

À défaut de pouvoir éliminer totalement le liseron, il faut accepter de vivre avec et lui rendre la vie difficile. Quelques pistes :

  • essayez de ne pas le multiplier en évitant d’utiliser une motobineuse ou une fraise sur les planches où il pousse car chaque tronçon de racine va donner de nouveaux plants ;
  • demandez-vous si sa présence n’est pas liée à un excès de fertilisation. Réduisez vos apports et faites-les seulement sur la ligne de culture, tout comme les arrosages ;
  • vous pouvez également essayer le semis d’un engrais vert nettoyant à l’automne, par exemple le mélange seigle-vesce, à faucher au printemps, ou bien du sarrasin semé en juillet-août et fauché en novembre ;
  • sur un bout de terrain envahi de longue date, il vous reste encore la possibilité de recouvrir le sol d’une bâche plastique opaque ou d’une vieille moquette, durant une, voire deux saisons complètes, en enterrant les bords. Le liseron finira par épuiser ses réserves en cherchant en vain la lumière.

En cas de présence plus disséminée, vous pouvez prendre soin d’extirper soigneusement les racines en travaillant le sol à la fourche à bêcher ou, mieux, à la grelinette. Un travail ingrat mais efficace, si l’on prend soin de ne pas fractionner les racines ni de les mettre sur le compost !

Antoine Bosse-Platière